Grâce à un document interne obtenu par le New York Times, le mystérieux algorithme de TikTok l'est désormais un peu moins.
Ce document décrit de façon simplifiée le fonctionnement de l'algorithme qui choisit quelles vidéos montrer aux utilisateurs et détaille quels critères sont pris en compte dans les différents calculs.
La rétention et le temps passé, deux paramètres essentiels
Depuis longtemps, l'algorithme de TikTok intrigue autant qu'il inquiète. Plusieurs personnes ont été surprises des recommandations de l'application, qui semble parfois connaître leurs intérêts mieux qu'elles-mêmes. Il est désormais moins mystérieux grâce à une source anonyme qui, inquiète de voir TikTok pousser de plus en plus de contenus « tristes » et dangereux comme des vidéos de mutilation, a fourni au New York Times un document interne décrivant de façon simplifiée le fonctionnement de l'algorithme de l'application.
L'application de vidéos a décidé d'optimiser principalement deux paramètres : la rétention, c'est-à-dire le fait de faire revenir les utilisateurs sur l'application, et le temps passé au sein celle-ci. L'entreprise utilise également une équation qui mêle le nombre de likes, le nombre de commentaires, le temps passé sur chaque vidéo ainsi qu'une indication qui montre si la vidéo a été regardée ou pas. Cette équation sert à attribuer des notes aux vidéos et seules celles qui ont un haut score, et donc une chance d'intéresser le plus grand nombre et d'augmenter la rétention, sont montrées aux utilisateurs.
« Ce système signifie que le temps passé à regarder des vidéos est la clé. L'algorithme essaie de rendre les gens dépendants plutôt que de leur donner ce qu'ils veulent vraiment », a déclaré Guillaume Chaslot, fondateur de Algo Transparency, interrogé par le New York Times. Combiné à l'objectif affiché de l'entreprise de « monétiser les créateurs », le but principal n'est donc pas tant de divertir les utilisateurs que de pousser du contenu lucratif et qui les fera rester, même si celui-ci peut se révéler parfois dangereux pour les plus jeunes utilisateurs.
Un algorithme « traditionnel »
Si Guillaume Chaslot se montre assez inquiet des conséquences de ce fonctionnement et de la capacité de l'algorithme à déterminer en quelques heures des détails intimes sur l'utilisateur comme « ses goûts musicaux, ses préférences physiques, s'il est déprimé, s'il se drogue », d'autres tempèrent. Julian McAuley, professeur d'informatique à l'université de Californie à San Diego, également interrogé par le journal, considère que le système de recommandation est « totalement raisonnable mais traditionnel ».
Selon lui, le succès de l'algorithme n'est pas « magique » mais vient plutôt du fait que l'application combine plusieurs paramètres qui sont rarement présents chez les autres : « un volume fantastique de données, des utilisateurs impliqués et un environnement dans lequel les utilisateurs sont disposés à consommer du contenu recommandé par des algorithmes », dit-il, tout ça combiné à du machine learning.
Rien de magique ou de sinistre donc derrière l'algorithme mystérieux de TikTok, juste des utilisateurs fournissant plus volontairement des informations sur leurs centres d'intérêt en suivant les recommandations qui leur sont proposées, ainsi qu'une logique basée sur la rétention qui peut, tout comme pour Facebook, parfois mener à la recommandation de contenus dangereux et complotistes.
Sources : Le Figaro, The New York Times