Pour mieux adresser un marché qui a du mal à faire sa mue, l'ANSSI lance un Observatoire des métiers de la cybersécurité. L'agence veut ainsi renforcer la mise en valeur du marché de l'emploi cyber et porter davantage les enjeux des professionnels et des recruteurs.
C'est désormais bien connu, le marché de la cybersécurité fait face à un manque de moyens humains certain. Alors, pour aider à structurer le marché de l'emploi de la sécurité informatique, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) a annoncé, ce lundi 25 octobre, la création d'un Observatoire des métiers de la cybersécurité. Il regroupera l'ensemble des enquêtes, rapports et infographies pertinents sur le secteur et aidera ainsi les recruteurs, formateurs, entreprises, étudiants ou salariés en reconversion à dépasser les clichés autour des métiers de la cybersécurité.
Les femmes dans la cybersécurité et une « centralisation » de la localisation : pas un cliché, mais une réalité
Pour aider à mieux connaître les enjeux des professionnels et des recruteurs, l'ANSSI a inauguré son observatoire par l'intermédiaire d'une enquête menée avec la complicité de l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) et d'une délégation du ministère du Travail. Il en ressort par exemple, et sans surprise, que les professionnels de la cybersécurité sont des hommes, et ce, en très grande majorité (89 %), contre seulement 11 % de femmes.
En ce qui concerne la localisation des professionnels de la cybersécurité, si de nombreuses entreprises vantent une certaine décentralisation de leur politique en la matière, 54 % des personnes du secteur sont situées en région Île-de-France, soit plus de la moitié. La Bretagne (7 %), l'Auvergne-Rhône-Alpes (7 %), l'Occitanie (6 %) et la Nouvelle-Aquitaine (5 %) suivent bien plus loin. On notera de façon plus détaillée que 73 % des cerveaux de la cybersécurité exercent dans le secteur privé. 22 % œuvrent, eux, dans le secteur public tandis que 3 % sont indépendants ou autoentrepreneurs, et 1 % travaille dans le milieu associatif.
Une qualification du professionnel peu commune
L'enquête nous en apprend plus également sur le ratio qualification/expérience des pros de la cyber. Et celui-ci est très intéressant, puisque l'on remarque une vraie dissonance entre les deux éléments. On a davantage affaire à une population cyber très qualifiée, mais peu expérimentée. Par exemple, si 72 % des professionnels ont un diplôme ou un niveau de qualification supérieur ou équivalent à un bac +5, 47 % des pros de la cyber n'ont pas de diplôme ni de certification spécialisée en… cybersécurité. Beaucoup misent alors sur l'autoformation (85 %) ou une veille personnelle (87 %), sur les réseaux sociaux par exemple.
Si l'on s'attarde sur l'expérience, on s'aperçoit justement que 45 % des professionnels du domaine de la cybersécurité ont moins de 5 ans d'expérience. 2 sur 10 ont même moins de 2 ans d'expérience. Ces données s'expliquent aussi par le fait que la cybersécurité demeure un secteur relativement récent, encore en développement, qui attire des profils divers, aussi bien de jeunes diplômés que des personnes en reconversion.
Le recrutement est aussi peu commun. Ces deux dernières années, 81 % des professionnels de la cyber indiquent avoir été approchés directement. 56 % affirment par ailleurs avoir été recrutés via le « marché caché », c'est-à-dire grâce aux réseaux professionnels, aux candidatures spontanées ou à une approche directe.
Aujourd'hui, l'ingénieur (30 %), le consultant (12 %) et l'architecte (10 %) sont les trois profils les plus recherchés par les employeurs dans le secteur.
Une rémunération qui varie beaucoup selon la taille de la structure
Après le profil et le recrutement, il nous reste à aborder la thématique de la rémunération, qui constitue une partie importante de l'enquête. Il en ressort une vraie variation entre les professionnels. 50 % d'entre eux perçoivent une rémunération annuelle comprise entre 35 000 et 65 000 euros brut par an. Les deux extrémités haute et basse à cette fourchette se partagent à parts égales : 12 % des professionnels perçoivent moins de 35 000 euros brut par an et 12 %, plus de 100 000 euros brut chaque année.
Ces écarts ont une explication. Sans revenir sur l'expérience ou le diplôme, la taille de l'entreprise ou de l'organisation joue grandement. Les structures rassemblant au moins 1 000 salariés ont tendance, et c'est logique, à rémunérer davantage de professionnels dans des sphères plus élevées que les entreprises ou structures de moins de 250 salariés.
Source : communiqué ANSSI