L'Ofcom, le régulateur britannique des télécommunications, vient de publier une étude à l'issue de laquelle il affirme qu'environ 1 enfant ou adolescent âgé de 8 à 17 ans sur 3 est présent sur les réseaux sociaux en tant qu'adulte.
Cela ne surprend peut-être pas tant que ça, au vu des faibles barrières à l'entrée des réseaux sociaux, mais l'étude menée par l'Ofcom, équivalent de l'ARCEP et de l'ARCOM pour nos voisins d'outre-Manche, a le mérite de poser des chiffres sur une situation alarmante. Le régulateur britannique, qui relate qu'une majorité de jeunes utilise au moins une des grandes plateformes, nous montre aussi qu'un tiers des enfants âgés de 8 à 17 ans et attestant d'avoir un profil sur les médias sociaux fournissent un âge adulte lors de leur inscription, pour justement contourner ces trop faibles barrières à l'entrée.
Déjà présents en masse sur les réseaux sociaux, beaucoup d'enfants mentent sur leur âge réel
La plupart des grandes plateformes sociales (Instagram, Facebook, TikTok, Snapchat, YouTube et autres) sont en théorie interdites aux enfants de moins de 13 ans. Mais, à l'instar des dérives causées par les sites pornographiques, les réseaux sociaux ne demandent pas à un futur utilisateur de prouver son âge pour finaliser le processus d'inscription. Il lui suffit, dans la majorité des cas, de cliquer sur un bouton ou de donner une année de naissance, de façon totalement arbitraire évidemment.
Plusieurs éléments peuvent susciter l'inquiétude. D'abord, il y a la proportion de jeunes (âgés de 8 à 17 ans) qui ont leur propre profil sur un ou plusieurs réseaux sociaux. Elle atteint les 77 % aujourd'hui.
60 % des enfants âgés de 8 à 12 ans sont inscrits sur ces plateformes avec leur propre profil. Ils sont d'ailleurs presque aussi nombreux à avoir créé eux-mêmes leur(s) profil(s) qu'à avoir bénéficié de l'aide d'un proche ou d'un parent.
Certaines plateformes sont bridées en matière de fonctionnalités si l'âge renseigné est trop bas
L'Ofcom précise que 32 % des enfants réellement âgés de 8 à 17 ans utilisent un profil en prétendant être adulte (donc indiquant avoir plus de 18 ans). 47 % des enfants de la tranche 8-15 ans renseignent un âge de 16 ans ou plus.
Ce qui constitue une sorte de déclaration mensongère expose davantage, de fait, l'ensemble de ces enfants et adolescents au risque de faire de fâcheuses rencontres sur les réseaux. Cela interpelle, surtout qu'ils ne sont déjà pas à l'abri de faire une mauvaise rencontre avec un âge utilisateur inférieur à 18 ans.
Certains médias sociaux brident l'accès à leurs plateformes à des fonctionnalités comme la possibilité de voir du contenu pour adultes ou la messagerie directe, dès lors que l'utilisateur atteste avoir moins de 16 ou 18 ans. Mais à partir du moment où l'internaute fournit un âge réel bien plus élevé que le sien, il n'existe absolument aucune barrière de protection, puisqu'il a pu s'inscrire sans avoir à prouver son âge.
Alors qu'en France, seuls les sites porno sont officiellement dans le viseur de l'ARCOM, autorité compétente en la matière, le Royaume-Uni pourrait très rapidement s'interroger sur les mécanismes mis en place par chaque plateforme pour vérifier l'âge des utilisateurs.
Source : Ofcom