Camille Pinet pour Clubic
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Une électrique au prix d’une citadine thermique premier prix, c’est la promesse incarnée par la nouvelle Dacia Spring, proposée à partir de 12 403 € bonus inclus. Un exploit obtenu grâce à une approche minimaliste radicale typique de Dacia. Reste à savoir si elle n’est pas allée un peu trop loin.

Depuis 2005, Dacia a bouleversé les habitudes automobiles grâce à une stratégie industrielle hors du commun. Sortant de l’approche traditionnelle du « toujours plus » qui règne depuis les débuts de l’automobile, la marque filiale de Renault a toujours cherché à proposer le « juste produit » à un tarif très en dessous de la moyenne.

Camille Pinet pour Clubic
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Une petite citadine modeste

L’idée est de reprendre des technologies éprouvées, faciles à industrialiser dans le monde entier pour proposer des voitures un peu moins évoluées mais susceptibles de remplacer avantageusement des voitures d’occasion hors d’âge. En Europe et en France, cette approche nouvelle, qu’aucun autre constructeur n’est parvenu à reproduire, a été couronnée par un succès éclatant, la Sandero caracolant régulièrement en tête du palmarès des voitures les plus vendues aux particuliers.

L’évolution forcée de l’automobile vers l’électrique remet pourtant en cause les habitudes de Dacia, qui ne peut faire appel à des motorisations et des batteries déjà amorties. Pour contourner le problème, la marque a choisi de pousser encore plus loin l’idée de la « juste prestation » en concevant la Spring, une voiture explicitement conçue pour être une deuxième voiture.

Cette petite citadine ne cherche donc pas à être l’unique véhicule du foyer, destiné aux virées aux supermarchés comme aux départs en vacances. Elle se contente de la première mission en y ajoutant toutes celles du quotidien : emmener les enfants à l’école, se rendre au travail... Une vocation qui lui permet de limiter ses prestations, et de proposer une fiche technique plus minimaliste que jamais : un petit moteur de 44 ch, une petite batterie de 27,4 kWh, un gabarit de micro-citadine et une masse passant en dessous de la tonne, un exploit pour une voiture électrique.

Par ailleurs, Dacia pousse encore un peu plus loin le bouchon de la mondialisation. Après avoir fait venir ses productions de la Roumanie puis du Maroc, voici qu’elle produit la Spring issue de la Kwid indienne sur des chaînes chinoises, aux côtés de la K-ZE, son alter-ego réservé au marché local. La batterie est d’ailleurs fournie par le chinois Sunwoda, qui collabore déjà avec Nissan.

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Minimale, mais pas trop

Certains ont pu qualifier la Spring de « 2CV des temps modernes », mais son minimalisme ne va tout de même pas jusqu’à singer l’antique Citroën. Avec son esthétique de petit SUV un peu surélevé, elle est bien dans son époque et cache bien sa vocation de voiture à bas coût, même si l’étroitesse de ses petits pneus et son rapport hauteur largeur d’un autre temps trahissent sa vocation. Les poignées de portes en plastique brut de notre modèle d’essai de présérie seront épargnées aux clients particuliers. Sa définition Business se destine en effet aux flottes, notamment d’autopartage.

A l’intérieur, la finition n’est bien sûr pas luxueuse, mais elle n’est pas non plus aussi indigente que celle des premières Dacia. Les plastiques durs inspirent confiance et les assemblages sont corrects. Un examen de détail plus poussé inspire quelques doutes quant à la durabilité de certains éléments, comme la fixation de barre de capot ou les ergots maintenant les attaches de plage arrière. Les sièges avant ne brillent pas non plus par leur confort et leur maintien, même si Dacia annonce que la sellerie prévue pour les finitions Confort et Confort Plus sera plus accommodante.

Côté équipement, c’est presque Byzance pour une micro-citadine. Il s’agit en effet du dernier segment de marché où les modèles premier prix sont susceptibles de faire l’impasse sur la radio, les vitres électriques ou la climatisation. La Spring offre tout cela en série, et ce n’est pas un petit cadeau si l’on considère que cette dernière peut être facturée 900 € par les autres marques.

