Et si les catastrophes naturelles étaient personnifiées par des géants aux intrigantes nuances roses et blanches ? C’est ainsi que se passent les choses dans le monde de Poussière, un très beau triptyque de BD signé Geoffroy Monde.
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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
Poussière (2018-2021)
de Geoffroy Monde
Poussière, c'est le nom de l'héroïne du jour. Depuis le grand incendie qui a ravagé la moitié de la ville et tué ses parents, elle s’occupe seule de son petit frère et de sa petite sœur, Pan et Ayame. Elle fait aussi partie des combattants qui affrontent, de plus en plus régulièrement, d'étranges géants roses et blancs.
Incendies, tornades, ouragans, s’abattent en effet sur la population, systématiquement suivis des géants, qui foncent dans le tas. Lors d’une ultime attaque, la ville de Poussière est définitivement rayée de la carte, poussant l’orpheline doit se réfugier dans la capitale. Là-bas, elle va peu à peu découvrir pourquoi les catastrophes naturelles sont soudainement si nombreuses, et se retrouver mêlée à un complot d’envergure… inter-dimensionnelle.
« Vous savez mieux que quiconque que cette guerre doit cesser »
Le premier tome de Poussière s’ouvre ainsi dans un monde en crise. Comme l'a précisé l’auteur sur ses réseaux sociaux, Poussière est bien une série de science-fiction ; pourtant, au départ, elle donne plutôt l’impression de s’inscrire dans un genre fantastique.
Et pour cause, avec ses couleurs presque oniriques, sont trait tout en rondeurs et ses designs de personnages hyper originaux, le style graphique de l’artiste semble taillé pour ce type de récit. Mais au fil des pages, le monde de Poussière se dévoile, et on prend connaissance de ses particularités, sur fond d'intrigues politiques houleuses.
« Ils servent les intérêts secrets du magistère !! »
Parce que, oui, l’arrivée soudaine de ces catastrophes naturelles est en fait étroitement liée aux manœuvres politiques qui ont cours dans la capitale. Il faut toutefois attendre le deuxième tome pour en apprendre davantage sur ces manigances, qui ajouteront d'ailleurs une nouvelle couche de mystère à Poussière.
Le mystère justement, Geoffroy Monde le maîtrise sur le bout des doigts. Pour construire et étoffer son univers, il soulève, sans maladresse, de nombreuses questions : pourquoi les soldats s’épluchent-ils les mains au couteau ? Quel est ce bout de laboratoire retrouvé par Pan et Ayame au fin fond d’une forêt ? Et surtout pourquoi les géants, jusqu’ici pacifiques, s’en prennent-ils soudain aux humains ?
« Mais cette fois… Je ne sais pas qui aura le cœur de tout recommencer »
Si le surnaturel s'immisce dans les pages de Poussière, c’est avant tout un drame humain que raconte l’auteur, particulièrement dans le premier tome. À travers cet univers imaginé, Geoffroy Monde parvient à faire transparaître des problématiques bien réelles, celles des catastrophes naturelles, de ceux et celles qui décident de tirer parti de la situation, des déplacements de population…
Après la destruction de sa ville, Poussière doit se construire une nouvelle vie dans la capitale, mais la cité est elle aussi menacée par les géants, et doit en même temps faire face à l’afflux de réfugiés. D'autant que la population est furieuse à cause des apparitions de l’« homme noir », un individu spectral qui semble étrangement lié au courroux des géants, et que la garde royale n’est pas fichue d’attraper.
Rassurez-vous : ces nombreuses intrigues trouvent leurs réponses avant la fin du dernier tome. Et sans spoilers, si Geoffroy Monde nous parle politique, sciences ou rapports humains, c’est finalement l’écologie qui est au cœur de cette captivante série.
« Les cyclopes font partie intégrante de l'équilibre écologique de notre planète »
Dans le monde de Poussière, la biodiversité repose sur un équilibre précaire, et chaque élément de la chaîne est important. Un peu comme dans le nôtre finalement… mais dans cet univers une étrange milice, les Augures, choisit de respecter cette symbiose environnementale, dont les géants font partie.
Aussi, après chaque bataille, les Augures renvoient les géants à « l’essence », au tout, là où naissent et meurent tous les êtres vivants. Encore une initiative qui met le peuple en colère, car les combats sont alors sans fin…
« Vous avez réussi à filer la grippe à votre planète ? »
Fait de multiples pièces qui finissent par s'assembler à merveille, le récit de Poussière est maîtrisé de bout en bout. L’histoire apporte son lot de mystères, et résout intelligemment au fil des pages, pour aboutir à une conclusion magistrale, au message fort et inattendu.
Le tout est porté par le dessin audacieux de Geoffroy Monde, qui n’hésite pas à parfois supprimer les cases pour raconter son histoire dans de folles illustration. Assurément, Poussière est un petit bijou en trois tomes que je vous invite à découvrir sans attendre.