Au terme d'une décennie qui a vu se succéder deux générations de consoles et poindre la révolution du Cloud gaming, nous nous devions bien de rendre hommage, à notre manière, à l'un des médias les plus chers à notre cœur : le jeu vidéo.
Ce n'est cependant pas par l'intermédiaire d'un classement, et encore moins sous la forme d'une prescription vous listant les « jeux auxquels il faut absolument avoir joué » que nous le ferons. L'équipe Clubic étant composée de joueuses et joueurs aux profils bigarrés, nous avons choisi de mettre les individualités à l'honneur en cette fin d'année.
Mais avant toute chose, il convient de dresser un petit état des lieux de ce qu'a été le paysage vidéoludique ces dix dernières années. Une décennie qui, on l'a dit, s'est fait le témoin d'un certain nombre d'évolutions pour le jeu vidéo. De l'émergence de nouvelles machines à la démocratisation de certaines pratiques, en passant par l'entrée « dans le game » de nouveaux acteurs qui ont bousculé les codes : les années 2010-2019 ont assurément été riches en bouleversements pour les gamers que nous sommes.
Une décennie de changements
Amusant comme la roue peut tourner en l'espace de dix ans. Alors que la septième génération de consoles s'apprêtait à tirer sa révérence entre 2012 et 2013, les comptes des différents constructeurs étaient bien différents d'aujourd'hui. Nintendo caracolait en tête des ventes avec plus de 100 millions de Wii écoulées, suivi de loin par Sony et sa PS3 aux presque 88 millions d'exemplaires. Microsoft fermait la marche, de près, avec environ 84 millions de Xbox 360 vendues.À l'aube de 2020, dire que l'échiquier a été bouleversé est un euphémisme. En effet on estime aujourd'hui que la Xbox One de Microsoft n'a trouvé qu'un peu moins de 47 millions de preneurs, et que la Nintendo Switch (sortie en 2017, en remplacement d'une Wii U aux résultats catastrophiques) finira même par la dépasser dans quelques mois (41 millions d'unités écoulées au dernier décompte). Sony peut ainsi être considéré comme le « grand vainqueur » de cette génération avec plus de 100 millions de PlayStation 4 écoulées en six ans.
Alors qu'est-ce que ces chiffres peuvent bien dire de nous, en tant que joueurs ? Comment se font-ils les témoignages vibrants de pratiques de jeu ayant évolué drastiquement ?
La technique reine
Tout d'abord, il faut pointer du doigt le caractère très singulier de la huitième génération de consoles. Si les constructeurs n'ont jamais été timides quant au fait de commercialiser des versions « slim » de leurs machines, jamais auparavant ils n'avaient osé offrir à leur console une déclinaison techniquement supérieure ; relançant ainsi, de plus belle, les ventes à mi-parcours. Il leur a bien fallu ça pour être en mesure de respecter les promesses initiales de cette génération : celle de jeux en 1080p60, que seules les PS4 Pro et Xbox One X sont capables (parfois) de tenir sans trembler des genoux.Oui, la technique a été reine pendant ces dix dernières années. Elle a offert aux développeurs un éventail de possibles pour expérimenter de nouvelles choses dans leurs créations. Outre l'évolution logique de la fidélité des graphismes, et les curseurs de l'immersion poussés toujours plus loin, le jeu vidéo a aussi été témoin ces dernières années de l'émergence (d'aucuns diraient du mirage) de la réalité virtuelle qui, enfin, semble avoir trouvé sa place dans le paysage du divertissement.
« On compterait aujourd'hui près de 2,5 milliards de joueurs dans le monde »
Même si elle ne touche qu'une niche de joueurs, et que seul Sony semble s'y intéresser sérieusement (aller, comptons Nintendo dans le lot avec son kit en carton...), la technologie a apporté un certain équilibre dans la Force, en se positionnant au confluent du jeu vidéo traditionnel et du motion gaming le plus décomplexé. Résultat ? Le médium vidéoludique intrigue plus que jamais. À tel point que l'on compterait aujourd'hui près de 2,5 milliards de joueurs dans le monde, lesquels sont aussi très nombreux à profiter de leur divertissement de pixels par l'intermédiaire d'un smartphone.
Oui, la pratique du jeu vidéo sur smartphone s'est, elle aussi, démocratisée au fil des ans. Egalement beaucoup plus puissant qu'auparavant, ce format offre aux développeurs tout le loisir d'y adapter des jeux préexistants, d'innover via les contrôles tactiles, ou encore par le gyroscope de nos téléphones ultraconnectés. Le studio thatgamecompany (Journey) a d'ailleurs fait le choix de réserver l'exclusivité de son nouveau titre Sky: Children of the Light aux appareils iOS.
L'émergence de nouveaux genres
Déjà très à la mode en 2010, le jeu en monde ouvert a lui aussi pris du galon ces dix dernières années. On peut d'ailleurs mesurer ses évolutions par le prisme de Rockstar Games qui, avec son catalogue, a largement contribué à offrir ses lettres de noblesse au genre. Résumer dix années d'innovation et de progrès techniques peut d'ailleurs se faire de façon extrêmement simple : en comparant Red Dead Redemption premier du nom (sorti en 2010) à son successeur, sorti fin 2018.Permettant de faire toujours plus grand, toujours plus beau, toujours plus vivant, la technologie appliquée au jeu vidéo nous a aussi offert un certain renouveau dans le monde des jeux en ligne. Si de grands classiques comme FIFA, Call of Duty, Battlefield ou World of Warcraft sont toujours de la partie, ils ont dû opérer un pas de côté pour faire de la place à ce que l'on appelle communément les « jeux service » : des titres à la durée de vie sans cesse renouvelée via l'ajout régulier de contenu (payant ou gratuit).
