Pratiques, gratuits, intégrés… Les VPN de navigateurs ont tout pour plaire. Alors, vraiment utiles, ou cache-misère ?

VPN de navigateur : le grand bluff de la cybersécurité © Alexander56891 / Shutterstock
VPN de navigateur : le grand bluff de la cybersécurité © Alexander56891 / Shutterstock

Un VPN gratuit, directement intégré à votre navigateur et activable en un clic : difficile de ne pas être séduit. Mais derrière cette promesse séduisante se cache une réalité moins flatteuse. Ces outils pratiques ne tiennent pas toutes leurs promesses, et pour cause : loin d'offrir la sécurité qu'ils revendiquent, ils n'ont vraisemblablement de VPN que le nom.

Qu’est-ce qu’un VPN de navigateur ? (Spoiler : pas un VPN)

Contrairement à ce que leur nom laisse entendre, les VPN de navigateurs ne sont pas des réseaux privés virtuels à proprement parler. Il s’agit en réalité de proxys, c’est-à-dire des dispositifs chargés de relayer le trafic du navigateur par un serveur intermédiaire.

Oui, mais alors, n’est-ce pas aussi la définition du VPN ? À première vue, oui. Un VPN est bien un type de proxy, mais tous les proxys ne sont pas des VPN. Et cette nuance est essentielle. Là où un VPN autonome chiffre et encapsule tout le trafic de votre appareil dans un tunnel sécurisé, un proxy se limite au navigateur, avec bien moins de garanties.

Et pour cause : ces solutions n’utilisent ni protocole de tunneling ni chiffrement avancé. Elles reposent simplement sur les standards classiques du web (HTTPS, SSL/TLS), suffisants pour protéger le contenu du trafic, mais inefficaces pour préserver la confidentialité de vos activités en ligne. Pas de kill switch non plus, ni de garantie d’accéder au bon serveur, au bon endroit, au bon moment. Bref, on est loin des capacités d’un VPN autonome.

Sur Opera, le "VPN" intégré et gratuit n'offre aucune possibilité de choisir un emplacement de connexion précis © Clubic
Sur Opera, le "VPN" intégré et gratuit n'offre aucune possibilité de choisir un emplacement de connexion précis © Clubic

Plus facile à activer qu'à défendre

Si ces solutions séduisent, c’est surtout parce qu’elles misent, il faut le dire, sur une simplicité désarmante. Dans des navigateurs comme Opera, Brave ou Edge, le proxy est déjà intégré : un bouton suffit pour l’activer.

Gratuits et sans installation, les « VPN » de navigateur parlent surtout à celles et ceux qui ne peuvent pas, ou ne souhaitent pas, souscrire un abonnement et installer un client logiciel sur leur machine. Mais attention, gratuit ne veut pas dire sans coût. La collecte de vos données peut servir à financer ces services.

Pour les extensions trouvées sur les stores, c’est souvent encore plus flou. Certaines sont gratuites, d’autres payantes, et l’on ne sait toujours pas ce qu’il advient de nos données, ni même si les infrastructures sont correctement sécurisées.

Des fonctions réduites au navigateur et une utilité très limitée

En dehors des questions relatives à la transparence de leur fournisseur, les « VPN » de navigateur se heurtent à une autre réalité pratico-pratique : ils ne gèrent que le trafic généré et reçu par le navigateur en question. Si vous espériez vous en servir pour protéger vos autres applications ou sécuriser votre appareil sur les réseaux publics, c’est raté. La seule chose que vous obtiendrez, c’est un faux sentiment de sécurité.

On n’y trouve pas non plus de kill switch, puisque les navigateurs n’autorisent pas les extensions web à contrôler les interfaces de navigation. C’est d’ailleurs cette même contrainte qui explique pourquoi c’est SSL/TLS qui est utilisé pour acheminer le trafic proxy, et non un protocole VPN classique.

