© Interpol
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Grâce à la collaboration d'une vingtaine de pays, Interpol a pu conduire une opération conduisant à l'arrestation de centaines de cybercriminels, qui menaient des activités illégales particulièrement juteuses.

Un vaste coup de filet de l'organisation Interpol a permis l'arrestation de plus de 1 000 cybercriminels et la saisie de quelque 27 millions de dollars, dans le cadre d'une répression massive de la criminalité informatique financière. L'opération, menée de juin à septembre 2021, aura mobilisé des unités de police spécialisées dans le cybercrime partout dans le monde, qui ont enquêté sur des affaires de fraude aux investissements, d'escroqueries amoureuses ou de blanchiment d'argent associé aux jeux d'argent en ligne.

1 660 affaires de cybercriminalité financière résolues grâce à Interpol

L'opération HAECHI-II a permis à la police, sous le contrôle d'Interpol, d'arrêter plus de 1 000 personnels et de clore 1 660 dossiers en lien avec la cybercriminalité. Les enquêteurs ont par ailleurs pu bloquer la bagatelle de 2 350 comptes bancaires liés aux fonds illicites récoltés par les pirates informatiques et saisir 27 millions de dollars.

Si ces chiffres donnent le tournis, c'est grâce à une collaboration planétaire qui s'est étendue de Hong Kong à Macao, en passant par la Corée du Sud, l'Inde, la Chine, Singapour, l'Espagne, les Maldives, la Roumanie, Brunei, la Thaïlande, la Colombie, le Vietnam ou encore le Japon. Durant quatre mois, des spécialistes de la traque de la cybercriminalité ont ciblé des pratiques bien particulières, classées dans deux grandes catégories : la fraude en ligne et le blanchiment d'argent. Cette opération est d'ailleurs la seconde du genre menée par des pays membres d'Interpol en trois ans.

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L'opération est un succès, certes, mais les résultats de cette dernière « montrent que la recrudescence de la criminalité financière en ligne générée par la pandémie de Covid-19 ne montre aucun signe de ralentissement », a déclaré le secrétaire général d'Interpol, Jürgen Stock. « Ce n'est que grâce à ce niveau de coopération et de coordination mondiales que les forces de l'ordre nationales peuvent lutter efficacement contre ce qui est une pandémie parallèle de cybercriminalité », a-t-il ajouté.

La coopération entre les autorités et forces de l'ordre mondiales : véritable clé pour remporter la course contre la montre face aux cybercriminels

HAECHI-II a permis aux enquêteurs d'identifier pas moins de dix nouveaux modes opérateurs cybercriminels. Interpol explique par exemple la fraude estimée à 8 millions de dollars dont a été victime une entreprise textile colombienne. Ici, les hackers ont mis au point une escroquerie sophistiquée de compromission par e-mail. Les cybercriminels s'étaient d'abord fait passer pour le dirigeant de l'entreprise, ordonnant en son nom de verser plus de 16 millions de dollars sur deux comptes bancaires chinois. La première partie (8 millions) fut ainsi virée avant que l'entreprise ne s'en aperçoive.

Les autorités colombiennes, mises au courant, ont aussitôt informé Interpol de la fraude, via son bureau de Bogota. Celui-ci a alors établi un canal de coopération policière internationale avec d'autres bureaux de l'organisation, situés à Pékin et à Hong Kong, pour geler les fonds transférés avant que l'argent ne termine dans les poches des cybercriminels. Les autorités ont ainsi pu intercepter, à temps, plus de 94 % de l'argent. Sans une coopération planétaire immédiate, l'entreprise colombienne aurait déposé le bilan. C'est donc une véritable course contre la montre qui fut menée par Interpol, qui a su mettre en relation en un temps record les services répressifs et les institutions bancaires des pays concernés.

Un autre cas a aussi retenu l'attention d'Interpol au moment de communiquer sur le sujet. En Slovénie, une entreprise locale a été trompée, en transférant plus de 800 000 dollars à des comptes mules en Chine, chargés ensuite de reverser l'argent aux cybercriminels. Pour agir, la police criminelle slovène a d'abord contacté Interpol avant d'alerter ses homologues étrangers, toujours avec l'aide d'Interpol. La branche chinoise de l'organisation basée à Pékin a permis aux autorités locales d'intercepter l'argent et de le verser directement à la Slovénie.

Une application criminelle inspirée de Squid Game épinglée grâce au travail d'Interpol

Grâce à cette collaboration pluri-étatique, Interpol a pu établir et publier des alertes policières internationales qui notamment fournissent des informations utiles sur le mode opératoire des hackers mais aussi les outils, dispositifs et méthodes de dissimulation utilisés par ces derniers. Ces documents sont ensuite partagés avec les 194 pays membres de l'organisation qui siège à Lyon, de façon à ce que la police puisse plus facilement résoudre des affaires cybercriminelles.

La branche colombienne d'Interpol a permis de faire remonter une notice liée à une application mobile qui embarque des charges malveillantes reprenant le nom et la marque de la série Squid Game, de Netflix. L'application, qui cachait un cheval de Troie, se faisait passer pour un produit affilié à la série. Une fois téléchargée, l'app pouvait pirater les informations de facturation de l'utilisateur et s'abonner, à son insu, à des services payants.

Déployée en Colombie mais aussi dans d'autres pays, la coopération mondiale sous la houlette d'Interpol a permis de mieux lutter contre sa diffusion. « Le partage d'informations sur les menaces émergentes est vital pour la capacité de la police à protéger les victimes de la criminalité financière en ligne. Cela permet également à la police de savoir qu'aucun pays n'est seul dans ce combat. L'opération HAECHI-II montre que nous pouvons riposter avec succès contre cette menace lorsque nous agissons ensemble », explique bien le directeur adjoint des réseaux criminels de l'organisation, José De Garcia.

Source : Interpol