Popularisé par Ubisoft avec The Division, Bungie avec Destiny ou encore Digital Extremes et Warframe, ce type de jeu se serait appelé MMO il y a dix ans que ça n'aurait choqué personne. Seulement, le modèle économique de ses titres ne repose sur aucune forme d'abonnement mais sur des achats ponctuels, cosmétiques ou non, et sur l'obtention de packs d'extension permettant de prolonger l'aventure. C'est dit : le jeu vidéo n'a jamais rapporté autant d'argent, et ces chiffres grimpent en moyenne de 13 % par an.
Il faut dire que même dans le cas des jeux free-to-play, la bourse des joueurs est prompte à se délier. Comment ne pas parler de l'avènement du genre Battle Royale, et des plus fidèles représentants du genre que sont PUBG, Fortnite, ou plus récemment Apex Legends ? Popularisé depuis 2017 (bien que des bases soient déjà posées dès 2012 sur Minecraft), ce genre, qui voit jusqu'à 100 joueurs se disputer la victoire en simultané, a très largement renouvelé notre expérience du jeu en ligne.
Jouissant d'un succès monstre, il n'y a désormais pas un jeu en ligne digne de ce nom qui ne dispose pas de son propre mode Battle Royale. Même des titres improbables comme Tetris 99 ou Forza Horizon 4 s'y sont mis !
Addictifs, ces jeux le sont. Et Fortnite probablement encore plus que les autres. Jouable gratuitement, le titre développé par Epic Games a pourtant rapporté à son éditeur 3 milliards de dollars sur l'année 2018. Tout cela grâce à des achats intégrés. C'est dire si notre façon de consommer le jeu vidéo a évolué au fil des ans. Pour preuve : les formules de jeu vidéo par abonnement (EA Play, Xbox Game Pass, UPlay+, Apple Arcade, etc.) fleurissent, et montrent que les éditeurs cherchent à s'inspirer de ce qui se fait du côté de la vidéo ou de la musique à la demande.
Néanmoins, des jeux bien plus confidentiels ont aussi trouvé leur place dans notre ludothèque ces dix dernières années. Si la production indépendante a toujours existé dans le jeu vidéo, elle a pris une dimension inédite durant cette décennie, notamment grâce au concours de Nintendo, Sony et Microsoft, qui n'hésitent plus à mettre en avant, voire à financer des projets qui sortent du lot.
Impossible de ne pas penser à Journey, dont l'impact — sept ans après sa sortie — résonne encore, et qui a contribué à voir émerger ce que l'on appelle, de façon un brin réductrice, les « walking simulator ». Les Gone Home, Firewatch, What Remains of Edith Finch... Tous, et beaucoup d'autres, ont su se saisir de cette nouvelle perche prônant une approche différente du jeu vidéo, dans laquelle défaire un ennemi, ou remporter une course, n'est pas la priorité. Une approche qui met l'humain et l'écriture au cœur, et par laquelle on cherche, avant tout, à raconter une histoire.
Des histoires, nous avons été nombreux, aussi, à nous en raconter grâce à Minecraft. Officiellement lancé en 2011, le plus grand bac à sable virtuel jouit encore aujourd'hui d'une aura inextinguible. D'innombrables studios se sont d'ailleurs emparés de la promesse d'infinité de Minecraft, et l'on adapté à leur sauce. On parlait alors de jeux de survie, lesquels recelaient encore un nombre incalculable de sous-genres. The Forest, Rust, Ark, Subnautica, mais aussi bien sûr No Man's Sky, dont la sortie en forme de douche froide en 2016 a largement écorné la confiance que l'on accordait jusque là aux trailers de jeux vidéo.
Cependant, No Man's Sky est aussi une belle preuve que la rédemption existe dans l'industrie vidéoludique. Plus complet que jamais, et supporté sans relâche par l'équipe de Hello Games, il aura finalement fallu attendre trois années de plus pour que le cahier des charges soit rempli.
Les années 2010 du jeu vidéo, c'était aussi ça
Nous ne nous attarderons pas davantage à faire la chronique de la décennie. Du moins pas sous cette forme, au risque de vous décourager d'aller lire ensuite ce que notre équipe a à dire sur les jeux qui ont marqué ces dernières années.Aussi, pour conclure de façon paresseuse, rendons un dernier hommage à ce chapitre qui se referme sous la forme d'une litanie qui, même étirable à l'infini, ne saurait se faire exhaustive. D'avance, pardonnez nos éventuels oublis, et n'hésitez pas à nous raconter en commentaires ce que vous retenez particulièrement des dix années passées.
