Pour lutter contre la propagation du coronavirus, de plus en plus d’États étudient des solutions permettant de suivre leurs citoyens. Des technologies qui pourraient sensiblement menacer les droits à la vie privée ou à la liberté d’expression d’après 110 organisations internationales, qui exhortent les gouvernements à respecter les droits de l’homme.
À l’instar d’autres nations, la France pourrait proposer une application mobile capable de déterminer si vous avez été en contact avec un individu porteur du coronavirus. Une perspective qui ne semble pas effrayer les utilisateurs de l’Hexagone. Mais cette initiative mondiale n’est pas sans susciter les préoccupations.
Menaces sur les libertés individuelles
En effet, 110 organisations internationales de défense des droits de l’homme ont conjointement tiré la sonnette d’alarme. Dans une
déclaration commune, elles affirment que ces dispositifs de surveillance accrue « menacent la vie privée, la liberté d'expression et la liberté d'association, d'une manière qui pourrait violer les droits et dégrader la confiance dans les autorités publiques – affectant ainsi l'efficacité de toute réponse de santé publique ». Elles dénoncent également le « risque de discrimination », en particulier envers « des communautés déjà marginalisées », que font peser ces mesures.
Parmi les signataires de cette tribune, on retrouve notamment Amnesty International, les groupes European Digital Rights, Digital Rights Watch et Human Rights Watch, ou encore la World Wide Web Foundation.
Garde-fous
Les ONG insistent : « Les États ne peuvent pas simplement ignorer des droits tels que la vie privée et la liberté d'expression au nom de la lutte contre une crise de santé publique ». Pour les préserver, les associations souhaitent imposer des conditions à respecter dans le cadre d’une surveillance numérique, parmi lesquelles :
- S’assurer que toute mesure mise en place soit légale
- Intégrer des garanties contre les abus
- Limiter dans le temps tout pouvoir élargi de surveillance et de contrôle par les gouvernements
- N’utiliser ces dispositifs qu’à des fins de lutte contre la pandémie
- Prendre en compte les potentiels risques de discrimination contre les minorités et les populations marginalisées
- Impliquer, de façon libre et active, les parties prenantes concernées, telles que les experts de la santé publique
D’après les signataires, il s’agit là de la seule façon de lutter contre la pandémie sans menacer les libertés individuelles. Et sans freiner l’efficacité des mesures pour endiguer la propagation du virus. « Au contraire, la protection des droits de l'homme favorise également la santé publique », expliquent les auteurs du communiqué.
Source : ZDNet