Le 12 novembre dernier, la communauté scientifique était en liesse : Philae, le robot embarqué par la sonde Rosetta, atterrissait avec succès sur la comète 670, surnommée Tchouri. Une première dans l'histoire de l'exploration spatiale, puisque rien de tel n'avait été tenté auparavant. Grâce au travail conjugué d'une vingtaine de pays, l'ESA est parvenue à ses fins, près de 10 ans après le départ de Rosetta.
Seulement, une fois passée l'euphorie de cet atterrissage, les ingénieurs et scientifiques se sont inquiétés du statut précis de Philae sur Tchouri : les harpons censés retenir solidement le robot sur la surface de la comète n'ont pas fonctionné, remettant en cause sa capacité à effectuer des prélèvements à l'aide de sa foreuse. Un dysfonctionnement entraînant plusieurs rebonds de Philae, qui a fini par atterrir à environ 1 kilomètre du site initialement prévu, bien plus ombragé que ce qui était planifié. De fait, le robot ne pouvait pas compter sur les rayons du soleil pour recharger ses batteries : une situation qui menaçait son autonomie.
Heureusement, aucun des 10 outils embarqués par Philae n'a subi de dégât durant son atterrissage. Un constat rassurant qui a poussé les scientifiques de l'ESA à prendre une décision risquée, mais payante, à savoir continuer la mission du robot. Philae a ainsi passé les derniers jours à forer avec succès la surface de la comète. Le robot a pu effectuer les prélèvements et les analyses, transmises ensuite à Rosetta, avant d'atteindre un seuil de batterie critique. Les chercheurs de l'Agence spatiale européenne ont plongé Philae dans une phase de sommeil samedi dernier, en attendant qu'il ait emmagasiné suffisamment d'énergie pour être opérationnel à nouveau. Dimanche, l'ESA a mis en ligne des photos sur lesquelles on peut apercevoir l'atterrissage difficile de Philae lors de son arrivée sur 67P.
80% des expériences réalisées
Malgré la situation, l'ESA estime que 80% des expériences initialement prévues ont pu être réalisées avant la mise en veille du robot. « On a terminé cette première phase absolument fabuleuse et rien ne ressemble à ce qu'on avait prévu. Cela nous donne très envie de continuer à explorer » a déclaré l'astrophysicien Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique de la mission. « Cette machine effectue un travail magnifique dans des conditions difficiles, et nous pouvons être totalement fiers de la réussite scientifique de Philae » a de son côté déclaré Stephan Ulamec, le responsable de l'atterrisseur.La suite des aventures de Philae dépend désormais des possibilités de recharge de sa batterie. « Nous espérons que dans une phase future de la mission, peut-être lorsque nous serons plus près du soleil, nous disposerons d'un éclairage suffisant pour réveiller le robot et rétablir la communication » a expliqué Stephan Ulamec.
Mais la mission ne dépend pas uniquement de Philae, loin de là : l'orbiteur Rosetta compte pour 80% du programme. Il accompagne la comète vers sa rencontre au plus près du soleil, prévue pour le 13 août 2015. La fin de la mission est planifiée pour le 15 décembre 2015.