Plus besoin de Waze, les villes s'en prennent aux bouchons avec le big data

Romain Heuillard
Publié le 01 juillet 2016 à 15h20
Les transports, l'automobile et la technologie convergent encore un peu plus. En attendant que tout ne soit automatisé, un nombre grandissant de solutions et de services améliorent le quotidien des usagers de la route.

Certaines villes comme Paris ont l'air de se satisfaire de leur mauvaise position dans les classements des villes les plus embouteillées, voire d'aggraver délibérément la situation dans l'espoir de décourager les automobilistes. D'autres, en revanche, prennent des mesures fortes pour lutter contre les bouchons.

« Déjouer les bouchons », c'était le thème d'une conférence à laquelle nous avons assisté le mois dernier dans le cadre du festival Futur en Seine. Gestion des feux tricolores, favorisation de moyens de transport alternatifs, optimisation du stationnement, des représentants de collectivités locales et de startups sont venus des quatre coins de l'Europe pour nous présenter leurs solutions innovantes.

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Pour optimiser ses trajets, on peut utiliser, comme nous l'avons vu, des services d'info-trafic haute précision qui permettent de répartir plus harmonieusement la circulation. Plus on exploite d'axes simultanément, plus on augmente la capacité du réseau et plus on fluidifie le trafic. Mais les réseaux routiers sont ainsi faits qu'on plafonne vite.

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Les pouvoirs publics ont souvent une grande marge de progression supplémentaire en agissant directement sur les infrastructures. Et ils ont tout intérêt à améliorer la situation : en plus d'améliorer le confort de vie, réduire les bouchons rend du temps aux consommateurs et aux salariés, au profit de la consommation et de la productivité, donc de l'économie. Les embouteillages sont aussi un enjeu écologique, donc de santé publique.

Comment font Copenhague, Bologne ou Bruxelles ?

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Copenhague lutte contre les bouchons de... cyclistes

À Copenhague, capitale et plus grande ville du Danemark, 50 % de la population se rend au travail à vélo. Ils sont si nombreux qu'aux heures de pointe, les cyclistes font la queue aux feux : tout comme les automobilistes, ils doivent parfois attendre plusieurs cycles avant de traverser un carrefour.

La ville a ainsi investi 3 millions d'euros dans une solution de modélisation et de gestion du trafic. D'innombrables capteurs ont été installés pour analyser les flux à grande échelle et prendre les mesures appropriées : la temporisation des feux peut être ajustée afin d'améliorer l'écoulement du trafic. La ville vise en premier lieu à réduire les temps de trajets des cyclistes, ainsi que ceux des bus, ce qui les rend aussi plus réguliers. Sans avoir été raccourcis, les temps de trajets des automobilistes n'ont pas été rallongés pour autant.

La municipalité tient compte d'événements ponctuels, tels que des travaux ou des manifestations, pour informer les populations et leur suggérer des routes alternatives.

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Des feux ajustés en temps réel à Bologne

À Bologne, en Italie, 70 % des feux tricolores sont contrôlés à distance. Ils sont associés à 1 000 capteurs de passage, ce qui permet d'optimiser les temporisations en temps réel, en particulier au profit des bus.

Toutes les 3 secondes, le système de gestion des feux évalue la queue à chaque intersection, estime les taux de saturation, la part d'usagers qui doivent traverser la circulation (en tournant à gauche), et ajuste le temps des feux en fonction.

En outre, les 900 bus sont géo-localisés, comme souvent, ce qui permet d'afficher des temps d'attente aux 140 arrêts. Mais ils réclament surtout un passage prioritaire aux intersections. Il arrive qu'un bus doive malgré tout attendre à un feu, auquel cas les intersections en aval anticipent automatiquement le retard.

Résultat, les bus ont gagné 20 % de temps sur une avenue centrale de la ville. L'histoire ne dit pas si la fréquentation a augmenté pour autant.

