Photoweb : reportage au coeur d'un labo numérique

Anne Baudry et Julien Giraud
Publié le 04 décembre 2008 à 13h00

Photoweb nous ouvre ses portes

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Il était une fois, en 2000, une entreprise naissante lancée par deux amis, dont le PDG Étienne Descure, alors fraichement diplômé de l'école supérieure de commerce de Grenoble. La précision n'est pas anodine, puisque Photoweb tire son origine d'un projet de fin d'études.

A cette époque - pourtant pas si lointaine - où le taux d'équipement en appareils photo numériques et en haut débit était faible, l'idée de lancer un laboratoire en ligne 100% numérique était audacieuse. Entre l'entreprise d'alors qui était basée dans le salon d'un appartement privé et celle d'aujourd'hui, répartie sur deux sites et qui emploie 45 personnes (et jusqu'à 70 en période de fêtes), il y a eu de nombreuses évolutions. La première machine - une Agfa DPU très problématique qui ne délivrait que 170 photos par heure, insuffisant pour assurer la rentabilité - a, au fil des années, laissé place à un parc de 15 tireuses FujiFilm.


L'entreprise a également diversifié son offre et dispose aujourd'hui d'un second atelier exclusivement dédié à la création de nouveaux produits (calendriers, cartes, livres photo, pêle-mêle, photo mosaïque...), ces derniers étant en bonne voie de représenter 50% du chiffre d'affaires de l'entreprise pour cette année 2008. La satisfaction client et le bouche à oreille ont permis au petit labo d'il y a 8 ans de devenir grand. Quelle est l'organisation qui lui permet aujourd'hui de répondre aux commandes des internautes ? Quel est le trajet qu'effectue une photo, entre le moment où on l'uploade sur Photoweb et celui où l'on reçoit son tirage par la Poste ? C'est ce que nos équipes ont voulu savoir, et c'est ce qu'elles vous racontent dans ce compte-rendu de visite. Direction Grenoble.

De votre ordinateur jusqu'aux serveurs de Photoweb

Lorsque les photos sont uploadées, elles arrivent chez un hébergeur situé pour sa part en région parisienne. Alors que tous les services de Photoweb sont réunis à Grenoble, l'hébergement est externalisé pour des raisons de flux de bande passante et de fiabilité, les serveurs du prestataire devant gérer jusqu'à 160 megabits de données entrantes. Lorsque le rapatriement des commandes est décidé, celles-ci sont alors acheminées sur les serveurs internes puis dispatchées via un logiciel développé en interne vers les tireuses. Pour permettre une utilisation industrielle du parc de machines, les développeurs de Photoweb ont en effet du concevoir un logiciel chargé d'envoyer les commandes vers les tireuses. Au nombre de 15, celles-ci fonctionnent de façon continue afin d'optimiser leur utilisation, sachant qu'elles tournent jusqu'à 15 heures par jour. L'application permet de voir la charge de chacune en temps réel, tout en délivrant de nombreuses informations sur la production (type de papier...).

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Les commandes sont rapatriées progressivement sur les serveurs de Photoweb.

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Elles sont ensuite dispatchées progressivement, via un logiciel maison, vers chacune des 15 tireuses


Il faut savoir qu'avant ces logiciels, la saisie des commandes se faisait manuellement, photo par photo, et même aux tout débuts de l'entreprise, au moyen de copier / coller de chaque photo ! A l'époque, la capacité maximale de production était comme nous l'avons dit de 170 photos à l'heure, alors qu'elle est aujourd'hui de 2 000 photos / heure pour une machine et de 250 000 pour l'ensemble du parc.

Une chambre noire pour un labo numérique

Avant de nous rapprocher des machines, faisons un détour par la chambre noire. Si ce terme peut surprendre dans le cas d'un labo exclusivement dédié au numérique, il faut savoir que malgré le passage de la pellicule aux pixels et aux bits, le tirage se fait toujours sur papier photosensible, comme en argentique. La différence tient au fait que l'insolation se fait ici au moyen de lasers. Le papier (du FujiFilm de différentes qualités) est livré en rouleaux, le découpage étant fait ensuite automatiquement par les tireuses dans l'atelier. C'est dans cette pièce que les magasins - que nous reverrons ensuite sur le dessus des machines - sont rechargés, car il est indispensable de les préserver de la lumière du jour.

