Aliyun : l'Android chinois rêve de concurrencer l'OS de Google

Thomas Pontiroli
Publié le 10 septembre 2012 à 17h52
Le système d'exploitation mobile développé par le site de e-commerce chinois Alibaba veut dépasser Android en Chine. Si Google souffre de plusieurs limitations et interdictions dans le pays, son OS mobile occupe tout de même 81% de part de marché.

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Le e-commerçant chinois Alibaba dispose depuis un peu plus d'un an désormais de son propre système d'exploitation mobile : Aliyun. Reposant sur une base Linux, l'OS propose un émulateur pour exécuter des applications Android. Justement, l'OS de Google est devenu sa cible. « Nous voulons être aussi forts qu'Android en Chine », ambitionne le directeur de la stratégie d'Alibaba, Zeng Ming, dans une interview au Wall Street Journal.

Aliyun équipe deux smartphones compatibles dont le K-Touch W700. En mai 2012, plus d'un million de terminaux équipés de l'OS d'Alibaba avaient été vendus en Chine. À titre de comparaison, il s'est écoulé quelque 42 millions de smartphones en Chine au deuxième trimestre 2012 selon Canalys. Une part de marché résiduelle donc pour Alibaba, que le responsable mobile entend accroître avec l'arrivée de trois nouveaux modèles d'ici la fin de l'année. Zeng Ming ne fournit aucune précision supplémentaire.

Récemment mis à jour, Aliyun dispose de son propre système de cartographie et service mail. En sus des applications Android émulées, l'OS se différencie par l'absence d'applications natives. Toutes sont des Web Apps. Pour s'imposer sur le marché, Aliyun pourrait finalement surtout surfer sur les déboires de Google plutôt que sur sa réelle valeur ajoutée.

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Les difficultés de Google en Chine profitables ?

Vu de Chine, le procès opposant Apple à Samsung est vu comme une attaque contre Android. Plusieurs violations de brevets ont en effet mis en cause le système de Google, bien que cela ne porte pas sur des points vitaux. Néanmoins, cela a suffi à alimenter les spéculations autour de la recherche d'alternative à Android. Plusieurs fabricants chinois comme ZTE ou Huawei ont pourtant maintenu leur confiance dans l'OS de Mountain View au lendemain du procès. Mais plusieurs voix de spécialistes défendent depuis la thèse de la quête de diversification des fabricants.

Pour Zeng Ming, « toutes les sociétés devraient s'assurer d'avoir au moins deux fournisseurs ». Une stratégie ne mettant pas tous ses œufs dans le même panier qui en l'occurrence profiterait bien à Aliyun. L'homme l'a bien compris, enchérissant : « Si j'étais un fabricant de smartphone et que je n'avais qu'Android comme option, je serais effrayé ».

Au-delà des embuches juridiques, Google subit plusieurs interdictions et limitations de ses services en Chine. En 2010, l'Américain avait redirigé son moteur de recherche google.cn vers la version hongkongaise non censurée. En 2011, des tensions avaient éclot autour d'éventuels filtrages et attaques qu'aurait subi Gmail en Chine. Enfin, c'était au tour de Google Maps d'être considéré comme illégal par le régime chinois quelques temps après.

Des bâtons dans les roues qui n'ont pas empêché Google d'imposer très largement son OS sur le marché des smartphones. Selon une étude menée par Catalys, 81% des smartphones chinois étaient équipés d'Android au deuxième trimestre 2012. Ainsi, beaucoup d'analystes s'accordent à dire qu'Android ne sera pas détrôné de sitôt en Chine.

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Le e-commerce comme arme secrète

Riche d'un écosystème de 500 000 applications et largement adopté par les principaux constructeurs, notamment Samsung, leader en Chine avec 17% de parts de marché, Android a conquis aussi les fabricants chinois. Pour Luo Zhongsheng, responsable des mobiles chez ZTE, « Android restera numéro un encore longtemps ».

Le marché chinois des smartphones a dépassé les États-Unis en volume avec 26,5% du secteur au niveau mondial, contre 17,8% pour le pays de Google. En croissance sur toutes les gammes de prix, c'est le bas de gamme, à moins de 200 dollars, qui a enregistré la plus grosse évolution en Chine. Un segment qu'observe de près Alibaba pour faire valoir Aliyun.

Zeng Ming se dit conscient du temps nécessaire pour gagner des parts de marché. Mais il évoque une botte secrète : le e-commerce. Son OS mobile dispose de moyens de paiement utilisant Alipay, le système d'Alibaba. Pour le responsable, c'est la croissance du commerce électronique et les possibilités qu'offre le commerce sur mobile qui a motivé le développement d'Aliyun.

Avec ses enseignes Taobao et Tmall, le e-commerçant chinois devrait totaliser 157,6 milliards de dollars de ventes cette année, le double qu'en 2010. Selon Boston Consulting Group, la Chine compte 193 millions de cyberacheteurs, soit 23 millions de plus qu'aux États-Unis. Alibaba se voit même plus gros qu'Amazon et eBay réunis d'ici à cinq ans. Le petit OS mobile Aliyun pourrait donc bien s'appuyer sur la puissance de feu du géant Alibaba.
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