Kinect, les lootboxes, les « Dark Souls-like », les remakes et autres « Super Remastered Ultimate Edition », « mais sur Switch ! », les grappins, le renouveau du rogue-like, le dématérialisé, les DLC, Twitch, les jeux indépendants en pixel art, les jeux de cartes à collectionner, le gameplay asymétrique, Skyrim jouable sur Alexa, les immersive sim, « jouable en 4K 60 fps HDR », patch day one, le financement participatif, les zombies, les moteurs physiques débiles, les teraFLOPS, les season pass et battle pass, les accès anticipés, les polémiques autour du crunch, les jeux épisodiques, la percée du Cloud gaming, le joy-con drift, les mini-consoles rétro, les éditions collector sans le jeu, le ray-tracing, l'e-sport, les infinite runner, les bandes-son vaporwave, les jeux Xbox chez Nintendo, l'Epic Game Store, Pokémon Go, les downgrades graphiques, le cross-play, Rocket League, Satoru Iwata (RIP), la génération procédurale, ...
Les jeux vidéo préférés de la décennie, par l'équipe Clubic
Thibaut, expert gaming
The Last of Us (2013, PS3-PS4)
Sorti en 2013, The Last of Us a marqué toute une génération de joueurs. Naughty Dog décidait alors de sortir de sa zone de confort avec cette aventure résolument mature, portée par deux protagonistes ultra charismatiques.
Joel et Ellie se sont illustrés dans une épopée horrifiante, émouvante et percutante. L'univers du jeu n'est pas non plus en reste avec ses environnements post-apocalyptiques verdoyants où la nature a repris ses droits. Ajoutons à cela une bande originale superbe et un mode multijoueurs original.
The Last of Us n'a laissé personne indifférent et plus de six ans après sa sortie, il s'agit toujours d'une des exclusivités les plus marquantes de l'histoire de PlayStation. Sa suite, qui sortira le 29 mai 2020, est attendue au tournant !
Eric, expert espace
Kerbal Space Program (2011, PC-PS4-Xbox One)
KSP est un jeu de simulation beaucoup plus complet qu'il n'y paraît au premier regard : outre ses graphismes simplistes, sa musique entêtante et, surtout, la masse impressionnante de connaissances qu'on a l'impression de devoir maîtriser lorsque l'on observe des joueurs plus expérimentés, la fierté du premier jour où l'on décolle sans déclencher par inadvertance ses parachutes est comme un déclic !
Kerbal Space Program c'est alors une incroyable courbe de progression, qui semble ne jamais s'arrêter, et par laquelle il est possible d'aller toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus vite, et avec toujours plus de boosters.
Avec une communauté de moddeurs gargantuesques, il est déjà possible d'améliorer le jeu sur à peu près tous les plans (pour jouer par exemple dans notre système solaire plutôt que celui du jeu, pour une assistance au décollage ou même pour un véhicule qui va seul d'un point A à un point B). C'est néanmoins par l'échec et par la difficulté brute, nécessaires pour accomplir les exploits spatiaux, que KSP révèle son génie.
Oui, il est difficile de découvrir une fois posé sur la Lune (et de travers) que vous n'avez plus assez de carburant pour retourner en orbite. Oui, vous avez oublié d'équiper votre atterrisseur martien de parachutes et la surface se rapproche. Vite. Mais c'est d'y arriver, un jour, après beaucoup d'explosions, de morceaux qui volent et de rendez-vous ratés, qui rend l'expérience passionnante.
Plus on y joue, plus on partage avec la communauté (française, très active), plus cela donne envie d'y retourner. De comprendre. De vouloir faire mieux. Et d'aller plus loin.
Et pour la décennie suivante, on est déjà couverts : Kerbal Space Program 2 sort l'année prochaine...
Stéphane, expert gaming
Resident Evil 7 (2016, PC-PS4-Xbox One)
À l'instar de toutes les licences Capcom, Resident Evil a connu ses heures de gloire (Resident Evil 1,2,3) ainsi que ses heures plus sombres (Resident Evil 4,5,6). Et contre toute attente, en début d'année 2017, Capcom a su réinventer sa saga horrifique de la plus belle des manières.
Un vrai retour au genre survival horror, une approche de gameplay inédite (pour la série), une intrigue sans le moindre rapport avec Resident Evil (ou presque)... Resident Evil 7 avait tout pour faire peur (dans tous les sens du terme), et (un peu à la surprise générale) Capcom a finalement su proposer un jeu hallucinant visuellement et acoustiquement, avec une famille Baker incroyable, une angoisse constante, quelques passages cultes, des références à gogo et une compatibilité VR intégrale.
Bref, jamais un Resident Evil n'avait été aussi effrayant, aussi stressant, aussi sadique... mis à part peut-être Resident Evil lui-même. Certes, la dernière section du jeu n'est pas aussi époustouflante que le reste, mais Resident Evil 7 figure clairement, pour moi, parmi les expériences vidéoludiques les plus marquantes de ces dernières années... Il fait partie de ces rares jeux sur lesquels le temps et le sommeil n'ont plus aucune forme d'emprise, avec lesquels la passion l'emporte très largement sur la raison, comme cela avait déjà pu être le cas par le passé avec Megaman X (1993), Metal Gear Solid (1998), Zelda: Wind Waker (2003), God of War (2005) ou encore... Resident Evil 4 (2005)
Mathilde, rédactrice
Red Dead Redemption 2 (2018, PC-PS4-Xbox One)
Pour être honnête, je ne suis pas une très grande gameuse. Mais suite à l'engouement autour de la sortie du deuxième volet de Read Dead Redemption, j'ai décidé de l'acheter. N'ayant pas joué au premier, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le jeu m'a bouleversée.
