La division matérielle de Microsoft, un temps connue et réputée pour ses innovations technologiques, semble depuis quelques années déjà en retrait. Pour preuve, c'est Apple qui a volé la vedette au géant des logiciels en introduisant la première souris tactile, la fameuse Magic Mouse. Microsoft ne s'avoue toutefois pas vaincu et annonçait au CES (voir Microsoft annonce (enfin) sa souris tactile, la Touch Mouse), en début d'année, sa toute première souris tactile la Microsoft Touch Mouse. Pourtant les premiers prototypes de cette souris remontent... à 2009 !
Difficile en effet de ne pas faire l'analogie entre la Microsoft Touch Mouse et la Magic Mouse d'Apple tant les deux produits ont une inspiration commune. Quoi qu'il en soit, la souris de Microsoft se destine aux PC, et plus particulièrement aux machines sous Windows 7. Que vaut l'expérience du tactile sous Windows ? La réponse dans les lignes qui suivent !
Design
Aplatie ! Voilà le qualificatif qui convient le mieux à la Touch Mouse une fois cette dernière sortie de son emballage (un exercice du reste un rien périlleux vu les attaches en plastiques utilisées). Plate et ambidextre, la souris revêt une robe de plastique noir mat alors que son sabot adopte une surface blanche brillante. Point de molettes ni de boutons latéraux sur cette Touch Mouse, dont les seules zones cliquables sont les habituels boutons gauche et droit ici dissimulés sous une surface uniforme. La zone tactile est matérialisée par des petites étoiles claires, un choix esthétique inattendu.Alors que la souris comporte un témoin de batterie en son sommet, on trouve sur sa semelle un bouton de mise en route, la trappe pour les deux piles LR6 ainsi qu'un logement pour ranger le micro-récepteur radio fourni par Microsoft. À noter que le fait de ranger le récepteur, n'éteint pas automatiquement la souris. Il faudra pour cela recourir à l'interrupteur.
Deux patins longilignes sont censés conférer au mulot ses qualités de glisse.
La technique !
Optique et sans fil, la Touch Mouse est équipée de la technologie BlueTrack de Microsoft. Il s'agit d'un capteur à lumière bleue. L'avantage, selon les ingénieurs de Microsoft, se situe au niveau de la longueur d'onde de la couleur bleue qui permet de faire mieux ressortir certains détails des surfaces sur lesquels la Touch Mouse est amenée à évoluer. Si la souris peut se déplacer sans souci sur des surfaces en marbre ou des tapis et moquettes, elle n'est en revanche pas censée opérer sur des surfaces en verre. Durant nos tests, nous avons toutefois pu la faire fonctionner sur un bureau en verre sablé : et si le capteur suit sur cet environnement, les patins rendent en revanche la souris difficilement utilisable.La liaison sans fil employée par Microsoft est sans grande surprise radio sur une longueur d'onde de 2,4 GHz. Hélas point n'est question de Bluetooth sur ce modèle. Quant à la zone tactile, assez large sur le sommet de la souris, elle est multi-point. Rappelons que l'Arc Touch Mouse de Microsoft était simplement pourvue d'une molette tactile, rien à voir donc avec cette Touch Mouse.
Précisons que la souris est livrée avec deux piles LR6 (elle peut fonctionner avec une seule pile comme toujours chez Microsoft) et un câble rallonge USB sur lequel on pourra brancher le récepteur radio si votre tour est relativement éloignée de votre souris par exemple. Microsoft propose même un clip de fixation de la dite rallonge avec un autocollant pour le poser sur la surface de votre choix.
Les gestes
Compatible uniquement avec Windows 7, la Touch Mouse propose un ensemble de gestes tactiles. Pour profiter de ces fonctionnalités, il faudra télécharger les pilotes Intellipoint 8.xx de Microsoft, ceux-ci n'étant pas fournis dans la boîte. Le téléchargement se fait en Windows Update très rapidement et ne nécessite pas de redémarrage ; un bon point même si on se demande pourquoi il nous était proposé de télécharger dans la foulée les pilotes pour clavier Microsoft.Revenons-en à nos gestes tactiles : ceux-ci ne sont pas légion, mais leur apprentissage est frappant ! Pour chaque geste, le pilote Microsoft propose une vidéo de démonstration. Pour un peu on se croirait sous Mac OS X !
Le geste le plus évident est celui du défilement : d'un doigt sur le centre de la zone tactile, matérialisé par un trait embossé, on peut faire défiler les ascenseurs des fenêtres d'applications. C'est le geste le plus intuitif qui peut d'ailleurs s'effectuer sur toute partie de la zone tactile de la souris. Notez que la zone répond assez bien, et semble sensible aux impulsions et arrêts brutaux de défilement. Reste que face à une roulette comme la MicroGear de Logitech, la sensation n'est clairement pas la même d'autant qu'il ne faut pas compter sur le retour haptique d'une Arc Touch Mouse par exemple. En clair on préfère quand même la molette pour cet exercice.
