Gérard Mourou, qui s'est vu décerner le prix Nobel de Physique pour ses travaux sur les lasers avec la Canadienne Donna Strickland, explique que ses recherches pourraient éventuellement s'appliquer à un autre secteur : celui du nucléaire.
De la chirurgie de l'œil au nucléaire !
Réduire l'activité des déchets nucléaires d'un million d'années à 30 minutes ? Cette déclaration pourrait presque faire l'effet d'une blague tellement elle parait invraisemblable.Pourtant, dans une interview réalisée par Benoît Tonson pour theconversation.com, Gérard Mourou déclare avoir entamé une collaboration avec le CEA (le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) et il affirme que « d'ici 10 ou 15 ans nous pourrons vous montrer quelque chose ». Le Français vient tout juste de recevoir le prix Nobel de la Physique conjointement à sa collaboratrice Donna Strickland, pour leurs travaux sur les impulsions lasers et notamment pour l'invention de la technique d'amplification à dérive de fréquence (CPA pour chirped pulse amplification en anglais).
Il s'agit « d'une méthode de génération d'impulsions optiques ultra-courtes de haute intensité. Elle permet d'obtenir des puissances considérables, d'aller dans des domaines de la physique qu'on ne pouvait pas atteindre ». Cette invention est principalement utilisée dans le domaine médical, notamment pour une chirurgie de l'œil appelée « laser femtoseconde ». Cette méthode a permis, depuis les années 80, de soigner des milliers de personnes à travers le monde.
Un projet en collaboration avec le CEA
Mais comment Gérard Mourou en arrive-t-il à conclure que sa technologie de lasers pourrait être utile pour traiter les déchets nucléaires ?Il explique : « Prenez un noyau atomique : il est composé de protons et de neutrons. Si on met un neutron en plus ou si on en enlève un, ça change absolument tout. Ce n'est plus le même atome, ses propriétés vont alors totalement changer. La durée de vie de ces déchets est changée fondamentalement : on peut la réduire d'un million d'années à 30 minutes ! On est déjà capable d'irradier avec un laser à grand flux beaucoup de matière d'un seul coup, la technique est donc parfaitement applicable et théoriquement rien ne s'oppose à une utilisation à échelle industrielle. C'est le projet que je suis en train de lancer en collaboration avec le CEA ».
Rendez-vous est pris d'ici quelques années !