C'est la première fois que je me suis autant attachée à des personnages de jeux vidéo, et que j'ai eu les yeux humides devant une cinématographie. J'ai trouvé le développement des protagonistes particulièrement juste et humain, et j'ai adoré incarner Arthur Morgan dans la beauté des paysages de l'Ouest américain.
Passionnée par l'histoire des États-Unis, j'ai également trouvé que le contexte historique était très bien dépeint. Je n'ai pas un large panel de jeux avec lesquels comparer Read Dead Redemption 2, mais ce que je peux dire, c'est qu'il m'a transportée dans une fable passionnante, et m'a permis de réaliser à quel point un jeu vidéo pouvait être une œuvre puissante.
Je suis une très grande lectrice de romans en tous genres, et c'est la première fois qu'un jeu m'a fait autant vibrer, d'un point de vue émotionnel, qu'un excellent bouquin.
Téo, team Clubic bons plans
Minecraft (2011, PC-PS4-Xbox One-Switch-iOS-Android)
Le jeu de la décennie sera pour moi Minecraft, tout simplement parce que c'est probablement le jeu auquel j'ai le plus joué, sur la plus longue période de temps.
J'y joue encore parfois et cela pourra durer sûrement encore dix ans. J'ai grandi avec, j'y ai appris les bases de l'électronique, j'y ai joué des aventures incroyables, j'ai moddé le jeu jusqu'à ce qu'il ne puisse plus tourner sur ma machine, et il m'a permis de rencontrer de très bons potes.
Plus tard je suis passé du côté technique du jeu, en suivant d'obscurs youtubeurs allemands qui, avec un micro pété, m'expliquaient comment ils ont reverse engineered le jeu pour manipuler la RNG en survie via des mécanismes invraisemblables.
Les évolutions récentes suite au rachat par Microsoft ont d'abord été pas mal décriées par les fans du jeu mais elles lui ont redonné un nouveau souffle, tant en mode « survie aventure » que d'un point de vue technique. Les mises à jour sont désormais plus fréquentes et le jeu (un peu) plus optimisé.
Bref c'est le premier jeu que j'ai acheté, et les possibilités sont tellement infinies que j'y jouerai encore longtemps.
Kevin, expert gaming
The Witness (2016, PC-PS4-Xbox One-iOS-Android)
Il y a dix ans, je débarquais à Paris pour débuter ma « carrière » dans la presse Jeux Vidéo. Autant vous dire que durant la décennie écoulée, j'ai bouffé du jeu vidéo comme un affamé. Des dizaines et des dizaines de titres, poncés en long, en large et en travers, pour réaliser des soluces. Une tripotée de jeux indés découverts, appréciés et décortiqués. Des déceptions aussi, bien évidemment. Pourtant, lorsque Pierre nous a demandé de ne retenir qu'un seul jeu sur les dix dernières années, le choix a été extrêmement simple. Un seul nom s'est imposé à mon esprit, immédiatement. Pour moi (et c'est là un choix purement subjectif bien évidemment), aucun jeu n'a autant marqué ma vie de joueur que The Witness.
Si vous me connaissez un peu (on ne sait jamais, peut-être avez-vous lu assidûment tous les Indiescovery), vous savez que j'apprécie de me retourner le cerveau sur des Puzzle Game. Or, The Witness est un sacré représentant du genre.
Second titre de Jonathan Blow après l'excellent Braid, The Witness est un jeu d'une intelligence rare, qui mêle le fond et la forme pour servir un propos extrêmement intéressant et profond sur la création. Et pourtant, l'idée de départ de The Witness est d'une simplicité enfantine. Les puzzles reposent tous sur la même base, une grille au sein de laquelle il faudra relier un point A à un point B. Au fur et à mesure des découvertes, de nouvelles contraintes viennent s'ajouter, puis se mêler, pour compliquer ce principe de base.
Dans une démarche quasi-Oulipienne, Blow exploite son concept jusqu'à l'épuisement. Au fil des puzzles, il essore complètement ses mécaniques, les tord, les déforme, et les augmente jusqu'à nous en faire péter le cerveau. Et pourtant, c'est précisément lorsque l'on croit avoir fait le tour de la question, que l'on pense que ni Blow ni sa création ne peuvent plus nous surprendre, que The Witness nous assène une nouvelle torgnole. Je pense que cette découverte, chaque joueur l'a expérimentée d'une manière différente. Il est même possible que certains joueurs soient totalement passés à côté, même si The Witness fait tout ce qu'il faut pour vous donner les clés de cette découverte.
