Si l'on évoque souvent le piratage de la musique ou des films, celui des livres numériques est bien souvent laissé de côté : un fait qui faisait jusqu'à aujourd'hui du pirate de livre électronique un inconnu. Grâce au MOTif, l'observatoire du livre et de l'écrit en Ile-de-France et de l'ElabZ, son laboratoire sur le live numérique, ce type de cyber-pirate a aujourd'hui un « visage ».
Dans une étude publiée hier par l'ElabZ et réalisée auprès de 30 pirates ayant accepté de témoigner anonymement, on apprend ainsi que l'âge moyen d'un adepte du piratage de livres numériques est de 29 ans, qu'il est grand consommateur de livres papiers aussi bien en termes de budget que de nombre de livres lus à l'année et qu'il télécharge plus de livres numériques qu'il n'en lit.
Un profil qui, selon le rapport, « va contre l'idée reçue du pirate adolescent ». Quant aux motivations des adeptes du téléchargement illégal, elles trouvent leur source dans des contraintes liées aux DRM jugées abusives, des offres jugées financièrement inadaptées et des catalogues finalement peu complets et attrayants : seul un livre sur cinq vendu en librairie serait aujourd'hui proposé en version dématérialisée, selon l'AFP.
Du côté des personnes interrogées qui proposent des livres piratés en téléchargement (les uploader), la notion de gratuité du savoir est également très présente : « Le partage des connaissances et du savoir devrait être libre et gratuit au même titre que l'éducation publique ! » commente l'un des pirates du panel. Pirater un livre en le numérisant page par page prend un temps considérable, mais cette pratique alimente « l'offre illégale » qui s'avère finalement paradoxalement plus riche que l'offre légale.
Reste à savoir si cette étude, disponible sur le site de MOTif au format PDF, attirera l'attention des professionnels du secteur qui détiennent désormais quelques clés supplémentaires pour séduire des consommateurs boulimiques de lecture, mais globalement insatisfaits par l'offre actuelle.