Présenter avec Powerpoint, Hangout ou Word ?

Anicet Mbida
Publié le 18 décembre 2013 à 12h50
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Chaque semaine, Anicet Mbida nous livre son avis sur l'actualité numérique.
La présentation est une plaie, il faut l'avouer. Slides saturés, totalement illisibles. Animation inutiles, cliparts ringards. Et bien sûr, présentateur qui répète mot pour mot ce qu'il a écrit dans ses slides. Aujourd'hui, la présentation est devenue une épreuve que l'on subit ou que l'on inflige. Une fatalité dans le milieu professionnel. Alors j'ai essayé de comprendre. Comment en est-on arrivé là ?

Au départ, j'ai accusé le manque de formation. Dans les écoles, on apprend à utiliser Powerpoint, pas à faire des présentations. C'est aussi inutile que d'enseigner Word au lieu d'apprendre à rédiger. Mais on peut aussi apprendre sur le tard, faire un petit effort pour ne pas reproduire ce qui nous fait hurler dans les présentations des autres. Il n'empêche. J'ai l'impression de voir la qualité générale des présentions diminuer.

Alors j'ai accusé l'outil. Persuadé que nous sommes pleins de bonne volonté, mais que le logiciel nous lave le cerveau. Un exemple ? Dès la création d'une nouvelle présentation, on nous invite à « cliquer pour ajouter un titre et du texte ». Alors dociles, on s'exécute : nous réduisons nos pensées les plus subtiles à un banal tandem titre/liste à puces. Pas étonnant donc que les présentations soient bourrées de textes et si peu efficaces. Powerpoint et consort ne font rien pour nous aider à bien séparer ce que l'on dit, de ce que l'on montre.

Powerpoint comme béquille ou prompteur

La formation et l'outil ont leur part de responsabilité. Mais le principal responsable tient sans doute à l'usage. A l'heure du collaboratif et d'Internet, la présentation est devenue un support pour le partage d'informations. Les slides sont souvent des documents de travail. On se les envoie, on les partage sur des plates-formes comme Slideshare. Donc plus besoin de présentateur. La présentation doit se suffire à elle-même. On s'attend donc à ce qu'elle soit la plus détaillée possible. Cela tend à justifier l'abondance de texte.

Il y a donc matière à réfléchir sur la notion même de présentation. S'il s'agit d'un document de travail pouvant être imprimé et consulté sans présentateur, pourquoi utiliser Powerpoint ? Un document Word ou PDF parait plus adapté. Rien n'empêche d'ailleurs de le rendre sexy. Comme le démontre le boom actuel des infographies, il est possible de partager une information complexe dans un format agréable sans faire de slides.

En revanche, s'il s'agit de démontrer, de surprendre ou d'interpeller à la manière des conférences TED, le présentateur redevient crucial. Son attitude et sa passion sont indissociables du message --Imaginez l'impact d'un discours de Jean-Luc Mélenchon ramené à un ensemble de titres/listes à puces... Naturellement, l'attention va se focaliser sur le présentateur. La présentation ne sert alors qu'à afficher ce qui est difficile à expliquer (carte, schéma, photo, etc.). Et si l'on souhaite la partager ou la diffuser, il est possible d'en conserver l'âme en incluant la vidéo du présentateur dans un système de type Hangout/Youtube.

Au final, c'est peut-être uniquement le mélange des genres qui rend les présentations actuelles aussi assommantes. Soit il s'agit d'informer, d'annoncer et souvent un document Word ou PDF suffisent. Soit on a vraiment des choses à dire, une histoire à raconter et Powerpoint se placera tout seul en retrait, en soutien du discours. Et plus en béquille ou en prompteur.
Anicet Mbida
Par Anicet Mbida

On me présente souvent comme le vétéran de l'informatique et des nouvelles technologies. Ma plus grande fierté ? Avoir gagné le concours des "Deux Lignes" d'Hebdogiciel dans les années 1980 et d’avoir développé des jeux pour UbiSoft quand ils étaient encore installés à Créteil dans le Val de Marne. C’est totalement par hasard que j’ai bifurqué journaliste informatique en 1994, dans un titre de presse professionnelle qui plus est (01 Informatique). Une formidable expérience qui m’a permis de commenter toutes les transformations de ces vingt dernières années et d’interviewer les plus grands : Steve Jobs, Bill Gates, Andy Grove, John Chambers, Larry Ellisson, etc. Ce qui me passionne ? L’impact social des technologies : la façon dont Internet a changé notre façon de draguer, d’acheter, de s’informer ou de se distraire. Ce portable, dernier objet que l'on regarde avant de se coucher, le premier au réveil. C’est probablement pourquoi j’ai créé la chronique Culture Geek sur BFM TV en 2009. Et même si certains ne me connaissent aujourd'hui qu'à travers ce miroir grossissant de la télévision, l’essentiel de mon métier, de mon ADN, a toujours été lié à la presse écrite. Hier comme rédacteur en chef adjoint de 01Net et de 01 Business et Technologies, aujourd'hui comme Rédacteur en Chef de Clubic Pro. N’hésitez pas à me contacter. J’essaie, dans la mesure du possible, de répondre à tout le monde.

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