Difficile de vous en dire plus sans divulgâcher ce qui constitue, selon moi, le coup de génie de ce titre. Laissez-moi juste vous dire que cela a totalement modifié ma perception de ce jeu, et du jeu vidéo en général. Rien que ça. The Witness m'a obsédé pendant des jours et des jours. Il m'a fait me relever en pleine nuit pour relancer ma partie afin de résoudre une énigme sur laquelle je butais depuis des heures. Il m'a fait sortir un calepin et tracer des pages et des pages de schémas pour suppléer mon cerveau surchargé d'informations. J'ai partagé des sessions de réflexions intenses avec un autre joueur (Savatte si tu lis ces lignes) à l'autre bout du monde, chacun sur notre partie à tenter de décoder le même puzzle. The Witness m'a hanté, et me hante toujours comme aucun autre titre. Il a façonné la manière que j'ai d'appréhender le jeu vidéo dans son ensemble, et m'a poussé à réfléchir sur le média en général.
Ah oui, et c'est bien évidemment aussi un excellent titre pour ceux qui aiment se creuser le cigare, ce qui ne gâche rien.
Alexandre B, rédacteur
Red Dead Redemption 2 (2018, PC-PS4-Xbox One)
Pour moi, le jeu de la décennie est... Red Dead Redemption 2. Et ce n'est pas le cri du cœur d'un fan de base mais vraiment un choix mûrement réfléchi.
Je vais en oublier mais, pour moi, RDR2 réunit tous les ingrédients qui en font un hit parmi les hits : l'histoire, le charisme d'Arthur Morgan et tout ce qui se trouve autour, la musique, les décors, la map extraordinaire, le gameplay (même si la perfection attendra...).
L'attente était si forte après le 1 que, personnellement, c'est LE jeu que j'attendais depuis une bonne dizaine d'années. Et si RDR avait su créer l'attente, Rockstar Games ne m'a pas déçu, sincèrement.
J'ai toujours été attiré par l'univers des westerns. La culture adjacente à cet univers me fascine depuis mon plus jeune âge, que l'on parle de westerns spaghetti ou de westerns plus authentiques. Autant ce détail enlève de l'objectivité à mon avis, autant cela me rendait encore plus exigeant au moment de me lancer dans l'aventure RDR2.
L'histoire est fascinante, et suivre la déchéance physique d'Arthur Morgan est souvent douloureux durant le jeu, car on sait que « l'inévitable ne peut être évité », ce qui rend le jeu plus addictif et l'histoire plus attachante. Les dernières séquences, de cette chevauchée, où sa voix en fond se mélange parfaitement à la musique, jusqu'à son ultime combat, en passant par les derniers mots échangés avec son ami John, sont parmi les plus belles séquences du jeu vidéo, à mes yeux.
Les larmes ont coulé (n'ayons pas peur de le dire), et je me suis refait dans ma tête plusieurs fois cette scène, terrible... où l'on voit Arthur partir, seul, mais avec dignité, ayant atteint sa rédemption.
Pour résumer : parce que je suis sensible à cet univers et que mes attentes ont été satisfaites au-delà de mes espérances, RDR2 est LE jeu de la décennie
Marc, expert smartphones
Untitled Goose Game (2019, PC-Switch-Xbox One)
Un seul jeu pour sur dix ans, non mais ça va pas ?! Mais si je devais vraiment choisir, j'opterais sûrement pour mon dernier coup de cœur : Untitled Goose Game. À l'opposé des titres de castagne ou des shoot them up, ce titre développé par un studio indépendant propose un pitch a priori très reposant.
Le joueur incarne une oie, qui doit semer la panique dans un paisible village en réalisant une suite d'actions. Plus elle est odieuse et détestable, plus elle approche du but...
Outre un gameplay très accessible aux joueurs occasionnels dont je fais partie, le jeu met en œuvre un solide sens du second degré ainsi qu'un humour très british dont je suis friand. Et ce n'est pas si courant que cela dans les jeux vidéo actuels !
Antoine, expert séries TV
Portal 2 (2011, PC-PS3-Xbox 360)
Le titre que je qualifierais de jeu de la décennie est arrivé instantanément dans ma tête, même pas besoin de débat : Portal 2. Le seul jeu qui a réussi à mêler, avec équilibre et génie, un gameplay formidable, un humour ravageur et une durée de vie idéale qui me permet de le refaire régulièrement.
Le solo comme la partie coop' (que j'ai torchée la nuit même de la sortie avec un pote, et qui restera l'un de mes meilleurs souvenirs de jeux vidéo) sont absolument à faire, que l'on soit joueur invétéré ou non.
Le jour où Portal 3 sera annoncé (probablement quand j'aurai 80 ans) je serai là, day one.
Nerces, expert hardware et gaming
The Witcher 3 (2015, PC-PS4-Xbox One-Switch)
Un jeu pour ces dix dernières années ? Un seul ?! Vous êtes sérieux Clubic ? Il va donc falloir que je choisisse parmi FTL, Red Dead Redemption, Papers Please, Crusader Kings 2, Disco Elysium, The Witcher 3, Cuphead, The Swapper ou Europa Universalis 4 ? Pfff... chienne de vie.
Puisqu'« il ne peut en rester qu'un », mon choix va se porter sur le best-seller de CD Projekt RED. The Witcher 3 est une claque comme j'en ai rarement reçue au cours de ma vie de joueur / testeur. Tout n'y est pas parfait, à commencer par ces combats un peu bancals, mais quel univers, quelle ambiance ! Rares sont les jeux à proposer un monde aussi vaste, aussi consistant, tout en maintenant l'intérêt du joueur pour son scénario principal.
