Campagne d'information à la télévision, à la radio, articles de presse... Depuis quelque temps, on parle beaucoup du passage de la TNT au tout HD. Nous les premiers, nous avons consacré au sujet de nombreux articles, étalés dans le temps, à mesure que nous découvrions les détails de l'opération et les retournements de situation.
Et à l'approche de l'échéance, l'information se concentre sur les mesures à prendre pour continuer à recevoir la télévision. Si bien qu'on ne sait pas, ou plus, pourquoi la TNT passe au tout HD, ni quelles en seront les conséquences.
À moins de cinquante jours de la « nuit bleue », nom donné à la nuit du 4 au 5 avril au cours de laquelle la bascule aura lieu, nous recompilons ainsi dans cet article les dernières informations en la matière.
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Pourquoi ? Pour faire place à la 4G
La généralisation de la haute définition sur la TNT est la conséquence d'une multitude de causes.Initialement, elle ne découlait que d'un mouvement de modernisation de la norme de compression vidéo. Il s'agissait de remplacer le MPEG-2, également utilisé pour les DVD depuis une vingtaine d'années, par le MPEG-4, et plus précisément par le H.264, utilisé aujourd'hui sur la majorité des supports, et notamment sur internet ou pour les Blu-ray. Le recours à ce codage plus efficace permettait de passer toutes les chaînes en haute définition. Il avait même été envisagé d'accueillir de nouvelles chaînes.
Depuis le mois de décembre 2014, l'évolution de la TNT répond avant tout à une restriction technique. La télévision numérique terrestre est diffusée sous la forme d'ondes radio, sur des fréquences qui lui sont réservées. Mais le spectre n'est pas illimité, il est même quasi complet dans les gammes appropriées. Développer des services sans fil implique de réorganiser des services existants. Et pour poursuivre le développement de la téléphonie mobile, l'État a justement choisi de transférer à la 4G une partie de la bande de fréquences allouée à la TNT. Pour maintenir le même nombre de chaînes, il faut alors améliorer le codage, et donc généraliser le MPEG-4.
L'évolution de la TNT sert aussi, indirectement, une troisième cause. Propriétaire du spectre, l'État a effectivement revendu la bande des 700 MHz aux opérateurs de téléphonie mobile. Ce qui est rare étant précieux, la transaction a rapporté la coquette somme de 2,8 milliards d'euros à l'État.
Précisons enfin que la généralisation de la haute définition découle de la généralisation du MPEG-4, et non l'inverse, combinée en plus à l'abandon de l'idée d'accueillir de nouvelles chaînes. La HD ne sera d'ailleurs pas tout à fait généralisée. Une chaîne nationale (LCI, jusqu'à nouvel ordre) et plusieurs chaînes locales resteront effectivement en définition standard (SD). Ce qui ne les dispensera pas pour autant de passer au MPEG-4.
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Quelle conséquence ? Une perte de qualité imperceptible ?
On l'a vu, au lendemain de la nuit bleue, certains téléviseurs et certains équipements ne seront plus compatibles avec la TNT. Nous avons consacré un dossier complet à cette problématique.Quelles seront les conséquences de la généralisation du MPEG-4 d'une manière générale, et notamment pour ceux dont l'équipement est déjà compatible ?
La principale conséquence est une diminution du débit d'encodage, qui peut faire craindre une diminution de la qualité d'image. C'est qu'il faut loger un nombre constant de chaînes dans une bande de fréquence plus étroite. Concrètement, les chaines sont rassemblées dans ce qu'on appelle des multiplex. Le nombre de multiplex passe ainsi de huit à six, alors que la bande passante d'un multiplex est maintenue. Ce ne sont donc plus trois mais cinq chaînes HD qui devront se répartir environ 25 Mb/s.
Mais il n'y aurait pas de perte de qualité visible ou audible, selon un observateur que nous avons contacté. Les diffuseurs ont pris plusieurs mesures pour optimiser le codage et compenser au moins en partie la baisse de 40 % du débit moyen. Ils ont principalement remplacé les encodeurs datant de 2012 par de nouveaux modèles plus efficaces. Tout en respectant la même norme H.264, ils délivrent une meilleure qualité à débit constant et parviennent donc, dans une certaine mesure, à maintenir la qualité en réduisant le débit. Dorénavant, les diffuseurs recycleront par ailleurs la bande passante libérée par les pistes de sous-titres absentes (lors de la diffusion d'un programme dont le français est la langue originale par exemple), ce qui permettra de réattribuer à la vidéo quelques précieuses centaines de kilobits par seconde.
Sur le papier, nous nous attendons à ce que la perte ne saute pas aux yeux, mais à ce qu'elle soit perceptible en s'attardant sur certaines situations problématiques (apparition d'aplats dans certains dégradés, lissage de textures très détaillées...).
Nous ne manquerons pas d'en juger par nous-même dès que possible et de relayer nos constatations.
L'Ultra HD privée de TNT pour des années ?
Dans une moindre mesure et à plus long terme, cette évolution de la TNT aura une seconde conséquence : elle risque de freiner de futures modernisations. Les ressources attribuées à ce jour à la télévision étant exploitées à 100 %, il sera plus difficile de basculer vers l'Ultra HD par exemple.Autrement dit, la télévision Ultra HD risque d'être réservée des années à la fibre, au câble et au satellite.