L'Europe est en train de multiplier les applications de type StopCovid, qui utilisent le contact tracing pour déterminer si une personne a été en contact avec un porteur de la maladie COVID-19. Outre la France, l'Allemagne et l'Italie disposent aussi de leur propre application.
La Norvège, elle, a cependant fait machine arrière. Le pays a choisi de retirer - du moins temporairement - son application équivalente à StopCovid, appelée « Smittestopp », après que des inquiétudes ont été exprimées concernant la vie privée de ses utilisateurs.
Arrêt immédiat
La décision intervient quelques jours après que l’organisme national de la protection des données, le Datatilsyn, a rendu un rapport accablant sur
Smittestopp (qui signifie « stop à la contagion »). Pour lui, l'application constitue un danger disproportionné pour la vie privée de ses utilisateurs.
Si la FHI dit ne pas être en accord avec l'évaluation rendue par le régulateur, elle accepte néanmoins de retirer l'application. La directrice de la FHI, Camilla Stoltenberg, a déclaré : « Nous sommes en désaccord avec l'évaluation de l'Agence de protection des données, mais nous devons à présent supprimer toutes les données et suspendre notre travail suite à cette mise en garde ».
La dirigeante ne cache pas son inquiétude, ajoutant qu' « avec cela, une part importante de notre préparation à une propagation accrue des infections est affaiblie, car nous perdons du temps dans le développement et le test de l'application. Dans le même temps, nous avons une capacité réduite à lutter contre la propagation de l'infection en cours ».
La FHI a ainsi annoncé que le téléchargement des données serait stoppé à partir du 16 juin, et que les données déjà acquises seraient supprimées « dès que possible ».
Des modifications en vue d'une remise en ligne
Tout n'est pas pour autant terminé pour Smittestopp. Camilla Stoltenberg rappelle : « La pandémie n'est pas terminée. Nous n'avons aucune immunité dans la population, aucun vaccin et aucun traitement efficace. Sans l'application Smittestopp, nous serons moins bien équipés pour prévenir de nouvelles épidémies qui pourraient survenir localement ou à l'échelle nationale ».
De son côté, le Datatilsyn avait précédemment convenu qu'une application pourrait être un outil approprié pour lutter contre l'urgence du coronavirus. L'agence est intervenue entre autres parce que le taux de contagion dans le pays est relativement faible, ce qui l'a incitée à considérer l'application comme une réponse disproportionnée à la situation.
C'est la raison avancée par le directeur du Datatilsyn, Bjørn Erik Thon, qui déclare que « la FHI n'a pas démontré qu'il était strictement nécessaire d'utiliser les données de localisation pour le suivi des infections ». Il pointe également d'autres caractéristiques de l'application, comme l'utilisation des données à des fins de recherche ou la méthode d'anonymisation.
Une fois modifiée, le Datatilsyn ne s'oppose pas à un retour de l'application Smittestopp. L'agence avait accordé un délai plus long à la FHI (jusqu'au 23 juin) pour retirer l'application, cette dernière ayant décidé d'elle-même de la stopper immédiatement. Mais si les « changements nécessaires » demandés par le régulateur sont réalisés, celle-ci devrait ensuite être remise en ligne.
Source : TechCrunch