Pokémon Go : comment je suis devenue dresseuse de Pokémon dans mon quartier

Audrey Oeillet
Publié le 30 juin 2016 à 15h00
La sortie de Pokémon Go, second jeu mobile de Nintendo, est prévue en juillet prochain. J'ai pu expérimenter une version preview du titre, développé par Niantic Labs. Et je me suis perdue dans ma ville en chassant le Rattata.

Rappelez-vous : le 1er avril 2014, une des blagues de Google avait été de proposer une chasse aux Pokémon sur Google Maps. Si traquer les bestioles sur la carte virtuelle était bien d'actualité, la partie en réalité augmentée montrant l'activité dans la vraie vie était, quant à elle, bidon. Le concept avait cependant fait rêver plus d'un fan de la franchise. Qu'ils se réjouissent : c'est exactement ce qu'est en train de développer Niantic Labs, le studio déjà à l'origine de l'immersif, mais un poil compliqué, Ingress.

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Un jour je serai le meilleur dresseur...

J'ai pu, l'espace de quelques jours, m'essayer à Pokémon Go dans une version limitée, notamment en raison de l'absence d'une réelle communauté développée. Néanmoins, cette expérience a tout de même été révélatrice du potentiel du jeu.

Concrètement, Pokémon Go, c'est quoi ? Il s'agit d'un jeu mêlant géolocalisation et réalité augmentée. Tout comme Ingress, il nécessite donc de sortir prendre l'air pour y jouer, en se promenant avec son smartphone dans les rues, à la recherche de Pokémon à capturer. Il existe également de nombreux points d'intérêts présents un peu partout sur la carte, et donc, dans la zone où l'on évolue, qui permettent de récupérer des objets, notamment des Pokéballs.

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Une fois l'avatar créé selon des critères limités - le sexe, la couleur des cheveux et des vêtements, et hop -, on commence, tout comme dans les jeux classiques, en choisissant un Pokémon de base. Mon Carapuce en poche, je suis prête à parcourir le monde (mon quartier) pour enrichir ma collection de monstres de poche.

... je me baladerai sans répit

C'est ainsi que dimanche dernier, alors que la ville entière semblait être devant le match de foot de l'équipe de France, je suis partie à la recherche des Pokémon de ma ville de banlieue. L'application est assez bien fichue : elle affiche la progression du joueur sur une carte qui exploite les technologies de Google Maps, avec une surcouche adaptée au jeu. Mais il est également possible d'afficher des informations sur les Pokémon situés à proximité : si les espèces sont dans le Pokédex car déjà capturées, elles s'affichent. Sinon, seule la silhouette de la créature est présente, mais les plus éclairés la reconnaîtront sans souci.

Dans cette configuration, seule la distance qui sépare le joueur des Pokémon apparaît, mais non la direction. Pour traquer une créature en particulier, il faut donc y aller au jugé, marcher dans une direction qui n'est pas forcément la bonne, revenir en arrière, changer de rue... Lorsqu'on s'approche d'un Pokémon, le jeu enclenche une phase de capture, et c'est là qu'il passe en réalité augmentée : le Pokémon apparaît ainsi sur le trottoir, au bord de la route ou sous un porche - où que l'on soit, en vérité - et il faut lancer des Pokéballs sur lui pour tenter de le capturer.

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N'ayons pas peur des mots : c'est lors de cette étape que je me suis sentie plutôt ridicule. Les rares passants se demandaient franchement ce que j'étais en train de faire. La démarche donne l'impression qu'on photographie un point imaginaire dans une position improbable, puisqu'il faut viser parfois sous un angle acrobatique. Et comme le jeu manque encore de précision, ça peut prendre un moment avant d'arriver à capturer un Piafabec de niveau 1. Mais on est content quand ça arrive.

Pour être honnête, j'ai surtout rencontré des Rattatas durant ma session de chasse. Énormément de Rattatas. Des tonnes. J'ai quand même voulu tous les capturer, pour m'entraîner. A un moment, j'ai fini par culpabiliser et je me suis demandée à quoi ça allait me servir.

La reine de l'arène

La réponse à ce stade de la preview, c'est : à rien. Car comme Ingress, Pokémon Go va nécessiter un développement communautaire pour devenir intéressant. Échanger des Pokémon entre joueurs sera une possibilité - personne ne voudra probablement de ma collection de Rattatas - mais ce sont surtout les arènes qui devraient avoir du succès.

J'ai croisé une arène sur ma route, elle était vide et donc inutile. Mais j'ai pu voir ce qu'elle proposerait à terme, en l'occurrence, des affrontements entre joueurs. Une arène implique de choisir une couleur d'équipe, et d'assigner l'un de ses Pokémon aux affrontements. Il n'y a pas besoin de rester à proximité de l'arène, ce qui signifie que les combats débuteront quand assez de joueurs seront passés par là et auront déposé des Pokémon. Entre temps, le Pokémon déposé ne peut pas être récupéré : il a donc un risque de bloquer une créature puissante pendant plusieurs jours dans un endroit peu passant.

L'application est cependant suffisamment bien conçue pour placer les points d'intérêt à des endroits clés. Je n'imagine pas que la démarche soit manuelle : elle est probablement, là aussi, basée sur les données de Google Maps. En identifiant des endroits clés, le jeu assure ainsi qu'il y aura suffisamment de passage pour alimenter les mécaniques de gameplay, à condition que les joueurs soient au rendez-vous, évidemment.

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Le nez rivé sur mon écran

J'étais partie pour une petite demi-heure d'expérience. Au final, j'ai déambulé plus de deux heures, capturé une vingtaine de Pokémon - dont une majorité de Rattatas, donc - et je me suis perdue. Parce qu'à force de traquer les bestioles le nez rivé sur mon écran, j'ai fini par aller dans des directions non-identifiées et j'ai perdu mes repères géographiques.

Déambuler dans les rues à la recherche des Pokémon, mais également des autres joueurs, fait partie intégrante de l'expérience. Niantic en fournit une qui s'avère proche d'Ingress, mais avec un univers mieux connu et un gameplay plus simple. De quoi attirer un plus large éventail de joueurs, du trentenaire qui jouait à Pokémon sur sa Game Boy Pocket, à l'ado qui cherche plus qu'un simple jeu de smartphone. Le jeu sera gratuit sur iOS et Android, mais le modèle économique sera basé sur des achats in-app (Pokéballs, potions et autres accessoires virtuels).

Et pour ceux qui voudront s'investir sans avoir les yeux rivés en permanence sur l'écran, Nintendo proposera au lancement du jeu un accessoire à porter sur soi, nommé Pokémon Go Plus. Connecté en Bluetooth au smartphone, il vibrera à l'approche d'un Pokémon. Une manière de développer son addiction plus discrètement.

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Le Pokémon Go Plus

Pour le moment, Pokémon Go n'a pas encore de date de sortie mais devrait débarquer en juillet. Mais il est évident que ce jeu va attirer un très grand nombre de curieux dès son lancement. D'ici là, les mécaniques de jeu devraient encore s'affiner et on espère que d'autres activités que les arènes seront disponibles, histoire que la communauté ait une vraie bonne raison de se développer.
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