Elle y ajoute sur la finition Confort Plus le système multimédia Media Nav avec navigation, caméra de recul et surtout Android Auto et Apple CarPlay. Certes, la définition de la caméra laisse penser que de la buée s’est définitivement incrustée sur son objectif, mais l’intégration des smartphones est bien réalisée et permet de profiter de Waze et de la lecture de sa musique sans arrière-pensée.

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C’est cependant par l’espace à bord qu’elle propose que la Spring étonne le plus. Elle offre en effet quatre vraies places, et la banquette arrière n’est pas interdite aux adultes : l’espace à la tête y est suffisant, même pour les plus de 1,85 m. Quant au coffre, il rivalise en volume avec celui de modèles dépassant largement les 4 m, comme la Peugeot 208. Un véritable atout face à sa principale concurrente, la Renault Twingo Electric.

En revanche, le conducteur doit composer avec un volant non réglable, un siège conducteur non ajustable en hauteur : heureusement que la Spring n’est pas faite pour les trajets longs car leur dos pourrait rapidement en souffrir. Soulignons enfin que la Spring est dotée de 6 Airbags et du freinage automatique d’urgence. Elle devrait cependant être épinglée au test EuroNCAP d'assistance au maintien dans la voie.

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Au volant de la Dacia Spring

Il faut remonter aux années 80 pour retrouver une auto destinée au grand public de moins de 50 ch. La comparaison avec les citadines de cette époque s’arrête cependant là, car de par la nature même de sa motorisation électrique, la Spring offre un couple plus élevé et disponible immédiatement. Lorsqu’une petite citadine thermique s’époumone et fait hurler son moteur pour obtenir ses performances maximales, la Spring les reproduit sans douleur à l’infini.

Dès lors, le chiffre apparemment apocalyptique de 19,1 secondes au 0 à 100 km/h, pas si éloigné de celui d’une brave Renault 4, ne revêt pas tout à fait la même réalité au quotidien. La Spring s’insère sans aucune difficulté dans la circulation urbaine et routière et ne se laisse pas si facilement distancer au feu vert grâce à l’absence de transmission. Pendant que ses concurrentes thermiques passent la première, elle a déjà pris un peu d’avance… dans un relatif silence.

Relatif, car si le sifflement du moteur est léger, les remontées de suspensions et les flux d’air se font bien plus entendre qu’à bord d’une Renault ZOE ou même une Volkswagen e-Up!. Rien de vraiment rédhibitoire cependant.

Sur route sèche, la Spring offre un niveau appréciable d’adhérence malgré la direction, qui n’est pas un modèle de précision. Le confort est correct, bien que moins moelleux qu’à l’habitude chez Dacia. Le choix de priver l’auto de barre antiroulis a sans doute incité les ingénieurs à opter pour des réglages plus fermes qu’habituellement. Dont acte : leur absence ne nuit pas au comportement, la voiture prenant finalement peu de gîte en virage. La position basse de la batterie et surtout le poids plume de l’auto y sont pour beaucoup.

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Ce bilan, somme toute positif, doit cependant être nettement nuancé lorsque l’on roule sous la pluie. La Spring souffre de ses pneumatiques chinois Linglong, dont l’adhérence très limitée met facilement à l’épreuve l’ESP, y compris à l’accélération, ce qui est un comble pour une auto aussi peu puissante. Ils ne sont d’ailleurs sans doute pas pour rien dans la tenue de cap erratique de la Spring sur autoroute.

Très sensible à la prise au vent, c’est là qu’elle se révèle le plus mal à l’aise. Ceux qui y roulent quotidiennement sont priés de passer leur tour.

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Autonomie et recharge

Avec 27,4 kW de capacité utile, la Spring ne prétend pas battre des records d’autonomie. Néanmoins, le chiffre de 230 km WLTP qu’elle annonce apparaît plus que confortable pour une utilisation quotidienne. C’est nettement supérieur à ce que promet, par exemple, la Renault Twingo Electric (180 km).

Nous avons relevé pour notre part une consommation de 13 kWh/100 km en ville, 15 kWh/100 km sur route et 21 kWh/100 km sur autoroute. De quoi envisager une autonomie réelle d’environ 160 km. Un chiffre conforme à son ambition de voiture du quotidien, qui peut encore être un peu augmenté en utilisant le mode Eco qui réduit encore la puissance disponible à 31 ch. Soulignons par ailleurs que les versions définitives profiteront d’une régénération plus puissante intervenant au-delà de 80 km/h, ce qui devrait encore profiter à l’autonomie.