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Les feux sont régulés aux carrefours des avenues pour donner l'avantage aux bus

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Bruxelles guide efficacement les services d'urgence

La ville de Bruxelles quant à elle illustre deux autres axes d'amélioration.

Pour commencer, elle contribue à l'harmonisation de l'Open Data dans le domaine des transports à l'échelle européenne. Le projet Open Transport Net (OTN) propose un portail mettant des données publiques à disposition des citoyens, des développeurs et des collectivités. Avec ces jeux de données, il est possible, par exemple, de cartographier les places de stationnement de la ville d'Issy-les-Moulineaux et de concevoir facilement une application d'aide au stationnement.

Pour une collectivité, des données harmonisées permettent de combiner plusieurs sources d'information. La ville de Bruxelles collecte ainsi l'information trafic auprès de partenaires tels que TomTom ou Orange (Waze en discussion), les données de travaux, pour influencer les feux de signalisation, mais aussi, plus rare, pour guider efficacement les services d'urgence.Dans une ville comme Paris, plus ou moins 20 % des véhicules en circulation sont en réalité arrivés à destination et cherchent à stationner. Certains automobilistes ne savent pas comment se rendre dans le parking souterrain le plus proche, ne veulent pas risquer de se rendre vers un parking complet ou préfèrent tourner 30 minutes que de payer plusieurs euros de l'heure.

Mais le Big Data, l'internet des objets (IoT) et l'innovation permettent à quelques startups de résoudre en partie ces problématiques.

OPnGO : le parking payant connecté

Pour commencer, OPnGO rend les parkings publics payants connectés. Il propose un service élémentaire : il cartographie les parkings dits d'ouvrage (Indigo, Saemes, etc.), indique leurs tarifs, et permet de réserver une place, le cas échéant, avec jusqu'à 30 % de réduction. Le service propose dès lors un accès mains libres puis un paiement mobile, le véhicule étant automatiquement reconnu aux bornes par sa plaque d'immatriculation.

Le service référence un tiers des places en ouvrage à Paris et en première couronne, soit 50 000 places.


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Citypark calcule le vrai temps de trajet, stationnement inclus

La société Qucit, qui « numérise les villes pour les soumettre à l'analyse mathématique », résout quant à elle une autre problématique. Avec son application Citypark, elle confronte les usagers aux « vrais temps de trajet ». Aussi ponctuelles soient-elles, des applications d'information trafic haute précision, telles que Waze, indiquent l'heure d'arrivée à la destination, mais non l'heure à laquelle on sera effectivement stationné et opérationnel.

En agrégeant toutes sortes de données, comme le nombre de places de stationnement en voirie et en ouvrage, la densité de restaurants et de commerces, ou encore la météo, le service conseille le stationnement le plus adapté au conducteur, en fonction de plusieurs critères (distance de la destination finale, rapidité, coût).


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BePark et Yespark : location facile de parking privé

Enfin, deux autres services, BePark et Yespark, offrent encore une autre approche. Ils permettent à des automobilistes de stationner dans des parkings privés, tels que ceux d'entreprises, d'immeubles d'habitations, d'hôtels ou de centres commerciaux.

Matérialisés sous la forme d'applications mobiles, ces deux services se sont donnés pour mission d'« ouvrir des barrières », au sens propre. Les deux jeunes pousses sont parties du constat qu'il y a constamment 60 000 à 120 000 places vacantes à Paris. Ils proposent de les louer avec facilité, ici aussi avec une entrée mains libres (par le biais d'un objet connecté pour l'accès au parking), un paiement en ligne et zéro formalité administrative.

Les deux services se distinguent à deux titres : premièrement, BePark propose de la location « d'une seule journée à une vie », alors que Yespark se concentre sur la longue durée (bien qu'ils soient tous deux sans engagement et sans préavis). Et deuxièmement, ils ne couvrent pas les mêmes villes. Pour connaître leur couverture (périmètre ?), nous vous invitons à consulter leurs sites internet.

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