Photo :  Frédérique Plas/LERMA/CNRS Photothèque
Photo : Frédérique Plas/LERMA/CNRS Photothèque

Le 10 septembre 2020, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a annoncé avoir décerné cette année sa médaille d’or à l’astrophysicienne Françoise Combes. Cette distinction scientifique, la plus prestigieuse en France, vient récompenser plusieurs décennies de travaux portant principalement sur la physique galactique.

Pour Françoise Combes, cette médaille d’or s’inscrit dans une longue liste de récompenses venant couronner une carrière scientifique exceptionnelle.

L’étude des galaxies et du milieu intergalactique

Dès la fin de ses études supérieures, dans les années 1970, Françoise Combes s’est intéressée à la physique galactique, autrement dit à l’étude de la formation, de la structure et de l’évolution des galaxies. D’après les dernières observations scientifiques, l’Univers observable serait constitué d’environ 2 000 galaxies. Ces ensembles gigantesques regroupent entre 100 et 200 milliards d’étoiles chacun et sont séparés les uns des autres par plusieurs millions d’années-lumières de vide intergalactique. Mais même dans les régions les plus froides et désertes du cosmos, le vide n’est jamais absolu. Et Françoise Combes a grandement contribué à notre connaissance de ce milieu inaccessible.

Ces dernières années, ses recherches l’ont amenée à porter une attention toute particulière au gaz moléculaire qui permet la formation des étoiles à l’intérieur des galaxies et qui se retrouvent également en très faible proportion dans le « vide » intergalactique. Françoise Combes est notamment une pionnière de l’observation de l’espace intergalactique. En utilisant des quasars (des objets extrêmement lumineux qui se forment au cœur de certaines galaxies) comme des phares éclairant le vide intergalactique, on peut y observer la présence des rares molécules qui s’y trouvent, et en déduire leur nature et leur concentration.

Une récompense amplement méritée

Mais les recherches de cette pionnière de la chimie du milieu interstellaire ont contribué à de nombreuses autres découvertes. Ses travaux ont ainsi permis d’établir que les trous noirs super-massifs au centre des galaxies ralentissent le rythme de formation des nouvelles étoiles. Les recherches de Françoise Combes ont aussi servi à calculer avec précision la température du fonds diffus cosmologique, et sont régulièrement réutilisées dans le cadre des études sur la matière noire.

Tour à tour enseignante-chercheuse à l’ENS, sous-directrice du laboratoire de physique de l’ENS et astronome à l’Observatoire de Paris, Françoise Combes a déjà été récompensée par l’European Astronomical Society en 2009, par la Canadian Astronomical Society en 2013 et par la Société astronomique de France il y a trois ans. Depuis 2014, elle est également la première femme à occuper une chaire d’astrophysique (la chaire « Galaxie et Cosmologie ») au célèbre Collège de France.

Étant donné la carrière exceptionnelle de Françoise Combes, l’obtention de la médaille d’or du CNRS semble à la fois logique et parfaitement méritée. Pourtant, depuis la création de cette récompense en 1954, seules 5 femmes avant elle avaient obtenu cette médaille, dont seulement deux avant 2013 ! Pour l’astrophysicienne française, la meilleure visibilité offerte aux chercheuses depuis quelques années est d’ailleurs absolument nécessaire, puisqu'elle permet de donner des modèles aux jeunes femmes souhaitant se diriger vers la recherche scientifique en général et l’astrophysique en particulier, où tant de choses restent encore à découvrir.

Source : CNRS