Cédric O, secrétaire d'État au Numérique

Les tests finaux de l'application mobile de contact tracing pourraient démarrer en même temps que le déconfinement.

Au moment de présenter le plan de déconfinement de la France à l'Assemblée nationale le mardi 28 avril, Édouard Philippe était très attendu sur le devenir de l'application de suivi numérique des contacts StopCovid, qui devait au départ être débattue entre les députés. Mais il n'en fut rien. « Pour l'heure, compte tenu des incertitudes sur l'application StopCovid, le débat est un peu prématuré », avait déclaré le Premier ministre, promettant un débat et un vote de l'hémicycle, « lorsque l'application fonctionnera et avant sa mise en œuvre ». Dimanche 3 mai, le secrétaire d'État chargé du Numérique, Cédric O, en a dit un peu plus sur l'application, donnant un élément important sur son calendrier.

Des tests poussés dans la semaine du 11 mai, et un débat à l'Assemblée nationale dans la foulée

StopCovid « devrait pouvoir entrer en test en conditions réelles la semaine du 11 mai », a écrit Cédric O sur la plateforme Medium ce dimanche. Une nouvelle importante, car c'est la première fois qu'une date, ici, est avancée. Attention toutefois, un démarrage des tests en conditions réelles ne signifie pas un lancement à destination du grand public. Pour cela, il faudra encore attendre. Mais les bases seront posées, et le débat pourra naturellement avancer. «C'est dans la foulée que StopCovid devrait pouvoir être présentée au Parlement », précise le secrétaire d'État.

Cédric O rappelle dans sa note que StopCovid ne constituera pas l'unique moyen de lutter contre la propagation du Covid-19. L'application mobile ne représente qu'une brique parmi d'autres (masques, gestes barrières, tests, etc.) pour bâtir l'édifice censé éviter un regain du coronavirus.

Le successeur de Mounir Mahjoubi au poste de secrétaire d'État chargé du Numérique note que le fameux chiffre de 60 % population minimum de la population équipée de l'application est plutôt fantaisiste. « De telles applications trouvent leur utilité dès les premiers pourcents de diffusion, notamment au sein des villes ».

StopCovid ne sera pas une application de tracking

L'application mobile StopCovid, basée sur l'utilisation de la technologie Bluetooth, fonctionnera sur la base du volontariat, dont les données seront qui plus est effacées au bout de quelques jours. Elle se destine à casser la chaîne de transmission du Covid-19, grâce à l'envoi de pseudonymes échangés au gré des personnes que vous aurez croisé à une certaine distance et sur une certaine durée, dans la rue, dans votre immeuble, dans votre supermarché, ou en allant acheter vos croissants et votre baguette.

« Si vous êtes testé positif, vous pouvez vous déclarer dans l’application ; dans ce cas, les gens que vous avez croisés dans les jours précédents et qui possèdent aussi StopCovid sont notifiés » explique Cédric O. « Symétriquement, si l’un de vos contacts se déclare, c’est vous qui recevez une notification ; vous êtes le/la seul(e) à avoir cette information et c’est vous qui décidez de contacter les brigades sanitaires ou non ».

StopCovid étant une application Bluetooth, sans géolocalisation et basée sur l'anonymat, elle ne sera pas, par définition, une application de tracking. Ni de délation. « Si vous êtes notifié, il vous est impossible de savoir qui est à l'origine de la notification », ajoute le membre du gouvernement, qui ne nie tout de même pas certaines failles précédemment identifiées, notamment par des chercheurs de l'INRIA (l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique), qui contribue à développer le protocole Robert, sous lequel tournera StopCovid. Mais « des garde-fous seront notamment mis en place pour empêcher la notification d’une personne dont les interactions sociales seraient trop peu nombreuses afin que celle-ci ne puisse pas aisément déduire d’où vient l’information ».

Protocole Robert (© INRIA)
Protocole Robert (© INRIA)

S'agissant de Robert, le protocole utilise un serveur central qui stockera les crypto-identifiants des personnes ayant été en contact avec une personne testée positive. Si ce protocole, centralisé, n'est pas totalement infaillible, il est moins exposé en termes de données médicales et complique l'identification dans la vie réelle des personnes contaminées par des hackers malveillant. Alors que les versions suisse, allemande ou estonienne, décentralisées, font que tous les crypto-identifiants des personnes testées positives circulent sur l'ensemble des téléphones qui hébergent l'application.

L'application n'est pas une « boite noire »

Une fois qu'il sera jugé comme étant suffisamment mature, le code du projet StopCovid sera diffusé en open-source, ce qui permettra à chacun de vérifier des informations telles l'effacement des données et les modalités de fonctionnement de l'application. « La même transparence doit s’appliquer à l’ensemble de l’architecture du système, jusqu’au serveur back-end », note Cédric O.

La CNIL, l'ANSSI, des parlementaires et spécialistes du numérique et du droit, tous composeront le comité de suivi et de transparence qui sera mis en place pour « mener toutes les investigations techniques nécessaires » de façon à préserver la transparence la plus totale autour de StopCovid.

Pour l'heure, place aux tests, puis au débat parlementaire. La CNIL se prononcera, ensuite, de façon définitive sur le devenir de StopCovid.