Le précédent SSD ADATA que nous testions il y a près de 3 ans était un de ces nombreux modèles équipés du SF2281 de SandForce, un contrôleur très répandu à l'époque. Le SP610 que nous testons aujourd'hui revêt un intérêt bien plus important, puisqu'il utilise une puce que peu d'autres SSD proposent : un contrôleur SMI.
Le prochain contrôleur SandForce, le SF3700, tarde à se montrer. Il devrait arriver à la fin de cette année seulement, après une sortie plusieurs fois repoussée. Et le risque de voir Seagate, désormais propriétaire de LSI, garder ces puces pour elle est à considérer.
En attendant, les fabricants cherchent des portes de sortie. ADATA a ainsi choisi de faire appel à Silicon Motion (SMI). Un constructeur habituellement présent sur le créneau professionnel du SSD, mais qui officie depuis peu sur le marché du grand public.
C'est donc le SM2246EN qui prend place au sein de ce SP610, contrôleur que ce SSD partage avec le Force LX de Corsair et l'Optima de PNY (le premier à accueillir cette puce). Voyons quelles sont ses performances.
SMI, l'alternative du moment
Sur le marché du SSD, quelques constructeurs sont capables de produire la mémoire vive et le contrôleur. C'est le cas d'Intel, de Toshiba, de Samsung. Mais la plupart doit faire appel à un tiers, s'agissant du contrôleur, à minima. Plusieurs options s'offrent alors à eux.
La solution SandForce est très séduisante, puisque l'entreprise fournit le contrôleur et le firmware associé. D'où son succès entre 2010 et 2012. Seulement voilà, SandForce, ou LSI, ou plutôt Seagate tarde à sortir son nouveau contrôleur et nul ne sait vraiment si les solutions proposées à la grande époque de SandForce referont un jour surface.
Marvell offre une alternative qui a intéressé Crucial, SanDisk ou Plextor. Le constructeur ne fournit que le contrôleur, laissant le soin aux marques citées de développer le firmware. Cette solution demande un certain investissement en recherche et développement, que tous les fabricants de SSD ne peuvent se permettre.
Le choix LAMD (pour Link A Media Devices), jadis celui de Corsair sur ses Neutron et Neutron GTX, est désormais plus contraignant : ces contrôleurs sont la propriété de Hynix depuis juin 2012, pourvoyeurs de puces mémoire. Le constructeur qui désire équiper son SSD d'une puce LAMD doit lui associer de la mémoire Hynix.
JMicron et Phison, à l'image de SandForce, ne proposeront de nouveaux contrôleurs que vers la fin de l'année. Finalement, il ne reste que peu de solutions aux sociétés comme ADATA : soit ne pas renouveler les gammes (comme Patriot, G.Skill, MX Tech...), soit trouver une alternative. C'est là qu'intervient SMI, qui a su convaincre ADATA, mais aussi Corsair, PNY et Transcend.
ADATA SP610 : les composants
Qu'est-ce donc que ce SM2246EN de Silicon Motion ? Un contrôleur basé sur une architecture RISC 32 bits (plus précisément ARC), doté d'un seul cœur et fonctionnant sur 4 canaux. Cette puce est évidemment compatible SATA 6 Gbps, et gère les commandes TRIM, NCQ et SMART. Elle utilise un cache de type DDR3 (256 Mo sur notre modèle de test). Notez enfin que si ce contrôleur prend techniquement en charge le chiffrement AES-256 et le TCG Opal, ces fonctionnalités ne seront disponibles qu'après une mise à jour de firmware à venir.Ce SM2246EN anime 8 puces NAND MLC de 64 Go gravées en 20 nm, chacune d'elles étant composée de 4 dies de 16 Go. Sachez que si ces modules de mémoire affichent une inscription « ADATA », ils proviennent bel et bien des usines de Micron.
Le SP610 existe en 4 capacités différentes (128, 256, 512 et 1 024 Go). Comme souvent, les performances diffèrent selon les déclinaisons, comme l'indique le tableau ci-dessous :
ADATA SP610 | ||||
128 Go | 256 Go | 512 Go | 1 024 Go | |
Lecture séquentielle (Mo/s) | 560 | 560 | 560 | 560 |
Écriture séquentielle (Mo/s) | 150 | 290 | 450 | 450 |
Lecture aléatoire 4 Ko (IOPS) | 66 000 | 75 000 | 73 000 | 73 000 |
Écriture aléatoire 4 Ko (IOPS) | 35 000 | 67 000 | 72 000 | 72 000 |
Par rapport aux meilleurs modèles du marché, le SP610 n'a pas à rougir de son débit théorique en lecture séquentielle, du moins sur le papier. En revanche, on sait déjà que notre modèle de test, d'une capacité de 256 Go, sera limité en écriture. Le constat est le même pour ce qui est du nombre d'opérations d'entrée/sortie par seconde, moins ambitieux que certains modèles haut de gamme.
