Halo 5 Guardians : entre jeux vidéo et cross média, les enjeux d'une franchise chère à Microsoft

Audrey Oeillet
Publié le 23 octobre 2015 à 14h44
Alors que le dernier épisode date de 2012, la franchise Halo s'apprête à faire son retour sur Xbox One avec Halo 5 : Guardians, qui s'annonce comme l'un des poids lourds de Microsoft pour sa console, en manque cruel de titres forts. Et quand on voit les chiffres qui entourent la saga, initiée en 2001, on se dit que la firme de Redmond mise sans doute sur le bon cheval.

En 2001, les joueurs Xbox première du nom découvraient Halo : Combat Evolved. Ce FPS futuriste, exclusif alors à la première console de Microsoft, imaginait la lutte de l'armée humaine, les Spartans, contre des extraterrestres, les Covenants. Au cœur de la discorde : une mystérieuse structure, nommée Halo, sur laquelle un vaisseau de guerre Spartan échoue suite à une bataille galactique.

Le joueur incarnait alors John-117, un super soldat, connu sous le surnom de Master Chief, accompagné d'une intelligence artificielle nommée Cortana. Au fil des épisodes, ce personnage, devenu emblématique des consoles de Microsoft, mais également au-delà, s'est parfois fait voler la vedette par d'autres personnages, comme ce fut le cas dans Halo 3 : ODST ou Halo : Reach, des opus enrichissant la chronologie de la franchise, et nourrissant petit à petit la quête de Master Chief.

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Malgré la popularité de la saga, il aura fallu attendre trois ans, depuis Halo 4, pour qu'un nouveau volet fasse son arrivée. Toujours développé par 343 Industries, qui a repris le flambeau de Bungie, Halo 5 : Guardians s'apprête à débouler sur Xbox One le 27 octobre. Au programme, une campagne solo ou coop jusqu'à quatre joueurs mettant en scène l'Osiris Team partie à la recherche de Master Chief et de sa Blue Team, qui ont déserté. En marge de la campagne, le multijoueur sera de la partie, pour contenter un maximum de joueurs... et pousser ceux qui n'ont pas encore de Xbox One à investir dans la machine.

Un poids lourd économique

Car Halo n'est pas seulement la saga de FPS la plus connue de Microsoft - pour ne pas dire la seule, en vérité. C'est également un poids lourd économique pour l'entreprise. Depuis la naissance de la franchise, pas moins de 65 millions de copies se sont écoulées à travers le monde. Un chiffre conséquent, qui ne tient pas compte des précommandes de Halo 5.

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En termes de revenus globaux, Microsoft nous explique que la franchise a généré, à ce jour, 4,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Halo 4, à lui seul, a rapporté 220 millions de dollars durant les 24 premières heures de sa commercialisation, et plus de 300 millions de dollars au cours de sa première semaine de ventes à travers le monde.

On comprend mieux pourquoi Microsoft mise gros sur le nouveau volet, dévoilé pour la première fois lors de l'E3 2013, quelques mois seulement après l'officialisation de la Xbox One. Pour l'entreprise, annoncer qu'un nouveau volet de Halo était en chantier quelques mois avant la sortie de sa nouvelle console était une manière de souligner, auprès des joueurs, que les fondamentaux étaient toujours là, malgré l'absence de Halo 5 lors de l'arrivée de la machine dans le commerce.

Mais on peut tout de même se demander si Halo 5 n'est pas le jeu qui manquait à la console lors de sa sortie. Pour Bonnie Ross, responsable de 343 Industries, le studio en charge du développement du jeu, c'est un faux problème. Et pour cause : aux yeux du studio, l'aventure Halo 5 a commencé dès l'annonce du titre, car Halo, ce n'est pas seulement des jeux vidéo, c'est une saga cross-média.

Au-delà du jeu vidéo

Car lorsqu'on parle de Halo, on ne parle pas uniquement d'une franchise de jeu, mais d'un univers marketé pour exister au-delà des consoles. En marge des jeux, on trouve donc pléthore de romans, comics (plus de 12 millions d'exemplaires de bouquins Halo se sont écoulés depuis 2001), films d'animation, les webséries Halo 4 : Forward Unto Dawn - par la suite remontée sous la forme d'un film sorti en DVD et Blu-ray en 2012 - et Halo : Nightfall, proposée avec la compilation Halo : The Master Chief Collection, commercialisée fin 2014. Et cette mini-série fait partie intégrante de l'histoire de Halo 5, et de son plan de communication.

