Fujifilm F900 EXR
Dans ce créneau des compacts à zoom puissant, Fujifilm s'est toujours distingué grâce à sa technologie EXR, exploitant d'une façon particulière un capteur sensiblement plus grand que la moyenne. Entre le F770 EXR que nous testions un an plus tôt et ce F900 EXR, il y a eu le F800 EXR, un cousin très proche du F770, sans GPS mais avec Wi-Fi. Le F900 EXR a heureusement plus à nous proposer.Prise en main et ergonomie du F900 EXR
En apparence, F770 et F900 sont identiques, le renflement du dessus du boîtier en moins sur le dernier Fuji, faute de module GPS. On retrouve le même boîtier en métal aux formes arrondies servant agréablement la préhension (poignée en façade, galbe de repose-pouce). Les dimensions, très compactes, n'ont pas évolué, et l'appareil a perdu 2 g symboliques. Côté commandes, Fujifilm a reconduit le sélecteur de modes incliné, la roue codeuse sertie dans le pavé multidirectionnel, les boutons disp/back, lecture, vidéo et Fn. En revanche, la touche F si appréciée a été congédiée pour être remplacée par une nouvelle E-Fn. Celle-ci va transformer toutes les commandes physiques de l'appareil en raccourcis personnalisables. Un schéma des touches apparaît alors à l'écran pour éviter toute erreur. Une idée lumineuse, qui fera que nous ne pleurerons pas trop la touche F.Fujifilm a par ailleurs effectué une mise à jour appréciable de l'écran, avec une dalle de 3 pouces cette fois en 921 000 pixels. L'affichage est très fluide et fin, l'écran parfaitement visible en toutes circonstances. On notera l'impressionnante ouverture des angles de vision. Mais la colorimétrie s'avère vite trop chaude et saturée, c'est dommage. L'interface reste à peu de chose près la même. Les réglages de prise de vue comme ceux de l'appareil sont bien rangés, dans trois onglets chacuns, mettant l'utilisateur rapidement à l'aise. On ne peut en revanche pas en dire autant sur la redondance des modes et fonctions qui exige une permanente réflexion préalable : quelle différence entre le basse lumière pro du mode Advanced ou le ISO haut et bruit bas du mode EXR ? Vaut-il mieux utiliser le mode Priorité plage dynamique du mode EXR ou la fonction D-Rng accessible en modes P, A, S et M ? La réponse n'est pas évidente...
Rien de nouveau non plus en matière de connectique ou de batterie. Le F900 EXR intègre le même module de 1 000 mAh que le F770, assurant 250 vues, c'est peu.
Performances du F900 EXR
La face cachée des nouveautés reste la plus intéressante : un processeur CMOS EXR II doté de la technologie d'autofocus hybride (contraste et phase) apparue sur le X100s et bien détaillée par nos soins dans le test du X100s, ainsi qu'un nouveau processeur de traitement EXR Processor II. Point de discours marketing, ça dépote ! Allumage en 1,1 s, délai entre deux vues de 0,4 s, latence au déclechement de 0,05 s, mise au point au grand-angle entre 0,15 et 0,25 s latence comprise, guère plus au téléobjectif (entre 0,2 et 0,5). La rafale reste elle à 11 im/s sur 7 vues, provoquant une immobilisation du buffer de 6 s. De la haute volée ! Même si d'autres compacts uniquement à base de détection de contraste font presque aussi bien. En revanche, l'autofocus se trompe parfois, et quand ça arrive, il n'avertit pas forcément, laissant croire que le point a été fait correctement. Un souci qu'on a déjà vu chez Fujifilm...Pas de refonte du zoom, Fuji reste sur son optique 20X, équivalente à un 25-500 mm, et qui ouvre à f:3,5-5,3. Donc toujours pas de stabilisation optique, il faut se contenter d'un procédé mécanique (mouvements du capteur) un peu moins efficace. En termes de qualité, on sait aussi à quoi s'attendre : bonne homogénéité globale, bon piqué, peu d'aberration chromatique, mais une distorsion assez forte au 25 mm. Toujours un des meilleurs zoom, qui mériterait cependant une vraie stabilisation optique. Ce n'est pas que la solution de Fujifilm soit mauvaise dans l'absolu, mais comparée au Mega OIS de Panasonic ou au Steadyshot de Sony...
