Aux Etats-unis comme en Europe, les autorités de régulation du commerce annoncent qu'elles se pencheront sur les pratiques de Microsoft pour l'édition ARM de Windows 8.
La semaine dernière, Asa Doztler, responsable de la communauté de Firefox, pointait les limites imposées par Microsoft aux éditeurs tiers pour le développement d'applications conçues pour Windows 8 sur ARM. Pour M. Doztler ces pratiques conduiront inévitablement à une concurrence déloyale. Ces propos ne sont pas passés inaperçus et Microsoft devra s'expliquer devant les autorités de la Concurrence.
Cette semaine la Commission Européenne a fait savoir qu'elle avait entendu la plainte de Mozilla. L'un des porte-paroles de Bruxelles Antoine Colombani a déclaré que les autorités resteraient vigilantes et scruteraient les pratiques de la firme de Redmond. Il ajoute cependant que la décision de la Commission Européenne en 2009 ne s'appliquait qu'aux « PC ». Si Windows RT peut bien évidemment être installé sur ces derniers dotés d'un processeur ARM, Microsoft devrait principalement cibler celui des tablettes connectées.
Outre-Atlantique, aux Etats-unis, une division spécialisée dans les affaires de concurrence au Comité judiciaire du Sénat a également pris connaissance des inquiétudes de la fondation Mozilla. Notons en revanche que les enquêtes antitrust menées dans les années 1990 sur Microsoft dans ce pays ne concernaient spécifiquement que les PC dotés d'une architecture X86. Quoi qu'il en soit le sénateur Herb Kohl a confirmé qu'il étudiera ce nouveau cas.
Explications
Jusqu'à présent, le système Windows ne fonctionnait que sur les architectures de type X86. Avec Windows 8, Microsoft proposera une édition spécialement conçue pour ARM et baptisée Windows RT. Trois types d'applications seront proposées sur les processeurs X86. Celles conçues pour le bureau classique seront les plus riches en fonctionnalités en accédant aux interfaces de programmation de Win32. L'introduction de l'environnement Metro permettra aux développeurs de concevoir des applications spécifiquement pensées pour les usages tactiles. Celles-ci tourneront au sein d'un mode sandbox et seront donc plus limitées. Enfin nous retrouverons des logiciels « hybrides », pouvant aussi bien s'intégrer au sein des deux environnements et donc tirer pleinement parti des fonctions avancées de Windows. Concernant le navigateur, seul celui configuré par défaut pourra fonctionner de manière « hybride ».Deux interfaces : Metro et le bureau
Sur Windows RT, seuls les outils de développement relatifs à l'environnement Metro seront disponibles ; les éditeurs tiers ne seront donc en mesure de concevoir que des applications limitées... à l'exception de Microsoft. La société se réserve en exclusivité la possibilité d'accéder à des fonctionnalités avancées de Windows pour ses propres logiciels et notamment Internet Explorer 10. D'emblée Mozilla perçoit une entrave aux demandes de la Commission Européenne formulées en 2009 après une enquête pour abus de position dominante. Les autorités avaient imposé à Microsoft la mise place d'un écran de configuration (ballot screen) permettant aux utilisateurs de choisir leur navigateur par défaut. Cette décision est valable jusqu'en 2014 et toute violation de la part de Microsoft pourrait entrainer une amende s'élevant à 10% de ses revenus annuels.
La société Microsoft a-t-elle trouvé une faille dans les propos génériques formulés voici trois ans par Bruxelles ? La Commission Européenne ouvrira-t-elle une nouvelle enquête officielle ? Pour l'heure seul Google, éditant le navigateur Chrome, s'est joint aux demandes de Mozilla. Opera Software, qui avait initié les débats sur le « ballot screen » ne s'est pas exprimé sur le sujet.