Essai-MG-Marvel-R

Après des débuts remarqués avec le moins remarquable ZS EV, la firme chinoise MG revient plus forte que jamais avec sa nouvelle arme de conquête : le Marvel R. Plus inédit et aboutit, le SUV électrique se présente avec un style et une grille tarifaire qui attirent l'attention.

Reconnue pour ses roadsters anglais de caractère, MG est passée sous étendard chinois depuis son rachat par le géant SAIC en 2007. Après des débuts sur ses nouvelles terres natales, le constructeur a rapidement lorgné l’Europe avec ses voitures électrifiées. Son MG ZS EV s’est notamment fait remarquer avec sa grille tarifaire agressive, si bien que le crossover urbain a rencontré une certaine forme de succès en France, certes relatif au regard de son évident manque d’image et un réseau balbutiant. Mais les ambitions de MG sont plus fortes et le constructeur lance désormais le Marvel R, qui vise le gratin des SUV électriques du marché, rien que ça !

Essai-MG-Marvel-R

De la place pour les passagers, moins pour les bagages

Davantage considéré comme une merveille (d’où son nom) plutôt qu’une référence à l’univers futuriste des BD américaines, le MG Marvel R met le paquet en matière de style. Et s’il s’inspire encore d’autres références du segment des SUV, avec un pli de ceinture de caisse et une poupe finalement similaires au gimmick d’un Audi Q5, on ne peut pas lui reprocher de manquer d’originalité et de cohérence dans ses lignes. C’est notamment le cas avec la proue particulièrement expressive, reconnaissable de loin avec son bouclier ajouré. MG fait fort avec ce nouveau modèle, qui réussit l’exercice de l’applaudimètre dans les rues, où d’aucuns n'arriveraient à deviner ses origines chinoises.

D’une longueur de 4,67 m pour un empattement de 2,80 m, il joue des coudes avec le Skoda Enyaq iV et la Kia EV6. Il fait donc la part belle à l’habitabilité intérieure, où tous les occupants trouveront leurs aises. C’est vrai en tout cas pour l’espace aux coudes, mais un peu moins pour les genoux à l’arrière. Avec son architecture mécanique, le coffre fait fusible et annonce un volume de 357 l. C’est à peine plus que le Hyundai Kona Electric, de deux catégories inférieures, et loin des 585 l proposés par le Skoda Enyaq avec la banquette en place.

Les familles gourmandes pour les vacances seront vite limitées, d’autant que la modularité est plutôt classique : la banquette est fractionnable selon le schéma 2/3-1/3 et le plancher n’offre l’accès qu’à un simple petit fond permettant de ranger les câbles. Mais le MG Marvel R a l’intelligence de tirer tous les bénéfices de sa motorisation électrique et de libérer un espace sous le capot dans sa version à deux roues motrices (sans moteur avant donc).

D’autant qu’il fait mieux que la référence en la matière, le Tesla Model Y, avec un volume de 150 l contre 117 l pour l’américain. C’est suffisamment rare pour le noter puisque, à titre d’exemple, la Kia EV6 propose une boîte de 55 l seulement alors que l’Enyaq est incapable de trouver de la place sous son capot. L'ergonomie de ce coffre est aussi correcte, et prouve encore les ambitions du constructeur en matière : le sous-capot est aussi monté sur des vérins ! Un détail, mais c'est là que le diable se cache.

Un habitacle techno et une qualité en forte hausse

Les matériaux à l’intérieur sont de très bonne facture, et le Marvel R trompe une nouvelle fois son monde avec des assemblages similaires à ce que peuvent proposer les constructeurs européens. Il n’y a guère que les bruyants frottements de la sellerie en cuir de la version Luxury qui étonnent dans cet habitacle tiré à quatre épingles. L'ambiance est aussi technologique, car comme toutes les voitures modernes et électriques (pléonasme), le Marvel R ne lésine pas sur les écrans.

Derrière le volant se trouve un combiné d’instrumentation numérique de 12,3 pouces. Si l’ergonomie pour accéder aux différents menus avec les touches sur le volant n’est pas toujours aisée, les informations sont complètes. La partie centrale est davantage lisible et peut projeter la navigation à l’affichage travaillé. Il n’atteint pas le niveau du Virtual Cockpit d'Audi, mais la volonté d’aller le chatouiller est là.