Qualité d'image et hautes sensibilités
Si le compteur de pixels reste à 16 millions, le capteur passe en deuxième génération, pour signaler l'adoption de l'autofocus hybride, et se voit accompagner d'un nouveau processeur. Doit-on espérer un traitement d'image différent ? On pourrait, mais en fait non. Les résultats obtenus il y a un an avec le F770 EXR sont superposables avec ceux du F900 EXR. Avec peut-être un soupçon moins de bruit chromatique mais parfois plus de grain de luminance, notamment à 3200 ISO et au-delà. De la stagnation en somme, mais heureusement dans le haut du panier. De 100 à 800 ISO, pas de restriction particulière : on observe une apparition assez linéaire de bruit dans l'image, avec une réponse bien dosée du lissage de ce bruit. A 1600 ISO, un palier plus visible est franchi, les tirages ne pourront pas dépasser le A4. L'usage du RAW permet de gagner en précision, mais moins que sur le ZR700 de Casio. A 3200 ISO, le 10x15 cm deviendra la limite. Au-delà, le F900 EXR fusionne des pixels, la taille d'image diminue. La sensibilité de 6400 ISO est encore concevable pour un usage photo pour les réseaux sociaux ou le Web. 12 800 ISO, on oublie.Concernant les autres critères d'image, c'est un bis repetita. Bonne balance des blancs (un brin froide), colorimétrie naturelle (notamment des teintes carnées), rendu photo toujours un peu à part et plaisant, simulations de film sympathiques, mode photo de nuit par assemblage efficace (contrairement à l'EXR ISO haut et bruit bas), belle dynamique avec la fonction EXR dédiée comme avec le D-Rng... Mais toujours pas de réglage du flash (faible) ni de paramétrage individuel du contraste, de la netteté, de la saturation ou de la réduction du bruit, comme sur les appareils de la série X.
A gauche la prise de vue normale, à droite avec l'EXR en mode plage dynamique étendue. On récupère beaucoup de matière dans les zones les plus claires
Fonctionnalités et vidéo
Outre les fonctions déjà citées, nous évoquerons ici la panoramique à mains levées, l'exposition multiple (deus vues superposées), la mise au point pro (flou d'arrière plan) ou encore les filtres avancés (miniature, jouet, pop, couleurs partielles, etc.). Bref, tout ce qui existait déjà sur le F770 EXR. Rien de neuf ? Si, du Wi-Fi. Ce dernier sert à trois choses : envoyer les photos sur PC (via le logiciel FinePix Studio), les transférer sur smartphone (via Camera Application sur Android et iOS) ou les géomarquer grâce à la localisation du mobile. D'où la non nécessité de GPS au sein de l'appareil photo. Ca fonctionne mais la mise en œuvre n'est pas des plus intuitives. L'absence de touche Wi-Fi sur l'appareil d'une part, la séparation dans les menus du géomarquage (onglet 1) et des paramètres sans fil (onglet 3) d'autre part, ou encore le processus chaotique pour consulter ses images depuis le smartphone ne facilitent pas la compréhension. Pour accomplir cette dernière tâche il faut : lancer l'application mobile, sélectionner parcourir, aller en lecture sur l'appareil photo, appuyer sur la touche menu, choisir transfert sans fil, voir et transférer images, puis toucher l'icône connecter sur le smartphone. Après quoi il suffit de sortir de l'application, rejoindre le réseau Wi-Fi émis par le F900, retourner à l'application, recommencer parce que la première fois ça plante souvent, etc...La capture vidéo bénéficie elle bien du nouveau processeur de traitement et passe ainsi en 1080p à 60 im/s. Le flux vidéo est encodé en H.264/AVC avec un débit de 37 Mbps environ, (encapsulage MOV), tandis que l'audio est enregistré en PCM stéréo, à 768 kbps, en 48 kHz sur 16 bits. La qualité d'image est très bonne, bien qu'un peu bruitée par faible lumière. Cependant, la stabilisation mécanique peine à contenir les tremblements et l'autofocus perd les pédales quasiment à chaque mouvement de zoom. Manipulation qui génère d'ailleurs un bruit que les micros ne laissent pas passer inaperçu. Bon point en revanche, il est possible de paramétrer la correction d'exposition avant le tournage de séquence.