Sur Edge, peu d'option de personnalisation, et une "protection VPN" qui ne s'applique qu'au trafic géré par le navigateur © Clubic

De toute façon, même si un kill switch pouvait être implémenté, son utilité serait limitée dans ce contexte. Comme le trafic repose sur HTTPS, il resterait chiffré, même en cas de déconnexion du proxy. Le kill switch, ici, ne servirait qu’à empêcher la fuite de votre adresse IP et à masquer votre géolocalisation réelle. Une précaution qui, bien qu’importante, ne justifie pas à elle seule de considérer ces outils comme une solution de cybersécurité complète.

En réalité, ces types de dispositifs se prêtent bien à un usage particulier : contourner des restrictions géographiques pour accéder à certains contenus, plateformes, services inaccessibles autrement. Et c’est à peu près tout.

Pour clore le sujet, on rappellera aussi que les « VPN » de navigateur sont souvent sujet à des restrictions techniques – bande passante limitée, impossibilité de choisir précisément l’emplacement du serveur, performances fluctuantes – qui en font davantage des outils de dépannage que des solutions réellement abouties.

VPN de navigateur : le miroir aux alouettes

Vous l’aurez compris, le principal problème des VPN de navigateurs réside dans leur communication trompeuse. En utilisant le terme « VPN », ils laissent entendre qu’ils offrent une sécurité complète, alors qu’ils ne sont en réalité qu’un service de base. Un décalage qui peut susciter un faux sentiment de sécurité, et inciter les internautes à adopter des comportements risqués, pensant leurs données protégées alors qu’elles ne le sont pas.

On rappellera aussi que les proxys qui se cachent derrière ces « VPN » peuvent techniquement interagir avec les flux de données. Cela leur permet de bloquer l’accès à certains sites ou de filtrer des contenus – une fonctionnalité couramment utilisée sur les réseaux professionnels ou universitaires.

Évidemment, dans le cadre d’un « VPN » de navigateur, cette capacité à manipuler les données soulève des questions importantes concernant la fiabilité des connexions : le gestionnaire de proxy peut historiser vos activités en ligne ou associer vos connexions à votre identité via votre adresse IP. Pour peu que vous passiez sans le savoir par un proxy HTTP, et c’est la catastrophe assurée : toutes vos données circulent en clair. Autant envoyer des cartes postales de vos mots de passe.

En faisant du "VPN" intégré un argument marketing, les navigateurs et autres fournisseurs d'extensions proxy créent un faux sentiment de sécurité dangereux © Song_about_summer

Cybersécurité : un vrai VPN, et après ?

Face à ces limites, un VPN autonome, capable de fournir des garanties de confidentialité et de transparence, reste la meilleure option pour protéger l’ensemble de vos connexions. Contrairement aux VPN de navigateurs, il chiffre et isole toutes vos données de trafic dans un tunnel sécurisé, qu’elles transitent par le navigateur, vos applications ou vos outils de messagerie. Il propose aussi des options avancées, comme le kill switch, et offre un choix bien plus large et précis de serveurs dans le monde.

Malgré tout, il est important de garder à l’esprit qu’un vrai VPN ne vous rend pas anonyme et ne vous protège pas contre certains types de cybermenaces. Il renforce votre confidentialité en masquant votre adresse IP et en sécurisant vos connexions, mais il ne suffit pas à lui seul pour garantir une cybersécurité totale. Néanmoins, un bon VPN, combiné à d’autres outils, peut contribuer à former un arsenal solide. Parmi ces outils, un gestionnaire de mots de passe est essentiel pour générer et stocker des identifiants uniques et sécurisés, tandis qu’un antivirus fiable protège contre les menaces en ligne et hors ligne.

N'oubliez pas non plus qu’en cybersécurité, il n’existe pas de recette miracle. La clé, c’est d’adopter une approche globale qui allie outils spécialisés et bonnes pratiques. Évitez donc de cliquer sur des liens ou fichiers douteux, ne réutilisez jamais le même mot de passe pour plusieurs comptes, et privilégiez des messageries chiffrées pour vos communications sensibles. Des gestes simples qui, associés aux bonnes solutions logicielles, maximisent votre protection et réduisent considérablement les risques en ligne.

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