Thibault Jousse pour Clubic
Thibault Jousse pour Clubic

Avec la LiveWire, Harley-Davidson fait ses premiers tours de roues dans le monde de la moto électrique. Un premier modèle pour le moins exclusif, mais qui affiche des performances d'un autre monde.

Coup de tonnerre dans le monde la moto : Harley-Davidson commercialise un premier modèle électrique. « Hérésie » diront certains, « instinct de survie » diront d'autres. Quoiqu'il en soit, la Harley-Davidson LiveWire ne laisse pas indifférent.

Travaillée jusque dans les moindres détails

La LiveWire détonne d'abord par son look qui, il faut bien l'avouer, est vraiment réussi avec un mélange de tradition et de modernité. Tradition qui se concentre dans la petite tête de fourche qui apporte un peu de couleurs (avec des versions orange ou Yellow Fuse), et dans la fameuse transmission par courroie. Le cadre tout en aluminium accueille une imposante batterie de 15,5 kWh. Cette dernière surplombe le moteur électrique Revelation de 78 kW, soit l'équivalent de 105 ch.

Une puissance qui, sur le papier, paraît très modeste face aux super-sportives actuelles, il faut bien le reconnaitre. Mais dans la pratique, cette Harley-Davidson LiveWire n'est pas une simple moto supplémentaire au catalogue de la marque : c'est un véritable missile !

Thibault Jousse pour Clubic
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Avant d'en prendre le guidon, un tour du propriétaire s'impose. À l'exception de quelques détails tels que le coffre en plastique sous la selle qui semble un peu fragile, tout respire la qualité. Certes, les chromes sont aux abonnés absents et l'engin n'a rien de massif, contrairement à certaines autres production de Harley-Davidson. Mais le constructeur de Milwaukee n'a pas fait les choses à moitié au niveau de la partie cycle de sa LiveWire : éclairage LED, fourche inversée SHOWA SFF-BP entièrement réglable au même titre que l'amortisseur BFRC de même marque, écran numérique pour l'instrumentation et, motorisation électrique oblige, une application mobile plutôt complète.

Outre les fonctionnalités traditionnelles, celle-ci offre un calculateur pour calibrer les suspensions en fonction du poids du pilote, du passager et éventuellement des accessoires. Ajoutez à cela deux disques de frein de 300 mm avec étriers radiaux Brembo à quatre pistons à l'avant, et un disque de 260 mm avec un étrier deux pistons à l'arrière, et cette LiveWire s'impose sans le moindre doute comme la Harley-Davidson la plus affutée au catalogue.

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De 0 à 100 en 3 secondes seulement

Pourtant, il n'y a pas vraiment de quoi être ébahi devant les 105 ch pour 249 kg. Des chiffres bien moins impressionnants que certains monstres de puissance tels que la Yamaha R1, qui affiche 200 ch pour 201 kilos tous pleins faits. Les 116 Nm de couple sont disponibles instantanément à la moindre rotation de la poignée droite. La Harley-Davidson LiveWire vous met littéralement en orbite (merci l'électronique) pour atteindre 100 km/h en seulement 3 secondes ! Il ne lui manque qu'une paire d'ailes pour prendre son envol.

Les reprises sont du même acabit, avec un passage de 100 à 120 km/h en 2 secondes. De quoi effectuer des dépassements sans se poser de question. Un tel déferlement de performances n'est donc pas sans demander une certaine expérience au guidon de cette LiveWire, surtout lorsqu'elle circule sans un bruit en plein centre-ville. Gare aux piétons qui s'aventurent sur la route sans attendre le feu rouge, ou aux voitures qui coupent la route alors que la moto est déjà sur eux en un clin d'oeil. Car c'est à peu près le temps qu'il faut à la LiveWire pour passer de 0 à 50 km/h : un clin d'oeil...

Bien entendu, les amateurs du gros son caractéristique des productions de la marque en seront pour leurs frais. Mais au guidon, difficile de bouder son plaisir avec cette sensation de filer dans le vent en silence.