Dans le cœur du laboratoire

Entrons à présent dans le vif du sujet, et rapprochons-nous des machines. Toutes sont signées FujiFilm, de même que le papier et la chimie. Le choix d'un interlocuteur unique permet d'avoir un meilleur contrôle de la qualité, puisqu'il ne peut ainsi être question pour les différents prestataires de se renvoyer la responsabilité.

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Le papier, chargé dans le magasin situé sur le dessus de la tireuse, effectue tout un trajet dans le ventre de la machine : insolation, bain chimique, révélateur...


La température monte de quelques degrés dans cette partie des labos du fait de la chaleur importante émise par les machines. Le local est donc climatisé pour éviter la surchauffe et garantir une hygrométrie constante. On retrouve notre magasin à papier fixé sur le dessus des machines. Le papier est ensuite conduit à l'intérieur de la machine où il est insolé par un laser. Les étapes suivantes le conduisent dans un bain chimique puis dans un révélateur et en fin de course vers les étapes de blanchiment et de fixation. Au sortir de ce processus, les tirages sont enfin séchés et coupés puis chargés dans des casiers.

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Au sortir de la machine, les photos sont chargées dans des casiers qui partiront ensuite sur les chaines d'emballage


Au fond du labo, une tireuse se singularise : il s'agit d'une machine italienne dédiée aux agrandissements (supérieurs à 50 cm), les tireuses Fuji n'allant pas au-delà du format 30 cm. Cette machine pour les grands formats permet de réaliser les pêle-mêle et les mosaïques, le tout nouveau produit lancé par Photoweb qui recompose une image à partir de nombreuses autres, légèrement recolorisées pour les besoins de la composition.

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Le poster façon photo mosaïque - assemblage d'une multitude d'images en une seule - est l'un des nouveaux produits proposés par Photoweb

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La demande de grands formats (50 cm et plus) a conduit l'entreprise à s'équiper d'une tireuse dédiée


Mais revenons vers nos photos qui, une fois imprimées et regroupées dans un casier, sont conduites vers les chaînes d'emballage et d'expédition via une ouverture pratiquée dans la cloison voisine.

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Une fois imprimées et triées, les commandes s'acheminent vers les postes d'expédition


L'emballage et l'expédition

Au sortir de la machine, les photos sont collectées dans des casiers puis acheminées au moyen de tapis roulants dans l'atelier d'emballage. Les postes des opérateurs sont garnis d'emballages divers et variés. Ils contiennent également un laser qui lit le code barre associé à la commande, génère l'étiquette et permet l'envoi automatique d'un mail au client.

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Une fois emballées, les commandes repartent sur un tapis roulant qui les pèse et les mesure et les dirige automatiquement vers le conteneur adapté à leur morphologie, ceci afin de faciliter l'affranchissement.

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Le contrôle qualité

Comment s'assurer de la qualité des tirages ? Pour prévenir des discontinuités dans le traitement des clichés, Photoweb a mis en place une panoplie de dispositifs. Le plus récurrent est celui qui est pratiqué au moyen d'une mire, imprimée par chacune des tireuses toutes les deux heures. Ces mires, que l'on retrouve épinglées près du poste informatique de pilotage, font ensuite l'objet d'un contrôle visuel. Les réglages des machines sont ensuite évalués au moyen d'un densitomètre qui analyse des chartes de couleur et apporte les ajustements nécessaires en cas de léger décalage dans les réglages. Cette vérification se fait tous les deux ou trois magasins papier (soit environ toutes les 4 500 photos). A cela s'ajoute, de façon hebdomadaire, un test chimique des bains papier. De façon mensuelle cette fois-ci, l'ensemble des équipes est ensuite appelé à s'auto-évaluer sur différents critères. Les collaborateurs sont également directement intéressés sur la qualité des produits, au moyen d'une prime mensuelle qui, du fait d'un très faible taux de retour (toujours en-deçà de 0,8 %), a toujours été versée. La démarche qualité est enfin complétée par des sondages mensuels adressés aux clients et par une veille sur les forums.

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La croissance de Photoweb a été rendue possible par le bouche à oreille et par une grande attention portée à la satisfaction client


Les retours client sont gérés dans un service spécifique, la réponse aux réclamations étant principalement assurée par mail de façon à lisser les flux de demandes. Pendant longtemps, Photoweb n'a pas eu les moyens de communiquer sur ses services. Pour fidéliser ses clients et en séduire de nouveaux, l'entreprise a opté pour une politique de satisfaction généreuse : retirage ou remboursement (frais de port compris) en cas de mécontentement, quelle qu'en soit la raison.

