La perche à selfie, nouveau fléau des musées du monde entier

Audrey Oeillet
Publié le 17 février 2015 à 16h19
Avec la mode du selfie s'est développé un marché lucratif d'accessoires permettant de prendre facilement des photos de soi-même. Parmi eux, le selfie stick ou perche à selfies, un bâton auquel on attache un smartphone. Un gadget que certains musées ne veulent plus voir.

La mode du selfie a donné naissance au selfie stick, un accessoire que l'on trouve désormais en vente dans un grand nombre de commerces : pour l'équivalent d'une quinzaine d'euros, il est possible de faire l'acquisition de cette sorte de bâton, rétractable à la manière d'une antenne ou d'un monopode, destiné à accueillir un smartphone. A l'aide d'une télécommande Bluetooth, on peut prendre un autoportrait ou une photo de groupe à une distance respectable, sans aide extérieure, en utilisant le capteur photo situé côté écran du terminal.

Dans certains pays, notamment aux Etats-Unis, le phénomène a pris une ampleur considérable, à tel point que les perches à selfies, vendues dans les bacs des supermarchés, pullulent partout où les photos sont autorisées. Impossible de se promener dans un lieu touristique sans croiser cet accessoire, désormais incontournable... un peu trop au goût de certains. A tel point que plusieurs lieux culturels ont décidé de bannir les selfies sticks de leurs locaux : c'est notamment le cas du MoMa et du Guggenheim de New York, du Smithsonian de Washington, du musée des Beaux-Arts de Boston, ou encore du Getty Center en Californie.

Tendre la perche

Mais les musées américains ne sont pas les seuls à en avoir assez des selfies sticks : c'est également le cas de certains établissements londoniens, comme la National Gallery. Cette dernière n'autorise que depuis l'année dernière les visiteurs à prendre des photos des œuvres exposées. Les bâtons à selfies sont interdits, au même titre que les monopodes ou les trépieds.

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D'autres musées britanniques envisagent de bannir l'accessoire. Le British Museum a confirmé être en train d'étudier la question, même si, dans l'immédiat, aucune interdiction n'est appliquée. Idem à la National Portrait Gallery : « Il est important que les visiteurs puissent apprécier leur expérience au sein de la galerie. Tout ce qui peut perturber est étudié » a expliqué un porte-parole à The Independent.

Même son de cloche en Australie, à la National Gallery of Victoria, où les selfies sticks sont désormais interdits. « La politique de la NGV a été développée en ayant à l'esprit la sécurité des personnes et des œuvres » assure son directeur, Tony Ellwood. Si les visiteurs sont autorisés à prendre des photos avec un appareil de poche, les accessoires supplémentaires sont interdits.

Pas d'interdiction au Louvre

En France, il semblerait que les musées n'aient pas encore atteint le stade de l'interdiction du célèbre bâton. Le Louvre, pour ne citer que lui, l'autorise toujours. Et d'autres musées, qu'ils interdisent ou non les perches à selfies, encouragent les visiteurs à se prendre en photo avec les œuvres pour les partager sur les réseaux sociaux, en vue de les faire connaitre. C'est le cas du Cooper Hewitt à New York, qui affiche à l'entrée « Vous pouvez faire des selfies ! ».



Le vrai problème des perches à selfies, ce n'est pas la finalité - prendre une photo - mais l'usage qu'en font les propriétaires. « C'est une chose de prendre une photo à bout de bras, mais quand vous utilisez un appareil trois fois plus long qu'un bras, vous envahissez l'espace personnel d'autrui » résume Sree Sreenivasan, conservateur au MET. Le danger pour les œuvres est également important.

Les musées ne sont pas les seuls endroits où les selfies sticks posent problème : certains stades britanniques ont décidé de les interdire, craignant que ces bâtons métalliques soient utilisés comme armes par des supporters mécontents.
Audrey Oeillet
Par Audrey Oeillet

Journaliste mais geekette avant tout, je m'intéresse aussi bien à la dernière tablette innovante qu'aux réseaux sociaux, aux offres mobiles, aux périphériques gamers ou encore aux livres électroniques, sans oublier les gadgets et autres actualités insolites liées à l'univers du hi-tech. Et comme il n'y a pas que les z'Internets dans la vie, j'aime aussi les jeux vidéo, les comics, la littérature SF, les séries télé et les chats. Et les poneys, évidemment.

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