Plus de 200 scientifiques et chercheurs ont écrit au fondateur de Facebook pour que ce dernier fasse cesser la « désinformation » et les « déclarations incendiaires » non modérées sur le réseau social.
Samedi 6 juin, plusieurs dizaines de scientifiques ont pris leur plume pour signer une lettre commune dite « de préoccupation », envoyée à Mark Zuckerberg en réponse à un message posté par le président américain Donald Trump il y a quelques jours, modéré par Twitter mais non par Facebook. Dans leur missive, les scientifiques appellent le « Zuck » à appliquer les politiques contre les messages appelant ou faisant l'apologie de la violence.
Le patron de Facebook désapprouvé par ses salariés
Depuis la mort de George Floyd, à Minneaopolis, la contestation gagne du terrain dans le monde et ne faiblit pas aux États-Unis, où certaines manifestations ont dégénéré en émeutes, poussant Donald Trump a écrire sur les réseaux sociaux que « les pillages seront immédiatement accueillis par les balles », un message qui n'appelle pas vraiment au calme, bien au contraire.
Si Twitter a masqué, il y a plusieurs jours, un message faisant « l'apologie de la violence », il n'en fut rien du côté de Facebook, où on a un temps assumé clairement cette décision en haut lieu. Mark Zuckerberg semble tout de même avoir des regrets dans cette affaire. « Je veux reconnaître que la décision que j’ai prise la semaine dernière a énervé, déçu ou blessé nombre d’entre vous », a-t-il réagi, sous le feu des critiques.
En interne, nombreux sont les salariés à désapprouver les règlements ayant conduit à bloquer toute modération des messages qui appellent à la violence postés par le président des États-Unis. Vendredi, Mark Zuckerberg a déclaré être prêt à examiner les options potentielles pour mieux gérer les contenus violents ou faisant l'apologie de la violence. Mais la grogne n'a pas seulement gagné les rangs de Facebook.
La communauté scientifique proche des activités de philanthropie de Zuckerberg et de son épouse se mobilise
Plus de 210 scientifiques et chercheurs ont signé une lettre destinée à Mark Zuckerberg dans laquelle ils lui demandent de cesser la diffusion de messages conduisant à de la « désinformation » ou pouvant être considérés comme des « déclarations incendiaires », appelant ainsi à la violence et à la haine.
La particularité des signataires de la lettre est qu'ils ont été ou sont financés pour certains d'entre eux par le patron du réseau social au pouce levé lui-même. En effet, certains sont rattachés à la Chan Zuckerberg Initiative (CZI), l’organisation philanthropique fondée par Zuckerberg et son épouse Priscilla Chan en 2015, et d'autres au Chan Zuckerberg Biohub (CZ Biohub), un centre de recherche en sciences médicales financé à hauteur de 600 millions de dollars par le patron de Facebook, en collaboration avec plusieurs universités américaines, comme celles de Berkeley, San Francisco et Stanford.
« Bien qu'ils aient permis la diffusion d'informations à travers le monde, ils facilitent également la propagation de la désinformation », analysent les chercheurs au sujet des réseaux sociaux. Et ces derniers d'ajouter que « comme beaucoup, nous avons été déconcertés de voir que Facebook n'a pas suivi sa propre politique à l'égard du président Trump, qui a utilisé la plateforme Facebook pour diffuser à la fois de la désinformation et des déclarations incendiaires ».
Sérieusement préoccupés par la position adoptée par Facebook, qui ne condamne pas ici un message pouvant pousser à la division au sein de la société, les scientifiques exhortent ainsi Mark Zuckerberg « à envisager des politiques plus strictes sur la désinformation et les propos incendiaires qui nuisent aux personnes ou aux groupes de personnes, en particulier dans notre climat actuel aux prises avec l'injustice raciale ».
Source : The Guardian