En revanche, le Marvel R se distingue davantage avec son énorme dalle tactile centrale de 19,4 pouces. Plus grande que celle de la Tesla Model S et inclinée au plus grand bénéfice de l’ergonomie, elle donne l’accès à l’ensemble du système d’info-divertissement et aux réglages de la voiture. Mais ce n’est pas tant la réactivité à améliorer que la sensibilité de l’écran qui ne lui permet pas d’atteindre la perfection en matière d’interaction homme-machine : on se retrouve régulièrement à appuyer plutôt deux fois qu'une pour accéder à un menu ou activer une fonction.

Le tout-tactile, sous couvert d’épuration de l’habitacle, a ses limites, et il est aussi parfois complexe de devoir aller fouiller dans les menus pour désactiver quelques garde-fous électronique tout en conduisant, à l’image de l’alerte de franchissement de ligne trop vive et intrusive avec ses retours dans la direction. Un raccourci physique à la base de la dalle aurait eu plus de sens que les boutons de sélection des modes de conduite (Winter, Eco, Normal, Sport et Sport+) et de force de régénération (sur trois niveaux) qui encadrent le sélecteur de boîte.

Pour le reste, le SUV électrique propose toutes les fonctions habituelles avec une caméra de recul à 360°, une commande de la climatisation sophistiquée (avec des aérateurs à balayage automatique) ou encore un affichage en 3D plus évolué qu’à bord du MG EHS (mais à la définition limitée).

Il dispose aussi d’une navigation connectée par puce 5G (un abonnement de 3 ans offert) dotée d’un planificateur d’autonomie. Reste que lors d’une tentative de navigation entre Lyon et Paris (474 km), le dispositif ne nous a pas indiqué que l’autonomie restante (183 km au moment du test) n’était pas suffisante pour rejoindre la destination. Mais ne nous sommes pas inquiets, car ces premiers modèles devront rapidement recevoir une mise à jour à distance, qui corrigera par ailleurs les traductions parfois approximatives de quelques menus.

Au volant du MG Marvel R

Convaincant dans l’habitacle, le MG Marvel R séduit aussi sur la route. Passés les premiers kilomètres à s’habituer à la troublante consistance de direction, on évolue sereinement dans ce SUV électrique à l’insonorisation travaillée (on perçoit tout de même des bruits aérodynamiques au niveau du pare-brise sur autoroute, rien de rédhibitoire). Tout comme le confort global, qui est plutôt satisfaisant. La quiétude sera davantage compromise sur les routes dégradées à cause des trépidations et des réglages fermes de la suspension. Une spécificité des SUV électriques, qui n’ont d’autre choix que de recourir à ce paramétrage pour maintenir leur masse, de 1 810 kg à vide pour ce Marvel R à deux roues motrices.

Etienne Rovillé pour MG France

Mais c’est bénéfique au comportement routier, sain et sécurisant à défaut d’être réellement dynamique ou sportif, comme son badge R et son physique athlétique le laissent supposer. Les vraies limites viennent du train avant, connecté à une direction peu informative et manquant de mordant, obligeant l’ESP à reprendre bruyamment le contrôle avec les freins. C’est notamment le cas lorsque l’on décide de profiter de la cavalerie présente, avec une pédale d’accélérateur qui réagit sans délai.

Une mécanique exotique et des performances honorables

Car derrière son apparence, le MG Marvel R se montre comme l’un des SUV électriques les plus sophistiqués au chapitre mécanique : contrairement à ses concurrents, il embarque deux moteurs électriques sur le train arrière, d’une puissance de 109 ch et 71 ch, offrant un total de 180 ch pour 410 Nm de couple. Dotés d’un rapport de démultiplication différent, ils travaillent de concert pour favoriser au mieux les consommations et la réactivité du moteur.

A cette particularité s’ajoute également une boîte de vitesse à deux rapports, unique dans le segment des voitures électriques à l’exception des exclusives Audi e-Tron GT et Porsche Taycan, basées sur la même plateforme. Servant le couple et les accélérations à basse vitesse, la première vitesse passe le relais au second pignon à partir de 50 km/h selon la charge exercée pour favoriser les hautes vitesses (jusqu’à la vitesse maximale de 200 km/h) et les reprises. Et elle ne manque pas de consistance, puisque nous avons relevé un 80-120 km/h en 5,80 s. C’est un peu mieux qu’avec l’un des trois SUV électriques du groupe Volkswagen dans la configuration 204 ch.

