SFF Jupiter Ascending

L'univers est menacé par une famille aristocrate extraterrestre et seule une jeune femme de ménage pourra sauver l'humanité. Improbable ? Totalement et pourtant c'est le pitch d'un des films les plus innovants de ces dernières années.

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Jupiter Ascending (2015)

de Lana et Lily Wachowski

Le space opera, en voilà un genre trop rare au cinéma. Depuis plusieurs années, seules les franchises Star Wars et Star Trek et dans une moindre mesure Les Gardiens de la Galaxie l'ont représenté dans les salles.

Jupiter Ascending (ou Jupiter, le destin de l'Univers dans son hasardeuse traduction française) est donc d'emblée un évènement puisqu'il propose un monde inédit et original et n'adapte aucun univers préexistant.

Encore plus important, il est signé des sœurs Wachowski, les deux cinéastes ayant réalisé rien de moins que la trilogie Matrix, et dont j'admire le talent et la créativité depuis mes plus jeunes années. Cette incursion dans le space opera est-elle à la hauteur de mon attente forcément démesurée ?

"Du point de vue de l'immigration je suis une Alien."

Commençons par le scénario. Le film ne s'embarrasse pas d'explications et nous présente Jupiter, une jeune fille née en plein milieu de l'océan et dont le travail est littéralement de récurer les cabinets.

Elle se retrouvera sauvée des griffes d'aliens par Caine, un hybride mi-humain mi-loup, qui la conduira dans l'espace et lui révélera sa destinée et son rôle dans toute son histoire.

On découvre aussi la fratrie Abrasax, deux frères et une sœur chacun à la tête d'une lucrative activité et qui cherchent par tous les moyens à développer leur business, quitte à sacrifier une ou deux planètes au passage.

© Warner Bros
© Warner Bros

" Je déteste ma vie…"

Si je prends autant de temps pour vous décrire le contexte du film, c'est parce que Jupiter Ascending impressionne par l'ampleur de son univers.

Le premier acte déborde littéralement d'informations et fait pressentir un monde bien plus vaste et complexe que celui qui s'affiche à l'écran. Les
sœurs Wachowski ont, en effet, à l'origine, écrit un script de 600 pages. En comparaison, le scénario typique d'un film de deux heures se situe à peu près autour des 120 pages.

Les cinéastes ont imaginé un univers foisonnant dont Jupiter Ascending n'est que la première pierre. Chaque planète se différencie de la précédente. Chaque arme, vaisseau, costume ou créature est du jamais-vu richement détaillé. Je me suis perdu dans cet univers avec plaisir et l'envie d'en voir encore plus.

"Elles volent vos bottes ?"

Pour imaginer leur space opera, les Wachowski ont fait ce qu'elles ont toujours su faire : agréger un maximum de références et d'influences puis les digérer dans un tout déstabilisant mais cohérent.

Les créatures sont des animaux terrestres augmentés, ce qui est cohérent avec le propos du film. Les « éclaireurs » qui viennent sur Terre ont le look des extraterrestres de Roswell, logique donc que nous connaissons les aliens sous cette forme.

Des statues antiques au steampunk jusqu'à la space fantasy saupoudrée avec malice de références queer, les deux femmes osent tout et présentent un mix culturel qui repousse à de rares occasions les limites du mauvais goût mais qui a aussi l'audace d'oser et de ne pas se complaire dans la nostalgie.

© Warner Bros

"La vie est un acte de consommation Jupiter."

De même, les réalisatrices ne se contentent pas d'un « simple space opéra » mais mêlent leur récit à un autre genre : le conte de fées. À ma grande surprise, Jupiter n'est pas qu'une simple élue mais aussi une Cendrillon des temps modernes qui rêve en regardant les étoiles et communie avec les abeilles. Oui, le film s'avère par moment très fleur bleue, vous voilà prévenus.

Les Wachowski, entre deux scènes d'action spatiales irréprochables de précision et de lisibilité, proposent une histoire d'amour sincère et naïve (et ce n'est pas un gros mot dans ma bouche) entre Jupiter et Caine. Les deux apprendront à s'apprivoiser tout en s'épanouissant individuellement.

J'ai aussi beaucoup apprécié ces quelques scènes de comédie totalement incongrues qui mettent en scène la chaotique famille russe de Jupiter. Rustres, grandes gueules, ils sont aussi plein d'amour les uns envers les autres et les voir échanger est une respiration bienvenue dans un récit qui ne s'arrête presque jamais.

"Arrête de me prendre pour ta mère !"

Enfin un film des Wachowski ne peut échapper au message politique et sociétal. Jupiter Ascending tire à boulets rouges contre le capitalisme et l'exploitation des masses.

L'univers du film n'est régi que par des contrats, des formulaires et des planètes-usine et les personnages se battent pour de simples parts de marché et l'augmentation de leurs profits. La démonstration est rentre-dedans mais finalement on ne peut plus d'actualité.

Concrètement, Jupiter Ascending pourrait être une relecture de Matrix, qui troque l'univers informatique verdâtre et les tenues en cuir par une ouverture au merveilleux et aux grands espaces. Encore une fois, j'en redemande !

Sans aucun doute, ce film est dans la veine de ce que George Lucas souhaitait accomplir avec ses différents épisodes Star Wars : surprendre, étonner, émerveiller.

S'il est certain que le film est loin d'être parfait, il foisonne d'idées uniques et riches. Si je suis certain d'en oublier dans cette chronique, je vous invite à vous risquer à Jupiter Ascending afin de pouvoir en débattre ci-dessous ; le film est, en général, source de discussions fort contrastées.

Jupiter Ascending est disponible en DVD et Blu-Ray chez Warner Bros et en VOD sur Netflix.

© Warner Bros