Quel rendu pour mes images ?

Il y a deux profils d'utilisateurs chez Photoweb :
  • Ceux qui retouchent finement leurs images sur un écran calibré et souhaitent des tirages fidèles au rendu de leurs photos sur écran. Ceux-là peuvent travailler au moyen de profils ICC (pour International Color Consortium : fichiers numériques qui décrivent au périphérique de quelle façon restituer les couleurs) et les communiquer à Photoweb lors de leur commande. Des tutoriels sont disponibles sur le site de Photoweb pour accompagner les clients dans cette étape un peu délicate.
  • Ceux qui uploadent des clichés « bruts de capteur » et souhaitent une amélioration automatique appliquée par lot. C'est pour ces derniers que l'outil « Color Perfect » a été mis au point. Comme dans le cas de l'application qui gère le transfert des commandes vers les tireuses, le challenge a été important, puisqu'il a fallu concevoir une solution automatique qui améliore les images au cas par cas (photo de personne, de paysage...) et qui n'augmente pas de façon disproportionnée la charge des serveurs. Dans l'interface Web, l'utilisateur dispose d'un outil de comparaison avant / après qui permet prendre la mesure des changements et de décider en connaissance de cause des améliorations à apporter.

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Ceux qui ne retouchent pas leurs photos manuellement peuvent profiter de l'outil automatique conçu par les équipes de Photoweb

Calendriers, livres photos...

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Si les tirages classiques ont jusqu'à présent représenté la part la plus importante du chiffre d'affaires de l'entreprise, cet état de fait est en bonne voie de changer cette année du fait du succès croissant rencontré par les produits dérivés (magnets, calendriers, cartes de vœux, livre photo, poster, mug...). Pour découvrir la façon dont sont imprimés et façonnés tous les nouveaux supports d'impression, il faut reprendre la voiture sur quelques kilomètres.

C'est un peu plus loin en effet, dans une autre zone industrielle des environs de Grenoble, que se trouve le deuxième atelier de Photoweb. Ici les tireuses FujiFilm font place à des presses Indigo HP, qui fonctionnent comme des imprimantes offset mais qui impriment en numérique. L'avantage du numérique est de permettre l'impression de documents à l'unité alors que l'impression offset nécessitait un travail sur des séries et une étape de flashage.







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Les calendriers et autres livres photo sont imprimés sur des presses numériques HP Indigo

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Chacune des trois presses est équipée d'une série de magasins contenant différents grammages de papier. La découpe du papier ne se fait plus ici directement par les machines, mais manuellement en sortie d'impression au moyen d'une machine équipée de nombreux cutters et qui raine également le papier pour faciliter le pliage.

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Les tirages sont découpés au moyen d'une machine spécifique


Juste à côté se trouve une autre machine dédiée pour sa part à la perforation des produits de type calendrier. L'atelier comprend également des postes pour le pelliculage des couvertures des livres photo, pour le contre-collage des pages, pour l'application d'un vernis (meilleure tenue dans le temps et rendu plus flatteur), etc.

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Les ateliers de fabrication comportent également des machines pour la réalisation des perforations, pour le pelliculage des couvertures...

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... pour le thermocollage, l'application d'un vernis, etc.

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Comment fabrique-t-on un livre unique

De tous les produits conçus dans cet atelier, celui qui nécessite le plus d'étapes est le livre photo prestige. Avec sa couverture rigide et personnalisée et ses pages vernissées, il nécessite des délais de fabrication de l'ordre de 4 à 5 jours. Pour la réalisation de la couverture, le processus est le suivant : un rouleau enduit l'impression de colle puis on dispose les feuilles de carton. Une machine chasse ensuite les bulles d'air : la couverture est réalisée. Il s'agit ensuite d'associer les feuilles thermocollées à la couverture. Une fois l'encollage réalisé, le livre est à nouveau placé dans une presse qui chasse les bulles d'air et finit d'unifier solidement les parties.

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Une fois contrecollée, la couverture est assemblée avec les feuilles...

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... l'ensemble est ensuite passé dans une machine chargée de supprimer les bulles et de fixer durablement l'ensemble


Il est à présent temps de conclure cette visite, avec cette seconde vidéo qui revient sur la fabrication des livres photo et vous conduit au travers du labo dédié aux produits dérivés.



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