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Une stratégie confirmée par Bonnie Ross : « Avec Halo 5, nous avons eu l'opportunité de raconter une première histoire durant deux ans, dès l'annonce du jeu. Lors de la première présentation, nous avons laissé entendre qu'il y avait un problème avec Master Chief. Et puis il y a eu Nightfall proposé avec The Master Chief Collection, qui a introduit un nouveau personnage, Jameson Locke, qui est jouable dans Halo 5. Donc pour nous, les deux ans qui ont séparé l'annonce de Halo 5 de sa sortie ont été l'occasion de raconter une histoire complète aux fans, pour les mener directement au jeu. »

La franchise est un cas unique dans l'histoire de Microsoft, qui a su étendre sa présence dans un univers cross-média, assurant son développement en marge des jeux. Une stratégie logique puisque le fait que la firme de Redmond possède l'exclusivité de la franchise Halo l'empêche d'exister sur de multiples supports, ce qui restreint son public de joueurs à ceux possédant ses consoles. On peut d'ailleurs noter que rares sont les jeux de la série Halo à être sortis sur PC, les Xbox ayant le quasi-monopole des différents titres. Seule petite entorse à la règle : Halo Spartan Strike, un Top Down Shooter visant le public mobile, qui est sorti sur iOS en plus des appareils sous Windows en avril dernier.

Le poids des ambitions

Un tel constat ne fait que renforcer le statut de poids lourd d'une franchise qui se vend à millions sur des supports uniques. Mais il arrive parfois que Microsoft se prenne à un jeu qui finit par le dépasser : en 2012, l'entreprise annonçait la naissance de Xbox Entertainment, une nouvelle division destinée à produire du contenu audiovisuel pour le Xbox Live. Parmi les projets étant sortis du studio, on trouve notamment Halo Nightfall, produit par Ridley Scott. Un succès, mais confidentiel du fait de sa diffusion limitée.

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Bonnie Ross, lors de la conférence Xbox de la Gamescom 2015

Du coup, lorsque l'occasion est venue pour Microsoft de se diversifier, l'annonce d'une véritable série télévisée Halo a été faite en 2013. Plus de Scott Free Productions, mais un autre nom connu pour piloter le projet : Amblin Entertainment, la maison de production de Steven Spielberg. Pour Microsoft, l'annonce de ce projet était aussi l'occasion d'afficher sa volonté de pousser Halo au-delà des consoles ou d'Internet, en proposant une exposition télévisuelle de cet univers.

Seulement, l'entreprise a fermé Xbox Entertainment en 2014, passant à la trappe la plupart de ses projets... La plupart, mais pas la série Halo, annoncée à l'époque comme étant en production. C'est encore le cas aujourd'hui, à en croire Bonnie Ross, qui nous explique néanmoins qu'aucune annonce particulière n'est prévue sur le sujet, en marge du lancement de Halo 5.

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La chef de file de 343 Industries en profite cependant pour souligner que Halo 5 n'arrive pas les mains vides en termes de trans-média : « la version collector de Halo 5 intègre la mini-série The Fall of Reach qui raconte les origines de Master Chief. C'est un moyen d'étoffer un peu plus l'histoire auprès des fans du personnage. » Dans ce cas, Microsoft recycle, puisqu'il s'agit d'une adaptation en série d'animation d'un roman écrit par Eric Nylund, et sorti en 2001 en tant que préquelle officielle du premier Halo.

Halo 5, déjà considéré comme un best-seller

Pivot de la stratégie de Microsoft sur la Xbox One, Halo 5 est d'ores et déjà considéré comme un succès sur la console. L'entreprise, tout comme 343 Industries, s'en est assurée, en développant l'attente de la communauté durant deux ans, tout en impliquant les fans. « Pour ce jeu plus encore que pour les autres, nous avons voulu impliquer la communauté dans le développement, en proposant notamment une bêta dès décembre 2014, près d'un an avant la sortie du jeu » nous explique Josh Holmes, producteur exécutif du titre. « Cela nous a permis d'avoir des retours très tôt, et de les utiliser pour optimiser le jeu. »

Une pression supplémentaire pèse sur l'équipe de développement depuis The Master Chief Collection et son mode multijoueur, dont le matchmaking s'est révélé particulièrement chaotique à sa sortie, et a nécessité moult patchs pour contenter les joueurs. « Nous avons tous énormément appris de l'expérience MCC, ça nous a poussé à multiplier les tests pour Halo 5, pour nous assurer que le matchmaking fonctionne parfaitement pour tout le monde, quel que soit le pays » explique Josh Holmes.

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Halo et Halo 2 ont été les deux jeux les plus vendus sur Xbox, tandis que Halo 3, Halo : Reach et Halo 4 comptent parmi les titres les plus populaires de la Xbox 360. Microsoft compte donc sur Halo 5 pour perpétuer la lignée et ouvrir de nouvelles perspectives pour une franchise qui ne se limite définitivement pas aux consoles de jeux.

D'ailleurs, le fait que Cortana, l'IA présente dans les différents jeux, soit désormais au sein de Windows 10 en tant qu'assistant vocal a quelque chose de particulièrement symbolique concernant le développement de Halo au fil des années. « Je ne sais pas si on peut considérer Master Chief comme étant la mascotte de la Xbox, mais ce qui est certain, c'est que Halo a un lien très fort avec les consoles de Microsoft, et que ça ne risque pas de s'arrêter » conclut Bonnie Ross. Les fans sont prévenus.
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