SFBD Inhumain

Échoué sur une planète inconnue, un équipage d’explorateurs va découvrir un peuple composé d’humains, comme eux. En cherchant à comprendre comment des êtres biologiquement identiques ont pu se développer au fin fond de l’espace, nos héros vont s’enfoncer dans les entrailles de la planète, à la découverte d’un sombre mystère…

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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.

Inhumain (2020)

de Denis Bajram, Valérie Mangin et Thibaud de Rochebrune

Alors qu’un vaisseau spatial trace sa route en « simple » mission d’exploration, l’équipage se voit irrésistiblement attiré par une planète inconnue. Sans trop savoir pourquoi, les humains à bord décident de mettre le cap droit sur la planète, et finissent par se crasher dans un lagon. Vaisseau en miettes, leurs chances de retourner chez eux semblent bien minces.

Heureusement – et drôle de coïncidence –, la planète abrite une population humaine, tout comme l’équipage. Sauf que les locaux agissent d’une bien étrange façon… pourquoi se comportent-ils ainsi ? Et comment une planète aussi lointaine peut-elle abriter une population humaine ?

“Si on pouvait seulement faire redécoller ce vaisseau”

L’œuvre part du concept classique des naufragés sauf qu’ici, ce n’est pas sur une île que notre équipage est échoué, mais sur une planète au milieu de nulle part, avec un vaisseau spatial en miettes.

Les personnages principaux (un biologiste foncièrement pacifiste, une médecin toujours méfiante, un robot humanoïde super-intelligent) ne sont pour nous que les vecteurs de découverte et de contraste vis à vis du véritable sujet que cet « étrange » peuple autochtone.

Inhumain

“Le grand tout veut qu’on mange !”

D'ailleurs, comment notre fameux équipage a-t-il pu retrouver sur une planète inconnue des êtres semblant faire partie de la même espèce ? Cette question est prégnante au cœur de l’intrigue.

Lorsqu’on leur demande comment ils sont arrivés là, ces humains qui vivent nus et adoptent un vocabulaire très limité, répondent simplement que leurs pères étaient là, et leurs pères avant eux. Mais surtout, ils parlent constamment du « grand tout », une entité mystérieuse qui semble dicter chacun de leurs actes et leur donner un sens évident.

“Elle n’est plus utile”

De plus, et c’est là que cette planète d’adoption devient bien moins hospitalière, il apparaît que les humains ici mangent les leurs quand ils meurent ou quand ils sont gravement blessés. Pour l’équipage, c’est un choc et une raison pour trouver un moyen de quitter cet endroit.

Le peuple de cette planète semble agir sans vraiment réfléchir, porté par une force étrange qui les pousse à effectuer des actions qui n’ont pas de sens : manger des cadavres, entreposer le sel du lagon sans même s’en servir… pour finir, les autochtones entretiennent une drôle d’amitié avec d’immenses pieuvres qui pullulent dans le lagon.

“Tout va bien Ellis ! Ne fait pas ton robot.”

Au milieu de ce bazar il y a Ellis, le robot humanoïde – et seul non-humain – de l’équipage. Être de métal créé et paramétré par d’autres humains, Ellis est pourtant la seule qui a tenté de s’opposer à l'atterrissage catastrophe sur cette planète.

Alors que le sens d'Inhumain se dessine peu à peu au yeux du lecteur, non pas comme oeuvre dont le sens est la quête de la découverte ou d'un retour au bercail, mais bien une réflexion sur le libre arbitre ; Ellis en devient le seul point de référence.

“Ils disent qu’ils sont heureux comme ça”

Car, et sans en dévoiler trop, c’est bien de cela dont il est question finalement : peut-on être heureux lorsqu’on a aucun libre-arbitre ? Le fait de n’avoir aucune conscience des choses aide-t-il à encaisser les coups durs, et dans ce cas est-ce un mal nécessaire ?

Avec pour alibi cette histoire de naufrage spatial, Denis Bajram, Valérie Mangin et Thibaud de Rochebrune offrent une réflexion philosophique très bien amenée, portée par un final en demi-teinte.

Si le dessin classique du franco-belge n’est pas forcément votre tasse de thé, ne vous laissez pas rebuter par Inhumain : la proposition est suffisamment intéressante pour qu’on s’y plonge, tête la première dans un lagon d'étrangeté… Et on se plait à y repenser encore et encore, après la lecture.

Inhumain (2020) est édité chez Dupuis.