© Forbidden Stories
© Forbidden Stories

Le spyware Pegasus a encore une fois sévi contre des militants pro-démocratie en Thaïlande. Le logiciel cyberespion développé par l'État d'Israël est un code d'exploitation (ou « exploit ») capable d'espionner les SMS, les appels, la localisation et les mots de passe stockés sur le smartphone.

Pegasus est un spyware « sans clic » qui ne nécessite pas d'interaction avec l'utilisateur pour infecter le téléphone.

Au moins 30 personnes infectées

Au moins 30 individus auraient étés infectés par le spyware entre octobre 2020 et novembre 2021. Tous sont impliqués d'une manière ou d'une autre dans des manifestations pour le développement de la démocratie en Thaïlande, et sont militants, journalistes, juristes ou bien employés d'ONG. Ils ont pour autre point commun d'avoir ouvertement critiqué la monarchie, et ils demandent un changement de régime dans une campagne relayée sur Internet sous les hashtags #WhyDoWeNeedAKing and #FreeYouth. Nombre d'entre eux ont été arrêtés et emprisonnés à la suite du mouvement.

Le ministère de l'Économie digitale et de la Société a dit « ne rien savoir » quant à une prétendue utilisation gouvernementale du logiciel espion Pegasus à l'encontre des manifestants. Mais des notifications Apple ont bien alerté les militants, notamment en affichant des messages prévenant d'une « attaque d'État ».

Des attaques contre les militants pro-démocratie

Les attaques ont été reconnues, car elles utilisent depuis février 2021 l'exploit sans clic FORCEDENTRY (développé par le groupe israélien NSO), une vulnérabilité qui a depuis été corrigée par Apple dans iOS 14.8. L'exploit KISMET avait d'abord été utilisé en octobre 2020 sur les versions d'iOS qui n'avaient pas été mises à jour. Apple a par ailleurs porté plainte en novembre 2021 contre le groupe NSO pour avoir développé FORCEDENTRY.

Malgré les dires du ministère, qui nie l'implication de l'État dans cette affaire, les infections coïncident avec une vague de manifestations pro-démocratiques en Thaïlande, suivies par des arrestations massives et des inculpations pour crime de lèse-majesté. En outre, les smartphones infectés appartiennent en priorité aux leaders du mouvement.

Amnesty International continue d'alerter sur les dangers que représente la vente de spywares pour la démocratie et la liberté d'expression.