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L'application de suivi de contacts, qui collecterait plus de données que prévu, suscite la curiosité du gendarme de la donnée.

Disponible depuis environ trois semaines, StopCovid vit des débuts difficiles, car à son impopularité auprès de Français qui doutent de l'utilité de l'application de contact tracing visant à lutter et à se prémunir du coronavirus, on doit ajouter le début d'une polémique, qui soutiendrait que les données remontées au serveur central seraient plus importantes que ce qui était prévu. C'est ce qui intéresse tout particulièrement la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL).

StopCovid relèverait tous les contacts croisés les 14 derniers jours

Avec un nombre de téléchargements qui n'avoisinait il y a quelques jours que les deux millions, et un nombre de notifications famélique, StopCovid ne reçoit pas le succès escompté. Et il n'y a pas que sur sa diffusion que l'application semble décevoir.

Comme l'a révélé un chercheur en cybersécurité il y a une dizaine de jours, l'outil ne se limiterait pas à faire circuler vers le serveur central (symbole de l'architecture centralisée qui isole la France de ses voisins européens) des données issues des contacts détectés pendant 15 minutes à moins d'un mètre, ce qui était pourtant, rappelez-vous, la promesse initiale de l'application.

En réalité, StopCovid enverrait à l'autorité de santé tous les contacts croisés les 14 derniers jours via votre smartphone connecté en Bluetooth, une durée considérée comme étant le délai maximal d'incubation du virus. La CNIL, qui avait déjà émis certaines réserves quant à l'application avant de la valider sur le principe, va renforcer la surveillance de cette dernière.

Un contrôle de la CNIL attendu dans les prochains jours

La Commission nationale de l'informatique et des libertés, présidée par Marie-Laure Denis, a annoncé le 22 juin qu'elle allait contrôler « dans les prochains jours » StopCovid et plus particulièrement le fonctionnement du serveur central de l'application française. « Le sujet est identifié et fait partie du périmètre des contrôles opérés par la CNIL », a indiqué à nos confrères de l'AFP le secrétaire général adjoint de l'autorité, Gwendal Le Grand.

Lors de son contrôle, la CNIL vérifiera quelles données sont envoyées via l'application. Elle pourra ainsi évaluer l'outil par rapport au décret initial et au RGPD.

Le gendarme des données avait procédé à ses premiers contrôles le 9 juin en procédant à des vérifications en ligne et en envoyant un questionnaire. L'autorité, en cas de manquement(s), n'exclut pas d'utiliser l'arsenal de sanctions à sa disposition, comme une mise en demeure par exemple. Le gouvernement, qui doit faire un point d'étape sur l'application ce mardi en fin de matinée, reviendra peut-être sur ce sujet.