En début d’année la vague Yojimbot déferlait chez les éditeurs. Dargaud publiait le premier tome de la saga, et un spin-off arrivait sur Webtoon Factory, l’application de lecture de BD numérique de Dupuis. Quelques mois plus tard, Yojimbot trouve sa place dans la sélection officielle du 49e Festival international de la bande-dessinée d'Angoulême, qui se tiendra du 27 au 30 janvier 2022. L’occasion de découvrir l’univers bourré d’action et de superbes pleines pages de Sylvain Repos.
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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
Yojimbot (2021)
de Sylvain Repos
Nous sommes en 2241 au Japon. Pour une raison qui nous est inconnue, les humains ont déserté la Terre. Ne restent plus que des robots appelés « Yojimbots », qui errent dans un parc d’attraction à moitié en ruine. Robots samouraïs, robots nettoyeurs, de sécurité, de maintenance… Tous continuent leur vie tels que les ont programmés les humains.
C'est dans cet océan de métal et de verdure, que nous rencontrons Hiro, un petit garçon échappé du mystérieux « terminal », avec son père. Lorsqu’un drame les sépare, Hiro fait la connaissance de Darrieux Jean Baptiste, un robot samouraï. Celui-ci pourra-t-il l’aider à rejoindre la mystérieuse tour 4, afin de retrouver, peut-être, d’autres humains, qui pourront le sortir de cet enfer ?
« T’es un robot du parc ou un truc du genre ? »
C’est avec ce robot samouraï que s’ouvre l’histoire. Comme ces congénères, l'androïde est principalement guidé par les protocoles établis par les humains qui l’ont programmé. Il n’a pas exactement de volonté propre, et il ne peut pas dialoguer.
Si ce choix peut sembler surprenant et un peu risqué pour élaborer l’intrigue, l’auteur va intelligemment en tirer parti pour créer des scènes d’action hyper efficaces.
Très vite, un premier combat survient. Notre robot en croise un autre, et le protocole de combat s’active, un programme qui était probablement prévu, à l'origine, pour amuser les visiteurs du parc. Les deux robots s’affrontent, notre héros casse son épée, et le combat se termine.
Dès le début, Sylvain Repos annonce la couleur. Les combats sont fluides, fascinants, et surtout très esthétiques. La performance est d'autant plus à souligner que les scènes d’action dans la bande dessinée, ce n’est pas évident, ça peut vite devenir brouillon, ou peu clair. Or, ce n’est pas du tout le cas ici : on en prend plein les yeux et c’est tant mieux, parce que de la bagarre, il va y en avoir beaucoup.
« Service indisponible. Nouveau protocole. Priorité absolue. Initiative personnelle autorisée. Usage de la force autorisée. Limites de vélocité désactivée… »
Ensemble, Hiro et le Yojimbot forment un duo plutôt touchant. La Tour 4 se trouvant à l’autre bout du parc (comme par hasard), ils vont devoir le traverser ensemble, nous donnant l’occasion de découvrir toute sa beauté et sa diversité, soulignées par le trait de Sylvain Repos. De fait, si les scènes d’action semblent être le pêché mignon de l’auteur, les grands dessins de paysages ne sont pas en reste.
De nombreuse pleines pages et un découpage plutôt original nous permettent d’apprécier pleinement le style graphique de l’auteur, qui sait autant jouer des aplats que des détails pour composer des planches dynamiques, dont les tonalités feutrées participent à nous immerger dans cet univers science fictionnel.
Au fil de leur évolution dans le parc, nos deux héros vont croiser la route d’autres robots, qui se joindront à leur épopée. Finalement, c’est une petite team assez touchante - même si limitée dans ses discussions (puisque seul Hiro peut parler) - que nous allons suivre jusqu’à la Tour 4.
« Je voulais seulement faire sortir Hiro du terminal »
Sylvain Repos nous lâche dans Yojimbot avec très peu de contexte. C’est la lecture du spin-off Yojimbot stories, sur Webtoon Factory, qui nous permet d'en apprendre un peu plus sur cet univers. Disons le tout de suite, et certains y verront peut-être un point négatif : on ne sait pas ce qui est arrivé à la population, et on découvre finalement très peu de choses des différents protagonistes. De fait, Yojimbot nous plonge dans l’action présente, plus que dans le contexte à proprement parler.
Vous le découvrirez par vous-même, l’album s’ouvre sur une scène assez déchirante. Pourtant, Sylvain Repos a choisi de proposer un récit plus palpitant que dramatique. La lecture n’est donc ni lourde, ni sinistre, mais parvient tout de même à nous faire prendre conscience du danger qui guette les personnages.
« Nous n’avons plus le temps de jouer les humanistes »
Vous pensiez que Hiro et ses robots pourraient traverser le parc sans encombre ? Certainement pas ! Dès les premières pages, nous allons faire connaissance d’autres humains beaucoup moins attachants que notre protagoniste.
On sait peu de choses sur le terminal, l’endroit d’où viennent Hiro et son père, si ce n'est que certaines personnes ne veulent visiblement pas qu’ils en partent. Et ces gens sont loin d’être des enfants de chœur. Durant toute leur épopée, nos personnages seront poursuivis par des drones, des robots puissants et violents qui ne leur laisseront aucun répit.
Yojimbot, est ainsi un vrai concentré d’action, qu’on se surprend à dévorer d’un coup. Un vrai page-turner donc, aux couleurs somptueuses et aux paysages grandioses.
« On va vraiment passer un très bon moment tous ensemble. Grâce à vous, je vais ressortir tous mes jouets »
Avec ce premier tome, Sylvain Repos pose les bases d'un univers très intrigant, dans lequel on a envie de continuer à évoluer. Heureusement pour nous, il y a le webtoon Yojimbot stories qui nous permet de prolonger un peu le plaisir… Avant le prochain tome !
Le tome 1 de Yojimbot (2021) est édité chez Dargaud, et le spin-off Yojimbot Stories est disponible sur Webtoon Factory.
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