The Witcher 3, c'est plusieurs dizaines d'heures de jeu, que je n'ai pas vu passer.
Benoît, rédacteur
PlanetSide 2 (2012, PC-PS4)
Eh bien, pour moi, ce sera Planetside 2. J'ai toujours été fan de mondes ouverts, et un MMOFPS, c'est déjà très rare en comparaison des MMORPG. Mais alors, un MMOFPS de qualité, et en plus gratuit, c'est franchement unique.
Ce qui me botte dans PS2, c'est d'abord la richesse du gameplay, que ce soit pour l'infanterie ou les véhicules terrestres ou aériens, et que je trouve nettement supérieur à celui de n'importe quel Battlefield.
Et comme toutes les armes et tous les véhicules peuvent être débloqués sans payer d'argent (seuls les skins en ont besoin), c'est un vrai bonheur ! Il ne me reste plus qu'à dompter le gameplay de ces fichus véhicules aériens...
Alexandre, rédacteur
World of Warcraft (2006—, PC)
Mon jeu de la décennie n'est pas le plus original, ni le plus innovant en termes de gameplay, et certainement pas le plus beau. Mais il est sans conteste celui qui m'a fait vivre le plus d'expériences incroyables. Or, finalement, c'est bien pour les sensations qu'il nous procure qu'on pratique le jeu vidéo.
Moi, grand amateur de jeu solo et qui ne joue aujourd'hui quasiment plus en multijoueurs, je choisis World of Warcraft. Blizzard a réussi à révolutionner le MMORPG en proposant régulièrement du contenu end-game et en renouvelant sans cesse les mécaniques de jeu. Les raids en guilde, le PVP sauvage, les vallées d'Alterac qui pouvaient à l'époque durer des heures... Autant de moments épiques vécus en groupe sur TeamSpeak, Ventrilo ou Mumble (les ancêtres de Discord) et des souvenirs plein la tête.
Je n'ai plus le temps pour vivre tout cela, mais ce sentiment de nostalgie que me procure WoW, je ne le retrouve sur aucun autre jeu, et pourtant il y en a eu ! D'ailleurs, je suis toujours avec une grande attention l'évolution du lore de Warcraft. C'est aussi là que Blibli a fait fort : même si on peut parfois éprouver une certaine lassitude face au jeu, on finit toujours par revenir pour l'histoire d'Azeroth. Pour toutes ces raisons, WoW reste mon coup de cœur, même post-2010.
Johan, expert objets connectés
Total War : Warhammer II (2017, PC)
En tant que grand fan des licences Warhammer, j'ai toujours rêvé de pouvoir mettre en scène les batailles de figurines épiques auxquelles je joue depuis des années sur ma table. Donc autant dire qu'un jeu qui me permet de diriger mes factions préférées (I love skavens, oui-oui) avec des milliers de soldats à l'écran, c'est juste du bonheur !
Total War Warhammer II vient peaufiner la recette du premier en reprenant les éléments de gestion propres à cette grande série de jeux. La mise en place du Grand Vortex apporte une couche de stress supplémentaire lors des parties, encourageant un gameplay plus rapide et agressif que par le passé. Et puis c'est aussi un excellent prétexte pour ajouter un peu de background à l'ensemble, ce qui ne fait jamais de mal dans un univers aussi riche que celui de Warhammer.
Je me suis éclaté durant des dizaines d'heures sur cet excellent titre. Bon, j'avoue que le coup des DLC qui rajoutent juste des héros est un peu moyen, mais le jeu de base reste suffisamment complet pour s'en passer. Il y a déjà des centaines d'heures de contenu pour qui veut essayer toutes les factions et tous les seigneurs disponibles.
En gros, énorme coup de cœur pour moi. Sur ce, j'y retourne, j'ai des hommes-lézard à mater et un Vortex à conquérir. Le Rat Cornu ne va pas envahir le Vieux Monde tout seul après tout !
Nathan, expert hardware
Red Dead Redemption (2010, PS3-Xbox 360)
Pourquoi Red Dead Redemption ? Parce qu'il est selon moi le monde ouvert le plus réussi de la génération PS360... Et de loin. Avec Red Dead Redemption Rockstar Games distillait tout ce qui avait été appris dans GTA IV et le transposait avec un talent inégalé à l'univers western. Red Dead Redemption c'était aussi ce sentiment de complète liberté dès les premières minutes de jeu.
Un Colt à la ceinture, une monture et pas grand-chose d'autre suffisait à être le roi du monde, entre Blackwater et Escalera, et à se sentir investi d'un droit de vie ou de mort sur les habitants des fermes reculées d'Hennigan's Stead. Mais au-delà de ses qualités en tant que monde ouvert, le titre de Rockstar dépeignait avec panache la fin d'un rêve américain, celui de la conquête de l'Ouest, et le début d'un autre : celui de la modernité aux aigres relents de marche forcée vers une nouvelle époque. La course politico-industrielle qui mènera quelques décennies plus tard les États-Unis au rang de première puissance mondiale s'installait ainsi en filigrane tout au long du jeu pour se révéler dans son écrasante brutalité sur les dernières heures de l'aventure.
