SFF Matrix

Cette semaine suite et fin de notre séjour dans la Matrice. La guerre entre les hommes et les machines fait rage dans ce troisième et dernier épisode de la trilogie aux allures de fin du monde.

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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.

Matrix Revolutions (2003)

de Lana et Lily Wachowski

ll y a quelques semaines déjà je vous invitais à redécouvrir Matrix Reloaded, film (injustement) boudé par la critique mais plus profond et complexe qu'il ne le laisse présager en première lecture.

Matrix Revolutions a, quant à lui, l'immense tache de clore la saga et de répondre à toutes les questions posées par les deux précédents films. Enfin… ça c'était avant d'apprendre la mise en chantier d'un quatrième opus prévu pour la fin de l'année 2021.

Si j'ai pu penser à l'époque que la "Révolution" du titre serait l'affrontement final entre humains et machines, il faut plutôt se pencher sur l'autre sens de ce mot, qui signifie le mouvement d'un corps céleste autour d'un autre jusqu'à son point de départ. En effet, il n'est plus question de détruire le système mais d'aller au bout de sa logique pour mieux le transformer.

"Je n'avais jamais entendu... un programme parler d'amour."

Le générique nous donne d'emblée une clé de compréhension. Le code vert s'affiche comme d'habitude à l'écran pour révéler le titre puis la caméra s'y plonge de plus en plus profondément jusqu'à l'écran noir.

Et là jaillit une explosion de couleur jaune qui tranche avec les teintes habituelles de la Matrice. Ce Big Bang est l'émergence d'une nouvelle vision de ce monde informatisé.

La caméra ensuite recule à toute vitesse et laisse place à une ville entièrement verte et uniforme. Mais cette nouvelle voie est là quelque part et elle se développe peu à peu.

© Warner Bros
© Warner Bros

"Je vois le ciel s'assombrir, je vois la mort et tu es le seul obstacle sur sa route."

Vous l'aurez compris c'est Néo, l'Élu du monde des hommes, qui est le porteur de cette nouvelle idéologie. Après avoir découvert que la Prophétie n'était rien de plus qu'un autre système de contrôle destiné à contenir la révolte des humains libérés, notre héros a décidé de s'y soustraire et se retrouve pris au piège à l'intérieur de la Matrice dans une station de métro appelée Mobil Ave (l'anagramme de Limbo, les limbes en français).

Il fait la rencontre d'un couple de programmes et de leur fille Sati, un autre programme né dans la Matrice de l'amour de ses deux parents. Sans but ni fonction la petite est une anomalie, comme l'est Néo, et n'a apparemment pas sa place dans le monde purement logique des machines.

Cette rencontre, qui je dois l'avouer m'a longtemps ennuyé, est en fait déterminante dans le parcours de l'Élu. Il comprend comme nous que la guerre n'aboutira qu'à la mort des deux espèces et que leur survie ne dépend que d'une alliance avec les machines. À lui de faire le premier pas.

"Ah nom de Dieu, je savais pas que ce vaisseau pouvait faire ça."

Pourtant l'affrontement tant redouté par les habitants de Zion (et aussi tant attendu par nous autres spectateurs) aura bien lieu et les Wachowski vont profiter de ce dernier chapitre pour un bouquet final d'une ampleur sans précédent.

Combats de méchas contre 250 000 pieuvres robotiques, courses poursuites entre vaisseaux dans les tunnels qui composent le sous-sol du monde réel, les deux réalisatrices recrachent toutes leurs influences et mixent le cyberpunk, le manga et l'animé dans un morceau de bravoure de près de 20 minutes sans aucune coupure.

La mise en scène des frangines, toujours aussi précise et virevoltante, transforme progressivement Zion, la dernière ville des Hommes, en un champ de bataille apocalyptique fait de métal, de feu et de sang.

© Warner Bros

"M. Anderson, heureux de vous revoir. Vous nous avez manqué."

Néo doit de son côté affronter l'agent Smith qui continue à se dupliquer et à proliférer tel un virus dans la Matrice mais aussi dans le monde réel après avoir réussi à s'immiscer dans l'esprit d'un humain. Le programme veut désormais conquérir les deux mondes et éradiquer tous ceux se trouvant sur son passage.

Incontrôlable, même pour les machines, Smith sera donc l'ennemi commun. L'idéaliste Néo va affronter le virus à l'idéologie fasciste à l'intérieur de la Matrice plongée sous une pluie battante dont les gouttes rappellent les lignes de code du monde virtuel.

Chaque coup de poing est une explosion de puissance qui vient pulvériser un monde à bout de souffle avant son reboot. Là encore les réalisatrices s'en donnent à cœur joie dans un combat de kung-fu sur terre et dans les airs qui reste encore aujourd'hui la plus crédible des adaptations de Dragon Ball vue sur un écran – oui, il n'y a pas que vous pour troller hein. Quant à la fin, que je prendrais bien sûr soin de ne pas dévoiler, elle est bien plus amère qu'attendue : s'il est possible de libérer les esprits, cela prendra du temps avant d'y parvenir.

"Pour qui est-ce que tu me prends ? Un humain ?"

Si Matrix premier du nom avait été une révolution cinématographique dès sa sortie, les deux suites creusent bien plus profondément ses thématiques et font selon moi de la trilogie un chef d'œuvre de la SF, à ranger aux côtés d'un 2001, l'Odyssée de l'Espace.

Vous reprendrez bien une petite pilule rouge ?

Matrix Revolutions est disponible en DVD, Blu-Ray et VOD chez Warner Bros.