Sachez que ADATA associe à son SP610 un Toolbox, à la façon du SSD Magician de Samsung. Moins sobre que le logiciel du géant coréen, le programme de ADATA n'en demeure pas moins efficace. Il propose plusieurs onglets qui vous donneront, au choix, l'état de « santé » du SSD, la possibilité de mettre à jour le firmware, ou encore de lancer une opération d'optimisation. Seule manque à l'appel une fonction permettant d'effectuer un secure erase. Ce logiciel peut être téléchargé sur le site de ADATA.
Notez enfin que la marque offre avec son SSD une licence Acronis True Image HD 2013, que vous pouvez également vous procurer sur le site du constructeur.
Les performances
IOmeter, nous avons travaillé sur des secteurs et des fichiers de 4 Ko, avec des accès aléatoires à 100% (ce sont ceux qui sollicitent le plus le contrôleur), et selon 2 scénarios différents :- une activité comprenant 25% de lecture, 75% d'écriture ;
- un protocole qui comprend 75% de lecture et seulement 25% d'écriture.
Selon IOMeter, le SP610 n'a pas à rougir sur ce type d'exercice. Certes, ses performances ne sont pas les meilleures du moment, mais ce SSD reste au niveau d'un Intel 730 Series.
Les écritures et lectures séquentielles d'ATTO mettent tout autant en avant les capacités du SP610, du moins sur les très petits fichiers, domaine dans lequel seul le 840 Pro de Samsung le domine. En lecture, il prend son envol un peu tard (dès 32 Ko). Mais c'est surtout en écriture que le bât blesse : sur notre version 256 Go, le compteur reste désespérément bloqué autour de 300 Mo/s.
CrystalDiskMark combine pour sa part une partie de tests séquentiels (sur un fichier de 1 Go) et une partie de tests aléatoires, avec différents scénarios (lecture et écriture d'un fichier de 512, puis 4 Ko, et de plusieurs fichiers de 4 Ko simultanément). Là encore, la limitation à 300 Mo/s apparaît clairement, alors que l'on distingue également une petite faiblesse sur la lecture aléatoire, moins performante que dans un mode séquentiel.
Nous avons également effectué quelques tests pratiques, comme la décompression d'un fichier WinRAR de 1,85 Go contenant des fichiers de tailles diverses, comprises entre quelques Ko et plusieurs Mo.
Le SP610 paie sans doute ici ses moindres performances en écriture, et se montre le plus lent de ce comparatif. L'écart avec le meilleur modèle de ce classement grimpe à 14%.
Des tests de transfert sont évidemment de la partie : 1 fichier de 3,9 Go pour voir comment se comportent nos SSD sur les données de taille importante, et 1 Go de petits fichiers compris entre 12 et 34 Ko pour observer leurs performances sur les données de petite taille. Ces tests sont effectués à l'aide d'un RAMDisk de 4 Go fonctionnant sur de la mémoire cadencée à 1 866 MHz.
Le SP610 place la barre très haut en lecture de gros fichiers, mais se montre à contrario le plus faible en écriture. Rappelons que cette mauvaise performance est propre à notre exemplaire de test, dont la capacité est de 256 Go.
Enfin, la copie proche, qui consiste à lire et écrire le même fichier, est une opération qui sollicite beaucoup le contrôleur : il convient de voir comment nos concurrents s'en sortent.
Conséquence des faiblesses du SP610 en écriture, la copie proche se montre impitoyable pour ce SSD qui occupe la dernière place de notre classement.
Notre avis
ADATA innove avec l'utilisation d'un contrôleur SMI qui ne se débrouille pas si mal : les débits en lecture sont excellents, et en accès aléatoires, les résultats sont corrects. En revanche, notre modèle 256 Go pèche du côté de l'écriture, qui se limite à 300 Mo/s au maximum.Certes, le SP610 n'est pas le seul SSD dans ce cas. Mais il est tout de même regrettable qu'un modèle de cette capacité ne profite pas pleinement du potentiel du contrôleur. La faute aux dies de 16 Go choisis par ADATA, afin de réduire les coûts de production.
Reste la question du prix : ce SSD sera commercialisé fin juillet aux environs de 60 euros pour le modèle 128 Go, 105 euros pour la version 256 Go, 210 euros si vous choisissez la capacité 512 Go, tandis que la déclinaison atteignant le téraoctet vous coûtera 420 euros.
Vous conseille-t-on ce SP610 ? Sa limitation en écriture ne le destine pas aux enthousiastes, sa garantie de 3 ans fera reculer ceux qui cherchent avant tout un produit sûr, et les plus économes lui préfèreront sans doute le Crucial MX100, mieux armé au niveau de la sécurité des données.