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Gare à l'autonomie de la batterie

Forcément, quand on parle de motorisation électrique, et a fortiori de moto électrique, la question de l'autonomie de la batterie est sur toutes les lèvres. Une question dont on peut se demander l'intérêt dans le domaine de la moto : en effet, bien des modèles thermiques affichent des performances limitées en la matière - la faute à leur consommation, à la taille de leur réservoir, ou aux deux.

Quoiqu'il en soit, Harley-Davidson annonce 235 km en ville, 152 km en cycle combiné, et moins si vous passez votre temps à essorer la poignée. Des différences notables en raison du style de pilotage, mais aussi des différents modes de conduite. Ces derniers sont au nombre de sept : outre les quatre modes qui sont proposés de série, le motard peut aussi configurer les siens en jouant sur différents paramètres : la puissance du moteur, le traction control ou encore la puissance du freinage régénératif. Ce dernier autorise la conduite de la LiveWire sans pratiquement jamais toucher les freins. Une conduite atypique à moto, loin d'être désagréable.

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Très efficace en ville, le freinage régénératif de la LiveWire nous a permis de réaliser plusieurs trajets avec une consommation extrêmement faible. Plus globalement, durant notre essai qui comptait de nombreuses portions d'autoroute, nous avons bénéficié d'environ 150 km d'autonomie, en jonglant entre les modes Eco et Sport. C'est plus ou moins la valeur annoncée par Harley-Davidson.

Plus que l'autonomie, c'est donc du côté de la recharge que la LiveWire risque de faire tiquer le motard aguerri. Alors qu'un modèle thermique pourra parfois afficher la même autonomie, il suffira néanmoins de quelques minutes pour faire le plein d'essence. De son côté, la LiveWire est livrée avec un câble adapté à la charge sur une simple prise domestique. Celui-ci se range sous la selle et permet de récupérer 21 km environ par heure de charge. Autant dire qu'il ne faut pas être trop pressé de repartir. Attention également, si vous chargez sur une borne publique, le câble n'est pas verrouillé au niveau du réservoir : rien n'empêche une personne malveillante de le débrancher ou de le voler.

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Si ce mode de recharge est néanmoins suffisant en rentrant le soir, il est évident que cela ne suffit pas pour les trajets plus longs. Dans ce cas, on préférera la recharge sur une borne rapide en courant continu, puisque la LiveWire dispose d'un connecteur CCS Combo. Il faudra alors 40 minutes pour retrouver une capacité de 80% environ, et une heure pour faire un plein complet.

Reste à trouver ces bornes rapides lors d'une balade au milieu de nulle part. Le gouvernement a beau annoncer une accélération du déploiement avec un objectif de 100 000 points de recharge d'ici la fin de l'année, il est peu probable qu'on trouve une borne de charge rapide pour parcourir les Gorges du Verdon, par exemple. Priorité à l'autoroute donc. En attendant, Harley-Davidson prend le taureau par les cornes. Le constructeur sollicite donc son réseau, et les concessionnaires de la marque sont censés offrir la possibilité de charger en cas de besoin.

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Un vrai roadster

Plutôt que de miser sur le custom pour sa première moto électrique, Harley-Davidson a opté pour le roadster. La selle est forcément plus haute que la moyenne des machines de la marque avec 780 mm, mais rien de rédhibitoire pour un pilote de 1,70 m environ. Plutôt étroite, la moto se faufile aisément dans la circulation, et les 251 kg se font tout de suite oublier grâce au centre de gravité positionné très bas.

L'assise est un peu ferme, mais c'est surtout le passager qui devra se contenter d'une selle relativement étroite. La position de conduite est agréable, sans être trop penché vers l'avant et avec les pieds dans l'alignement du buste. En revanche, la protection est anecdotique - mais il faut dire que la moto n'est pas non plus conçue pour enchaîner les kilomètres à 130 km/h.