Les boutons précédent et suivant sont remplacés par deux gestes sympathiques que l'on effectue avec le pouce en décrivant un petit arc de cercle sur le bas de la surface tactile. En fonction de la direction du geste (de gauche à droite ou inversement), Windows affichera la page précédente ou suivante dans votre navigateur internet.
Avec deux doigts, lorsqu'une fenêtre est ouverte à l'écran en glissant ses doigts vers le haut on maximise la fenêtre, en répétant le geste en sens inverse on restaure la fenêtre à ses dimensions initiales et en répétant une dernière fois le geste on peut minimiser la fenêtre (et par la suite la restaurer avec un geste en sens inverse).
Toujours avec deux doigts, mais en faisant défiler ceux-ci de droite à gauche, on peut envoyer une fenêtre en Aero Snap sur l'un des côtés de votre bureau Windows. C'est bien vu, mais à l'usage pas forcément intuitif.
Enfin avec trois doigts que l'on glisse de bas en haut, on active une fonctionnalité proche d'un certain Exposé. Logitech avait déjà proposé une fonctionnalité similaire dans ses pilotes SetPoint. C'est au tour de Microsoft avec la Touch Mouse. Avec ce geste, le bureau s'assombrit et laisse place à ce que Microsoft appelle la vue simultanée. Chaque programme en cours d'exécution apparaît avec une miniature représentant le contenu de sa fenêtre. Aero oblige, la lecture des vidéos se poursuit dans ce mode de visualisation. Et naturellement un clic sur le programme de son choix permet de rejoindre sa fenêtre. Le même geste effectué en sens inverse réduit toutes les fenêtres pour n'afficher que le bureau.
Chaque geste tactile est accompagné d'une notification visuelle, le curseur de la souris affichant alors le nombre de points d'entrée. Cette fonctionnalité peut être désactivée dans les pilotes avec une option à la traduction grandiose : « Afficher les chemins du toucher ».
Maniement
À l'usage la Touch Mouse de Microsoft surprend. Légère, la souris est en effet trop plate pour les grandes mains alors que son design minimaliste fait l'impasse sur tout ce qui est ergonomique. De la part d'une marque comme Microsoft qui s'est longtemps distinguée en concevant précisément des produits ergonomiques cela surprend. Ramassée, peu large, à la glisse hésitante, la souris offre une zone tactile au fonctionnement convaincant, pas de doute la dessus. Les gestes sont peu nombreux, mais efficaces et sans anicroche quant à leur exécution. Un détail toutefois, la surface tactile semble bien moins fonctionner lorsque vous avez les extrémités froides. Au-delà de ce détail, on retiendra le manque de confort de cette souris et notamment le pincement que l'on ressent à chaque clic. En saisissant la souris entre le pouce et l'annulaire, chaque clic entraine un micro pincement du bord de l'un ou l'autre de vos doigts. C'est peu agréable. D'autant que le clic est relativement mou et que Microsoft n'a pas cru bon de donner l'option « Tapoter pour cliquer » sur la zone tactile. Un mot également sur la nécessité de s'habituer à ces gestes tactiles : le réflex n'est pas toujours évident à prendre alors que parfois on exécute les mauvais gestes sans compter sur les gestes effectués par erreur en voulant tout simplement cliquer ou en saisissant la souris.Du côté optique en revanche, la souris s'avère relativement précise. Nous n'avons relevé aucun souci majeur en usage bureautique en ce qui concerne le comportement du capteur.
Conclusion
Intéressante sur le papier, la Touch Mouse de Microsoft n'est pas plus convaincante que ne l'était la Magic Mouse d'Apple à son lancement. Si la zone tactile fonctionne sans problème et rend des services appréciables avec une intégration tout bonnement excellente à Windows 7, on s'interroge sur certains choix et notamment sur l'absence de gestes pourtant évidents ! Rien pour zoomer sur une photographie autre que le défilement horizontal finalement peu intuitif, rien non plus pour faire une rotation... Et que penser du geste Aero Snap qui sera probablement aussi vite oublié qu'actionné par erreur ? Et pourquoi diable les gestes tactiles ne fonctionnent que sous Windows 7 ?L'autre défaut de cette souris est à chercher du côté de son ergonomie ou plutôt de l'absence totale d'ergonomie. Trop plate, sans zone de confort (repose pouce par exemple ?), la souris offre une glisse moyenne, propose un clic qui manque de nerf alors qu'on se pince le bout des doigts à chaque clic ! Quant au choix des matériaux, le tout plastique suprend face aux matériaux nobles d'une Magic Mouse par exemple.
Enfin et alors que la souris est annoncée à un prix public conseillé de 80 euros TTC, on s'étonne de certains choix technologies : l'absence de Bluetooth peut se défendre, mais une souris à ce prix qui fonctionne avec des piles sèches... en 2011 ? Alors qu'il fût un temps ou Microsoft nous faisait rêver avec une possible souris se rechargeant par induction... on est loin de cette époque ! En définitive, la Touch Mouse est un concept intéressant, bien réalisé, mais trop limité pour en faire une souris incontournable !