MG Marvel R : autonomie et recharge

Convaincants en matière de performances, les choix techniques semblent aussi porter leurs fruits côté consommations. Notamment en ville et sur route, où le SUV chinois peut facilement se stabiliser autour des 18 kWh/100 km. Ce qui laisse espérer une autonomie totale de 370 km.

Le bilan est en revanche bien moins positif sur autoroute, où l’appétit est moins contrôlé. Sur ce terrain, nous avons relevé près de 28 kWh/100 km, c'est dans la moyenne haute de la catégorie. Avec une batterie à la capacité brute de 70 kWh, le Marvel R ne permet pas d’enchaîner les kilomètres avant de rejoindre une borne rapide. D’autant que, comme toujours, il faudra se passer des derniers 20% de charge, qui se récupèrent lentement et au prix fort en France où la facturation à la minute est légion. Lors des voyages, il faudra donc se brancher tous les 200 km en moyenne. 

C’est encore plus vrai avec sa puissance de recharge, correcte dans l’absolu, mais en retrait de ce que peuvent proposer les SUV familiaux concurrents : la puissance DC de 92 kW du Marvel R lui permet de passer de 5% à 80% en 40 minutes. C’est bien, mais la valeur fait pâle figure face aux 125 kW du Volkswagen ID.4 Pro Performance (batterie de 77 kWh) ou de la Hyundai Ioniq 5 et son inatteignable puissance de 350 kW, qui se traduit dans la réalité par 220 kW.

Fort heureusement pour le MG Marvel R, l’opérateur Ionity a changé son fusil d’épaule et ne propose plus ses tarifs préférentiels qu’à une poignée de constructeurs partenaires. Avec un abonnement Ionity Passeport à 17,99 €/mois, le Marvel R pourra profiter d’un prix de 0,35 €/min, soit 14€ pour 180 km d’autonomie selon nos relevés de consommation. Le MG Marvel R profitera bien plus de la potentielle grille tarifaire de Tesla, dont l’ouverture de ses Superchargeurs à toutes les marques est sans doute imminente en France.

MG Marvel R : prix et équipements

Comme son petit frère le MG ZS EV, le Marvel R compte surtout sur sa grille tarifaire aussi agressive que son style pour séduire la clientèle européenne. La gamme se compose uniquement de deux niveaux de finition avec la configuration propulsion, et une puissante déclinaison Performance.

La gamme s'ouvre avec la version Comfort au prix de 39 990 €. Elle embarque tout le nécessaire avec le système de recharge inversée V2L de 2 500 w, l’écran central avec les connectivités filaires pour smartphones, la climatisation automatique bi-zone, l’instrumentation numérique, les phares Matrix LED ou le toit ouvrant.

La déclinaison Luxury, au prix de 44 990 €, apporte en plus les sièges chauffants et ventilés en cuir, la caméra 360°, le chargeur à induction, la commande vocale « Bonjour MG », l’audio par Amazon ou la navigation connectée.

Plus qu’un niveau de finition, la Performance ajoute un troisième moteur à l’avant. La soute sous le capot est perdue, mais la puissance grimpe à 288 ch. La dotation est similaire à celle de la version Luxury mais ajoute le système audio Bose à 9 haut-parleurs. Il faudra aussi composer avec une autonomie WLTP un peu moindre, de 370 km contre 402 km.

  • MG Marvel R Comfort : 39 990 €
  • MG Marvel R Luxury : 44 990 €
  • MG Marvel R Performance : 48 990 €

Fiche technique MG Marvel R

Avis MG Marvel R : faut-il craquer pour ce SUV électrique ?

Si la route vers l’Europe semblait encore longue pour MG avec le ZS EV, la plus chinoise des marques britanniques montre avec le Marvel R qu’elle est proche de sa destination. Sa qualité de finition et sa présentation font oublier ses quelques lacunes en matière d’équipements technos (il n’y a pas d’affichage tête-haute en réalité augmentée comme chez les concurrents, par exemple). Mais il surprend davantage par ses qualités routières, avec un comportement homogène a défaut d’être vraiment dynamique et un confort de bonne facture.

Avec une grille tarifaire en dessous de ce que proposent les concurrents, il se place comme une alternative de choix. Reste que les familles aux budgets les plus serrés devront composer avec un coffre mesuré et une consommation sur autoroute qui bride la polyvalence. Dommage, car les efforts techniques que certains constructeurs historiques ne se permettent pas se révèlent plutôt convaincants sur route et en ville.