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Motorisation électrique oblige, il n'y a ni embrayage au niveau de la poignée gauche, ni sélecteur de vitesses au pied gauche. Eut égard à la violence des accélérations, de nombreux systèmes d'assistance sont prévus, comme l'anti-wheeling pour éviter de partir en soleil, l'ABS en courbe et le contrôle de traction. Des technologies qui s'avèrent efficaces, à condition de garder en tête les performances hallucinantes à l'accélération.

En outre, la LiveWire affiche une maniabilité et un comportement étonnants pour une Harley. Un vrai jouet pour motard... fortuné ou passionné de technologies.

Une moto connectée

Car elle regorge de technologies, cette Harley-Davidson LiveWire. Un œil sur l'écran d'instrumentation couleur suffit pour s'en convaincre. Véritable centre névralgique, celui-ci est tactile lorsque la moto est à l'arrêt. Il peut d'ailleurs être utilisé avec des gants.

Parfaitement lisible même en plein soleil, l'interface toute en sobriété prend la forme d'une simple arborescence. Celle-ci est aisée à maîtriser pour paramétrer les modes de conduite ou personnaliser les widgets qui s'affichent à volonté : une fois que la moto roule, il reste possible de passer d'un affichage à l'autre à l'aide du petit joystick qui se trouve sur le commodo de droite. Un bouton permet en outre de choisir le mode de conduite sans jamais lâcher le guidon, simplement en rendant les gaz. Enfin, un régulateur de vitesse est disponible via la commande dédiée sur le commodo de gauche. L'ensemble est donc simple à utiliser, et particulièrement efficace.

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Pour qui est déjà monté sur une moto électrique, il est difficile de savoir si elle est prête à rouler ou pas, la faute à l'absence de bruit et de vibrations. Harley-Davidson a donc eu la bonne idée de donner un vrai cœur à sa LiveWire. Entendez par là que la moto émet de légères pulsations, qui sont similaires à celles d'un battement de cœur, lorsqu'elle est à l'arrêt.

Enfin, tout comme les voitures électriques, la LiveWire est accompagnée d'une application mobile H-D Connect. Celle-ci s'avère indispensable pour suivre la recharge à distance. On évite ainsi de devoir attendre encore plus longtemps avant de repartir suite à une défaillance de la borne (c'est du vécu).

L'application permet aussi de localiser les concessions qui proposent une borne de recharge, et de consulter des statistiques de conduite. De plus, Harley-Davidson propose une fonction de traqueur en cas de vol ou pour savoir si quelqu'un touche à la moto. Pratique pour éviter d'acquérir un dispositif tiers, mais une abonnement sera requis au bout de la première année.

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Faut-il craquer pour la Harley-Davidson Livewire ?

Après une semaine à son guidon, c'est avec regret que nous avons dû rendre les clefs de cette Harley-Davidson LiveWire. Si votre budget vous le permet (à partir de 33 900 euros pour le coloris Vivid Black, 200 euros de plus pour l'une des deux autres couleurs) et que le temps de recharge ne vous pose pas de problème, difficile de ne pas craquer pour cette moto vraiment à part.

Un modèle atypique et séduisant, qui marque une étape importante pour Harley-Davidson. Exaltante et généreuse en sensations, elle fait néanmoins face à une concurrente sérieuse avec la Zero SR/F. Plus classique dans sa conception et son design de roadster, cette dernière est autrement plus abordable à partir de 20 970 euros.

Thibault Jousse pour Clubic

Fiche technique de la Harley-Davidson Livewire

  • Longueur : 2 135 mm
  • Hauteur de selle : 780 mm
  • Garde au sol : 130 mm
  • Empattement : 1 490 mm
  • Poids : 251 kg
  • Pneu avant : H-D/Michelin Scorcher Sport 120/70 ZR17 58W
  • Pneu arrière : H-D/Michelin Scorcher Sport 180/55 ZR17 73W
  • Moteur : électrique à aimant permanent 78 kW (105 ch)
  • Couple : 116 Nm
  • Batterie : 15,5 kWh
  • Autonomie : jusqu'à 235 km
  • Temps de recharge : jusqu'à 80% en 40 minutes, 100% en 60 minutes (DC)