En octobre dernier, la 6e banque du monde et première banque d'Europe s'était engagée, d'ici 2050, à réduire à zéro les émissions nettes de CO2 de son portefeuille de clients. Les actionnaires veulent toutefois que HSBC aille plus loin.
Un groupe de plus d'une centaine d'actionnaires de l'entreprise viennent ainsi de soumettre une motion réclamant des précisions. À leurs yeux, l'objectif de 2050 est trop vague et ils réclament un plan annuel, comme le rapportent Bloomberg et Le Monde.
Préciser le calendrier
Il y a des poids lourds parmi les actionnaires ayant déposé la motion. Le principal est Amundi, le premier gestionnaire d'actifs coté en Europe. On y trouve également Man Group PLC, la plus grande société de fonds spéculatifs cotée en bourse au monde.
Avec d'autres géants ainsi que 117 actionnaires individuels, ils ont réclamé auprès de HSBC la publication d'une stratégie de réduction des financements destinés aux énergies fossiles. Ils souhaitent également que soient fixés annuellement des objectifs conformes avec les Accords de Paris. Leur nombre est désormais suffisant, souligne Le Monde, pour que cet appel soit débattu au cours de la prochaine assemblée générale de l'entreprise, le 24 avril.
Les organismes bancaires peuvent effectivement être considérés comme de grands responsables de la pollution, dans le sens où ils financent les principaux acteurs des énergies fossiles. Un rôle moins souvent montré du doigt, mais qui doit évoluer selon Jeanne Martin. La directrice de campagne de ShareAction, l'organisation à but non lucratif britannique qui a coordonné la motion, explique ainsi : « Pendant longtemps, les banques sont restées à l'écart des projecteurs et tout s'est concentré sur les émetteurs de carbone réels, mais il devient de plus en plus évident que les banques font également partie du problème ».
Or, pour ShareAction, l'objectif de 2050 ne suffit pas. Jeanne Martin explique : « C’est du très long terme, pour dans trente ans. Il faut qu’on voit ce que HSBC s’engage à faire dans deux, trois ou cinq ans. »
Priorité donnée à la protection des investissements
Ce genre d'initiatives tend à se multiplier. Mais pour les actionnaires, il n'est pas seulement question de préserver l'environnement, mais aussi (et surtout ?) des investissements désormais menacés par le changement climatique. Pour l'une des sociétés de gestion ayant participé à l'initiative, celle-ci serait bonne pour les intérêts financiers de HSBC, précisant que « plus tôt le conseil d’administration expliquera sa stratégie, moins la transition sera brutale. »
De son côté, un porte-parole de HSBC a rappelé que la banque était « fermement résolue à lutter contre le changement climatique ». L'organisme prévoirait de fournir, d'ici 2030, jusqu'à un billion de dollars de financements pour aider ses clients à décarboner.
Cette initiative en rappelle d'ailleurs une autre. Dans l'histoire récente, le premier gestionnaire d'actifs mondial, BlackRock, a voté contre le Climate Action 100+, un regroupement d'investisseurs engagés contre le changement climatique. Puis, il y a maintenant un an, le groupe a fait volte-face en rejoignant l'initiative.
Mais si BlackRock a changé d'avis, c'est avant tout pour protéger ses intérêts. Le groupe a bien précisé qu'il concentrerait ses efforts « sur les secteurs et les entreprises où le changement climatique représente le plus grand risque matériel pour les investissements de ses clients. »
Ainsi, il semble que divers organismes financiers se rendent progressivement compte de l'impact du changement climatique sur leurs activités. Si les états peinent à réduire l'empreinte carbone mondiale, une solution pourrait-elle venir du monde de la finance ?