Red Dead Redemption c'était, enfin, un scénario simple, peut-être même convenu, mais porté par des personnages comme seul Rockstar semble être capable d'en façonner. Des personnages forts, suffisamment ciselés pour marquer le joueur et instaurer ce climat si particulier, propice à l'émotion. Une alchimie que le studio américain a tenté de reproduire avec emphase dans Red Dead Redemption 2... sans jamais vraiment y parvenir selon moi.
Guillaume, expert audio
Stardew Valley (2016, PC-PS4-Xbox One-Switch)
Typiquement le genre de jeu auquel je n'accroche pas à la base, Stardew Valley est une sorte de petit rêve chronophage m'ayant totalement converti.
La promesse de base est pourtant aussi bête que les autres simulateurs de vie : cultiver son jardin, pêcher, miner, se caler à la taverne du coin. Mais que ce soient ses graphismes tout en pixel art, sa profondeur ou son univers si reposant, absolument tout fonctionne dans ce jeu développé par une seule personne. Des dizaines voire des centaines d'heures en perspective, seul ou à deux, Stardew Valley étant depuis peu disponible en multijoueurs.
Mon meilleur achat vidéoludique depuis très longtemps !
Matthieu, expert hardware
Celeste (2018, PC-PS4-Xbox One-Switch)
L'échec est le fondement de la réussite. Cette citation attribuée à Lao Tseu décrit à merveille le dernier jeu sorti de l'esprit de Matt Thorne, Celeste. Suivant les péripéties de la jeune Madeline qui tente de gravir le Mont Celeste, on s'aperçoit vite que ce hardcore platformer est atypique, nous dévoilant tableau par tableau, rencontre après rencontre, une trame narrative autour de laquelle, une fois n'est pas coutume, le jeu se construit.
Entre exaltation et amertume, Celeste nous fait passer d'un état à l'autre grâce à un gameplay minimaliste constitué de trois actions (saut, dash et escalade) et d'un niveau de difficulté très relevé (pour ne pas dire intense) où les morts se comptent par milliers, mettant à rude épreuve nos gamepads ! Outre son level design, ses b-sides et son adorable Pixel Art, la bienveillance du message et des métaphores parvient à faire mouche et à soulever des questions et des sujets auxquels on ne s'attend pas : de la complexité à surmonter ses propres erreurs, de la détresse et du mal-être qui peuvent en résulter... Une aventure introspective sublimement mise en relief grâce au scénario, qui prend tout son sens avec son gameplay et son sound design parsemé de compositions épatantes, tantôt douces et mélancoliques, réconfortantes et encourageantes.
Pourquoi ai-je choisi Celeste ? Car ce titre m'a fait sortir de ma zone de confort, alors même que je n'avais plus joué à un platformer depuis des années et que cela me rebutait un peu. Accessible à tous malgré son niveau de difficulté (je ne serais peut-être pas allée au bout sans les différentes assistances comme le dash infini) Celeste m'a fait redécouvrir le genre sous un nouvel angle, au travers de l'ascension de Madeline, de sa fuite en avant et de sa folle aventure. Une expérience étonnante, émotive, une véritable pépite qui m'a incitée à manger des fraises plus souvent, à découvrir et à apprécier d'autres titres comme l'addictif vridniX (clin d'œil à Greg2fram) ou l'excellent Dead Cells.
Mathieu, rédacteur
Journey (2012, PC-PS3-PS4)
Journey sera mon jeu de la décennie. Il l'était déjà en 2012 à sa sortie de toute façon. Dans ce petit titre indépendant sorti d'abord sur PS3, puis sur toutes les plateformes au fil des années, on incarne un personnage mystérieux qui porte une burka rouge et n'a pas de nom. Perdu dans un désert, il faut avancer vers cette montagne au loin, qui pourrait révéler la raison de notre présence dans ce monde.
Ce qui m'a frappé dans Journey, c'est avant tout sa proposition artistique. L'univers est d'apparence très épuré mais révèle finalement ses richesses au fur et à mesure de la progression. La mise en scène est sublime, avec quelques cadres tout simplement somptueux comme je les aime et la musique l'est tout autant, omniprésente durant les deux heures que dure l'aventure.
Mais le plus impressionnant avec Journey, c'est la connexion aléatoire avec les joueurs anonymes. Pas de discussions, ou de messages textuels, tout passe par un seul bouton qui permet de pousser un cri, plus ou moins fort selon la pression. On peut les ignorer mais également tenter de communiquer avec eux, les aider ou partager un bout d'aventure ensemble. Perdre un « ami » qui décide de continuer sa route seul est un déchirement. Et toujours sans un mot.
Journey n'est pas le jeu le plus révolutionnaire qui est sorti cette décennie, mais une proposition différente et forte, un vent de fraîcheur qui aura provoqué l'une de mes plus grandes émotions, manette en main. Il est surement un peu court ce voyage...mais quel voyage !
Pierre, expert smartphones et gaming
Bloodborne (2015, PS4)
Il y a ce petit quelque chose dans les productions From Software qui m'a toujours attiré. Mais l'apparente rigidité des premiers Dark Souls m'ayant toujours fait fuir, je n'avais pas creusé davantage l'esprit torturé de Hidetaka Miyazaki avant la sortie de Bloodborne en 2015.
