Au premier janvier 2019, la population mondiale s'élevait à 7,7 milliards d'individus. Un chiffre en constante augmentation, et qui devrait atteindre les 9,8 milliards en 2050. Que faire donc de cette future population, quand on sait que la Terre est recouverte à 71% d'eau et que le niveau des océans ne cesse de croître ?
Pour résoudre ce problème, une firme japonaise répondant au nom de Shimizu travaille sur un projet gargantuesque depuis plus de 10 ans : « Green Float ». L'idée : faire flotter des villes entières sur les océans, à la manière de nénuphars. Le but : pallier les risques environnementaux et démographiques que représente l'extension urbaine.
Des villes flottantes autonomes
Shimizu n'est pas à son coup d'essai en ce qui concerne l'amélioration de nos conditions de vie et le respect de l'environnement. En effet, le groupe nippon est déjà à l'origine de projets visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, dans des smart cities par exemple. Mais depuis 2008, c'est sur le potentiel des étendues maritimes que l'entreprise parie. « Green Float » vise donc à installer à la surface des océans des îlots flottants semblables à des nénuphars. Chaque cellule (de trois kilomètres de diamètre) serait alors reliée les unes aux autres formant ainsi des modules qui, agglomérés entre eux, représenteraient une unité, pouvant accueillir un million d'individus.Au sol de chaque cellule, on retrouverait la partie que l'on pourrait qualifier d'agraire. Culture, élevage, pêche et même forêt : la base des îlots servirait à produire l'ensemble des vivres nécessaire à la population des villes. Aux extrémités des « nénuphars », des plages artificielles mais également des hôtels. Au centre, une tour géante de 1 000 mètres de haut serait érigée. Et c'est dans cette tour que se trouverait le cœur de la ville : logements, hôpitaux, magasins, bâtiments administratifs, etc. Le concept étant basé dans l'Océan Pacifique et au niveau de l'Équateur, les habitants bénéficieraient d'une température comprise entre 26°C et 28°C toute l'année.
Un défi environnemental de taille
Mais plus qu'une ville futuriste, Shimizu souhaite proposer un véritable outil permettant de lutter contre la pollution liée à l'activité humaine et principalement le CO2. Mettant l'accent sur l'énergie verte, des systèmes éoliens mais également des panneaux solaires ainsi que l'exploitation des courants marins permettraient à une ville flottante d'être approvisionnée en énergie. Et plutôt que de jeter ses déchets par dessus bord, elle s'en servirait pour les cultures au sol. Avec ces mesures, le groupe japonais estime que sa cité nénuphar produirait 30% à 40% de CO2 de moins qu'une ville traditionnelle.Sur le papier, « Green Float » sonne donc comme une alternative green (mais un peu utopiste, il faut bien l'avouer) à l'urbanisation grandissante actuelle. Pour le moment, Masaki Takeuchi, architecte et responsable du projet annonce qu'entre 1,6 million et 2,5 millions d'euros ont été investis dans le projet. À l'heure actuelle, Shimizu prévoit l'arrivée d'une première unité, appelée « Green Float II » d'ici 2030. Avec ses 200 mètres de diamètre et sa tour de 100 mètres de hauteur, elle sera installée à une latitude basse afin d'éviter tout risque, comme celui des vagues submersions par exemple. Un test grandeur nature, qui intéresse déjà certains pays, comme les Kiribati, archipel du Pacifique menacé par la montée des eaux.
Source : Le Monde.