L’avantage d’une batterie de capacité réduite est d’ailleurs de limiter le temps de recharge : il faut compter 14 heures pour une recharge de 0 à 100 % sur une prise domestique, 8 h 30 sur une wallbox de 3,7 kW et 5 h sur une wallbox de 7,4 kW. Une recharge rapide à 30 kW est également possible moyennant de s’offrir en option facturée 600 € le câble adéquat. Dacia annonce dans ces conditions une recharge de 0 à 80 % en 1 h mais cela reste à vérifier, la batterie étant refroidie par air.

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Acheter la Dacia Spring

La bataille de l’électrique la moins chère fait rage depuis un peu plus d’un an. Après la Skoda Citigo et la Renault Twingo Electric, la Dacia Spring devrait avoir le dernier mot pour longtemps, car son tarif de 12 403 € est obtenu sans profiter du bonus maximal de 7 000 €. Rappelons en effet qu’il ne peut représenter plus de 27% du prix total. Autant dire que l’avantage de la Spring va s’amplifier à mesure que le bonus va diminuer, et ce dès juillet prochain lorsqu’il va repasser à 6 000 €.

Pour les particuliers, la Spring sera proposée en deux finition : Confort, la moins chère et Confort Plus, facturée 13 498 €. Cette dernière propose en série le MediaNav, la peinture métallisée, une présentation plus pimpante grâce à un « Pack Orange », la roue de secours de série. Ses options se limitent aux câbles de recharge type 2 à 250 € et celui pour prise DC Combo déjà cité (600 €). Soulignons enfin que la batterie est garantie 8 ans.

Enfin, pour ceux qui n’envisagent pas l’achat automobile, gageons que les possibilités de rouler en Spring seront nombreuses tant cette voiture est calibrée pour les services d’autopartage. A cet égard, le niveau de prestations qu’elle propose est infiniment supérieur à ce qu’offrait la redoutable Bolloré de feu le service Autolib parisien.

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Bilan

Avec la Spring, Dacia revient au concept de la voiture minimale, qui fait volontairement l’impasse sur la polyvalence absolue attendue d’une voiture moderne. Ce faisant, elle échappe aux travers habituels des électriques et endosse parfaitement le rôle de deuxième voiture, susceptible de remplacer une occasion hors d’âge pour un tarif accessible et surtout un coût d’utilisation bien moindre. Cependant, il faut avoir bien conscience de ses limites avant de se lancer dans l’aventure et, si Dacia ne songe pas à modifier sa monte pneumatique, envisager de changer rapidement les pneus Linglong.

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Fiche technique Dacia Spring

  • Dimensions L x l x h en mètres : 3,73 x 1,58 x 1,52
  • Empattement : 2,42
  • Volume de coffre arrière : 290 litres
  • Poids à vide : 970 kg
  • Nombre de places : 4
  • Moteur : Un moteur électrique synchrone à aimants permanents
  • Puissance : 44 ch
  • Couple : 125 Nm
  • Batterie : 27,4 kWh
  • Direction : Electrique à crémaillère
  • Pneumatiques : 165/70 R14
  • Suspension avant : Pseudo Mc Pherson, ressorts hélicoïdaux.
  • Suspension arrière : Essieu à bras tirés, ressorts hélicoïdaux
  • 0 à 100 km/h : 19,1 secondes
  • Vitesse maximale : 125 km/h
  • Autonomie WLTP : 230 km
  • Prises de recharge : Type 2/CSS Combo (option)/Prise classique
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Prix et équipement

Prix Dacia Spring Confort Plus : 18 490 €
Bonus écologique : 4 992 €

Equipement de série :

  • Peinture métallisée
  • Air conditionné manuel
  • Capteur de luminosité
  • Direction à assistance variable avec la vitesse.
  • Freinage automatique d’urgence
  • Limiteur de vitesse
  • Roue de secours
  • Système multimédia et GPS
  • Verrouillage centralisé

Equipement en option :

  • Cable de recharge DC : 600€