Dire que mon expérience avec le jeu a été une révélation est un euphémisme. Débarrassé des scories qui me gênaient tant dans les précédents titres du studio, je découvrais là un univers dense et un gameplay impitoyable qui invite autant à la prudence qu'à la prise de risque. Et le joueur pressé que je suis s'en est souvent mordu les doigts.
Mais là où j'aurais pu abandonner et me tourner vers des titres plus accessibles, j'ai fait le choix de continuer. Pourquoi ? Parce que Bloodborne m'a saisi au cœur pour ne plus jamais me lâcher. Avec sa narration sibylline, ses affrontements épiques, la direction artistique figurant d'occultes bâtisses victoriennes et la magistrale orchestration de sa bande-son, j'avançais dans l'histoire avec autant de peines que de plaisir. Pour la première fois depuis longtemps, je devais me faire violence pour avancer dans un jeu vidéo. Et la rage au ventre qui monte lentement après chaque mise à mort par un ennemi trop retors n'a d'égale que l'indicible satisfaction d'enfin le vaincre.
Bloodborne est pour moi le jeu de la décennie pour ce qu'il est parvenu à réveiller en moi. Cette soif de la découverte, cette force qui — malgré la saisissante envie de détruire sa console à coup de batte — m'a poussé à revenir encore et encore me casser les dents contre un boss horriblement difficile (Vicaire Amelia, tu hantes encore mes nuits). Je me souviens aussi ce brutal épuisement m'ayant frappé une fois que les crédits de fin ont commencé à défilé. « Bordel, mais à quoi est-ce que je viens de jouer ? », m'étais-je alors dit. Une claque comme j'en avais rarement reçu. Et que m'a joue n'a eu le temps de cicatriser que jusqu'à la sortie de Death Stranding, en novembre dernier - lui aussi bien parti pour être parmi mes inoubliables de joueur.
Marion, rédactrice
Crash Team Racing Nitro Fueled (2019, PS4-Xbox One-Switch)
Le vrombissement de la rumeur avait enflé fin 2018, avant que l'annonce de l'arrivée ne soit confirmée par Activision. Crash Team Racing (alias CTR, pour les intimes), le jeu de kart du marsupial déjanté sorti en 1999 sur la mythique PlayStation première du nom allait avoir droit à un remake sur PS4, Xbox One et Nintendo Switch.
Une révision de moteur, un ravalement de carrosserie, comme en avaient bénéficié quelque temps avant ses trois grands frères de plateformes dans l'excellente compilation Crash Bandicoot N'Sane Trilogy. Le 21 juin dernier, couvrant le vacarme des musiciens amateurs, débarquait donc en trombe, Crash Team Racing Nitro Fueled. Une version remasterisée et survitaminée du jeu de courses de karts, avec en guest-stars le fameux marsupial et sa bande.
Le soir même, j'allais pouvoir faire chauffer les pistes des circuits et affronter mes amis dans des courses effrénées, rythmées par les envois de missiles, de pièges et de dérapages en tout genre. Marcel avait sa madeleine, j'avais mon CTR. Que de temps passé sur le canapé du salon à affronter des adversaires qui — pauvres naïfs présomptueux —, prétendaient pouvoir me ravir la première place du podium. Près de 20 ans plus tard, la bête était de retour.
Dès le lancement, ce fut la claque ! Je retrouvais mon CTR chéri tout pimpé, avec un tout nouveau moteur exhaussant les sensations. Des courses, des arènes de combats, des modes de jeux divers, des tonnes de personnages, de karts, de skins à débloquer. Les soirées estivales furent rythmées par les bruits des karts, les râles de mes amis tombant dans un ravin, la rage de recevoir une bombe en plein pot d'échappement à quelques mètres de l'arrivée, mais surtout par les rires d'un véritable jeu vidéo social, car pour moi, CTR prend tout son sens en multijoueurs. Crash Team Racing avec ta version Nitro Fueled, meilleur jeu de cette décennie, définitivement je te vroume !
soixante, développeur :
FTL (2012, PC-iOS)
FTL est un rogue-like dans la plus pure tradition de Nethack : bien que tout soit généré de façon aléatoire, la chance n'intervient que très peu dans la réussite d'une partie.
L'essentiel du gameplay est basé uniquement sur les connaissances que le joueur a du jeu, ses capacités à planifier et évaluer chaque situation, sans oublier un combat final absolument épique.
Dans la forme, FTL est parfaitement maîtrisé : lisible, beau, efficace, direct, aucun temps mort, on peut enchaîner les parties sans voir le temps passer, sans s'ennuyer une seule seconde.
Depuis 2012, il n'a jamais quitté mon HDD : rejouable à l'infini, le jeu récompense l'intelligence du joueur, et ça fait toujours plaisir de se faire flatter, n'est-ce pas... :)
C'est également mon jeu de la décennie par son mode de production : kickstarté, le jeu a été développé par une petite équipe (deux devs seulement) de passionnés. À une époque où l'intégralité des jeux AAA ont des budgets colossaux mais un gameplay insignifiant, des graphismes photoréalistes sans saveur, un casting de stars dans des cut-scenes réalisées avec le cul, toujours plus de polygones pour des histoires déjà lues/vues/entendues mille fois. FTL est sorti de nulle part et m'a offert un véritable jeu.