Plus de 8,3 millions de Français utilisent, chaque jour, une des nombreuses plateformes de Vidéo à la Demande par Abonnement. Il faut dire que les opportunités ne manquent pas, et que l'offre est un peu plus conséquente chaque année, poussant vers la sortie certains services, quand d'autres font office de vrais « survivants ».
En association avec de multiples organismes et autorités, comme l'ARCEP, le CNC et l'Autorité de la concurrence, l'Hadopi et le CSA ont publié mardi une étude portant sur la multiplication des services de vidéo à la demande par abonnement, ou « VàDA ». Au printemps 2020, près d'un Français sur deux (46 %) détenait un abonnement auprès d'un service de VàDA, ce qui contribue au développement de cette économie, plus vraiment nouvelle, et dont le chiffre d'affaires aura dépassé les 1,2 milliard d'euros en 2020.
Avec l'arrivée d'Apple TV+ fin 2019 et celle de Disney+ en avril dernier, on compte désormais 78 services de vidéo la demande disponibles en France. C'est près de deux fois plus qu'il y a cinq ans.
Filmo TV, Medici.tv, les vieux de la vieille qui déjouent toutes les statistiques de la VàDA
Alors que la France ne comptait que 42 services de vidéo à la demande en 2015, et 63 en 2017, leur nombre a atteint 78 dans l'Hexagone en 2020. Apple TV+, Disney+ et Salto font partie des petits derniers. Et si on a de cesse de penser que le streaming vidéo français se résume à ses gros acteurs, ils sont encore bon nombre à faire de la résistance depuis la naissance de ce marché en 2005, qui a tout de même vu 25 services être fermés par leurs éditeurs, raison économique oblige.
CanalPlay, NoWave (films indépendants), FHV (premier VàDA lancé par un opérateur télécom, Free en l'occurrence) et Noco (anime japonais et web-séries) font partie des victimes.
Mais alors que les services de vidéo à la demande présents en France ont une ancienneté moyenne de près de quatre ans sur le marché, 10 services ont tout de même plus de 8 ans. C'est peu, certes, et cela en dit long sur la volatilité de ce secteur, mais cela témoigne aussi de la force et de l'exploit réalisé par ceux que nous allons affectueusement appeler, les « survivants ».
Lancé en 2008, Medici.tv fait plus que résister. Le service est devenu un leader mondial de la musique classique en vidéo sur Internet, et outre un catalogue de plus de 2 000 programmes, il retransmet plus de 150 événements en direct chaque année, en proposant notamment une offre sans engagement à 9,90 euros par mois. Un bijou pour les amateurs de musique classique.
Lui aussi est né en 2008. Douze ans après son lancement, le service de vidéo à la demande à l'accent très cinéma, Filmo TV, est toujours actif. Face à l'émergence des géants, la plateforme a dû s'adapter et réduire le coût de son abonnement mensuel, passé de 9,99 euros à 6,99 euros.
Netflix, le géant qui n'est plus seul
Au mois de décembre 2020, la part de Netflix dans la consommation de vidéo à la demande par abonnement des Français atteignait entre 60 % et 73 % selon les tranches d'âge (moyenne de 66 % pour toutes les tranches confondues), ce qui est colossal. Mais en l'espace de quelques mois, cette part a perdu de sa superbe, puisqu'elle oscillait en avril entre 56 % et 77 % (avec une moyenne de 68,5 % toutes tranches confondues).
Prime Video, Netflix mais aussi les services Canal+ ont pris davantage de poids entre le mois d'avril 2020 et le mois de décembre. Les équilibres de marché ont été légèrement bousculés avec la pandémie de COVID-19 et, bien entendu, le lancement de Disney+, en avril dans l'Hexagone. Au final, la plateforme Netflix concentre 67 % des usages, contre 13 % pour myCanal et Canal-Séries, 12 % pour Prime Video et 6 % pour Disney (en sachant aussi que depuis la mesure de ces chiffres, en septembre 2020, la part de Disney+ a encore augmenté).
Face à Netflix, Prime Video ou encore Disney+, les groupes audiovisuels français et européens lancent leur rébellion
Le marché de la VàDA appartient essentiellement à des acteurs américains, que l'on ne présente plus, et il est difficile pour les groupes audiovisuels français et européens, considérés comme les médias traditionnels, d'offrir une réponse à la hauteur de leurs illustres concurrents.
En France, on tente bien la réponse Salto, qui est née de l'association des groupes TF1, France Télévisions et M6. Mais la plateforme a du mal à décoller, et ne compte qu'un peu plus de 200 000 abonnés, 5 mois après son lancement.
D'autres pays européens essaient de promouvoir des alternatives aux géants américains. Au Royaume-Uni, la BBC, ITV, Channel 4 et Viacom ont lancé le service Britbox en 2019. Disponible au tarif de 5,99 livres sterling par mois, il n'aurait conquis que 5 % des foyers d'outre-Manche en avril 2020. En Allemagne, ProSiebenSat.1 et Discovery ont lancé le service de télévision en OTT, Joyn, financé par la publicité avant d'adopter le modèle de l'abonnement en 2019. Depuis ses premiers pas en février 2017, le service a franchi la barre des 4 millions d'abonnés. Et 66 % du contenu provient de productions locales (5% du côté de Netflix).
La Belgique, elle, s'apprête à accueillir Streamz, une plateforme co-détenue par Telenet et DPG Media, qui éditent les principales chaînes commerciales de la Belgique flamande.
Source : Hadopi