Si les sociétés spécialisées dans les solutions de sécurité font généralement leur promotion en pointant de nouvelles failles chez les éditeurs de logiciels, un employé de Google a cette fois décidé d'inverser les rôles.
Le magazine Forbes rapporte que lors de la conférence annuelle Black Hat qui s'est tenue à San Francisco la semaine dernière, Tavis Ormandy, ingénieur de la sécurité chez Google, a expliqué avoir décidé d'étudier la conception des logiciels de Sophos en décortiquant leur code source. L'expert affirme que ni Google, ni Sophos n'étaient au courant de ses travaux et ajoute avoir observé « un système de signatures très vulnérable ».
Plus précisément, la clé de chiffrement sécurisant cette liste de signatures est en fait placée directement au sein de cette dernière. Cela signifie donc qu'un hacker pouvait mettre la main dessus très facilement. « Les campagnes promotionnelles des firmes de sécurité sont très ambivalentes », affirme-t-il, « ils vous sortent des noms dignes des films d'Hollywood mais il n'y a en vérité que très peu de technologies ».
M. Ormandy pointe également le système de filtrage permettant de bloquer l'installation d'un virus précédemment identifié par Sophos. Ce dernier n'analyserait véritablement qu'une simple portion de code, laquelle pouvant être facilement modifiée par une personne malintentionnée pour déjouer ce filtre. Cette technique est d'ailleurs souvent utilisée par les hackers concoctant diverses variantes d'un même malware. L'expert est catégorique, les applications de sécurité de Sophos sont « tellement vulnérables que cela en est ridicule ».
Vanja Svajcer, chercheur chez Sophos, a tenu a répondre à cette présentation et explique qu'aucune de ces failles n'a été exploitée jusqu'à présent. Il ajoute qu'un hacker ne perdrait pas son temps à décortiquer le code des applications de l'éditeur car celui-ci ne contrôle de 10% du marché des antivirus. « Le code écrit par les développeurs de malwares doit être générique, ils n'ont pas le temps de mener une enquête sur (les logiciels) de 40 ou 50 vendeurs », déclare-t-il ainsi.
D'après le magazine Forbes, Tavis Ormandy critique les éditeurs d'antivirus qui souhaitent absolument garder la main mise sur leur code source et refute les arguments selon lesquels le partage de ce dernier ouvrirait trop de portes aux hackers malhonnêtes. M. Ormandy estime que la communauté des chercheurs pourrait alors aider à sécuriser davantage les applications de sécurité.
L'on se demanderait presque si les ingénieurs de Google pourraient un jour être tentés de secouer le marché de l'antivirus en proposant leur propre solution...