L'avenir de l'humanité s'écrira peut-être sur une nouvelle planète lointaine. Mais que se passerait-il si l'on se réveillait seul au cours du voyage ? C'est le point de départ de Passengers, notre film SF de la semaine !
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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
Passengers (2016)
de Morden Tyldum
À sa sortie en 2016, je suis totalement passé à côté de Passengers. Malgré un pitch plutôt alléchant, cette grosse machine hollywoodienne au casting jeune et glamour m'avait laissé de marbre, à tel point que j'ai soigneusement évité le film durant plusieurs années… Que voulez-vous, les a priori ont la vie dure...
C'est à la faveur d'une longue soirée d'hiver et de confinement que j'ai finalement tenté l'expérience. Et grand bien m'en a pris ! Loin d'être un simple véhicule promotionnel taillé pour Jennifer Lawrence et Chris Pratt, Passengers est un film plus retors qu'il n'y parait, qui à le mérite de ne pas caresser son spectateur dans le sens du poil.
« Je voudrais parler à quelqu'un… à une personne vivante »
Bienvenue sur l'Avalon, un vaisseau spatial faisant route vers la planète Homestead 2. La surpopulation et l'épuisement des richesses naturelles ayant fait de la Terre un environnement difficile, pour ne pas dire inhospitalier, les humains ont été invités à prendre leurs bagages et à refaire leur vie sur à l'autre bout de l'espace.
À bord du vaisseau, Jim Preston, un mécatronicien qui a décidé de faire le voyage de 120 ans dans un caisson de cryogénisation, vers ce nouveau foyer. Seulement tout ne se pas passe comme prévu.
Après 30 ans dans l'espace, l'Avalon traverse un champ d'astéroïdes particulièrement chargé. Si d'apparence le vaisseau semble avoir bien tenu le choc, une surchauffe provoque un bug et réveille Jim de son profond sommeil.
« Ce ne sont pas des questions que l'on pose à un androïde »
Jim, désormais seul humain conscient dans ce vaisseau long d'un kilomètre, ne pourra jamais atteindre sa destination de son vivant. Dans sa première partie, le film est plutôt contemplatif et la caméra erre avec notre héros dans ces longs couloirs luxueux qui évoquent plus un Titanic à l'abandon qu'un vaisseau spatial.
La solitude est éprouvante pour Jim qui n'a pour seule compagnie qu'Arthur, un androïde barman, et quelques robots ménagers. Les journées passent et se ressemblent. Notre mécano, lui, tourne en rond, à l'instar du vaisseau hélicoïdal qui le transporte au cœur de l'espace.
Une idée lui vient alors en tête : pourquoi ne pas réveiller un autre passager pour lui tenir compagnie ? Après plusieurs semaines d'hésitation, Jim va finalement commettre l'irréparable et sortir Aurora, une jeune autrice new-yorkaise, de son sommeil, sans lui révéler la vérité.
« Tous les autres passagers vont encore dormir 90 ans pendant que ma vie s'écoulera dans ce vaisseau »
À ce moment précis, vous pourrez me dire que Passengers adopte une démarche profondément immorale, et vous aurez raison.
En la réveillant, Jim a condamné Aurora par caprice, pour son seul plaisir. Et c'est en ce sens que le film prend une direction intéressante puisqu'il ne cherche pas à condamner le personnage. Au contraire il prend simplement acte de la situation.
C'est au spectateur de juger les actions de Jim et d'Aurora, et en cela le film ouvre des débats passionnés ; je trouve d'ailleurs le parti pris plutôt osé pour un blockbuster familial au budget faramineux et tenu de cartonner au box-office (ce qu'il ne fera pas d'ailleurs). Vous ressentirez peut-être, comme moi, du dégout vis-à-vis du personnage incarné par Chris Pratt. Mais d'autres pourront comprendre sa démarche malgré tout.
Quoi qu'il en soit la situation tend à nous mettre mal à l'aise devant notre écran, et c'est suffisamment rare, dans ce genre cinématographique, pour être souligné.
« Cessez de vous préoccuper de ce que vous ne pouvez contrôler. Profitez de la vie »
Jim et Aurora vont donc apprendre à se connaître et, finalement, tomber amoureux. Ils vont surtout prendre acte de leur destin et, en Adam et Eve contemporains, ne vont attendre longtemps avant de construire leur nouvel Eden dans l'Avalon.
Quelques mois plus tard, Aurora apprendra finalement la vérité sur son réveil et sur les motivations de Jim, ce qui brisera nette leur idylle. Le scénario évoque alors brièvement les conséquences de ce voyage pour la jeune femme, qui a abandonné sa famille et ses amis pour réaliser son rêve d'ailleurs et qui se retrouve condamnée à partager le reste de sa vie avec un égoïste.
« Peu importe la destination, le plus important c'est le voyage », semble nous dire Passengers. Le film nous invite, à sa manière, à ne pas regarder en permanence vers l'avenir et à se réjouir des petits moments de vie, bons comme mauvais, pourvus qu'on les vive avec quelqu'un.
« Nous nous sommes perdus en chemin mais nous nous sommes trouvés l'un l'autre »
Dans le dernier tiers du film, Jim et Aurora seront forcés d'unir à nouveau leurs forces pour tenter de sauver le vaisseau, et leur petit nouveau monde, de la destruction. Y arriveront-ils ? Je vous laisserai ici voir le film pour le découvrir.
Passengers est une aventure SF rythmée et sympathique qui, si elle ne révolutionne pas le genre (on ne va pas se mentir), apporte tout de même une vraie réflexion quant à notre capacité à gérer la solitude et à nous adapter à tout environnement et situation…
Si, comme moi à l'époque, vous avez des réticences à vous lancer, laissez-vous porter, vous ne le regretterez probablement pas.
Passengers est disponible en DVD, Blu-Ray et VoD. On le retrouve également sur les plateformes de SVoD, Netflix et Amazon Prime Video.
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