Dans le viseur des autorités européennes et américaines en raison de sa récolte agressive de données personnelles, TikTok pourrait se voir bannir des États-Unis.
C'est du moins la recommandation de Brendan Carr, commissaire à la FCC, la Commission fédérale des communications. Il s'inquiète en effet de la quantité de données récoltées par la société, dont la maison mère est installée en Chine, et de leur utilisation potentielle. Une inquiétude renforcée actuellement aux États-Unis, dans un contexte électoral.
Les réseaux sociaux sont devenus un enjeu de défense nationale
L'année 2016 a montré à ceux qui pouvaient en douter le puissant rôle que pouvaient avoir les différents réseaux sociaux lors d'une élection. C'est en effet au cours de cette année que, grâce aux données récoltées dans ce que l'on appellera l'affaire Cambridge Analytica, d'importantes campagnes d'opinion se sont développées en faveur du Brexit, puis de l'élection de Donald Trump. Facebook, souvent pointé du doigt lorsque l'on parle de sécurité des informations personnelles, n'est néanmoins pas le seul concerné. Le modèle économique de ces plateformes repose sur la collecte de données, qui peuvent donc potentiellement toutes être utilisées, à l'insu ou non des utilisateurs, au bénéfice d'acteurs politiques.
Le cas de TikTok est particulier. La croissance fulgurante de la plateforme d'édition et de partage de vidéos fait d'elle l'une des plus importantes du monde, surtout chez les jeunes. Mais si sa collecte de données ne diffère pas vraiment dans le type ou la quantité d'informations récoltées, elle présente une particularité : ByteDance, sa maison mère, est située en Chine.
Peut-on réellement interdire TikTok ?
Alors que Facebook, Instagram, Twitter, YouTube et les autres mastodontes du secteur sont ancrés aux États-Unis, les Américains découvrent la vulnérabilité des données récoltées par les plateformes et la facilité avec laquelle elles peuvent être stockées hors du pays. C'est notamment le cas avec TikTok, qui vient d'un pays qui n'est certes pas un ennemi, mais qui reste un rival, en désaccord sur beaucoup de sujets internationaux.
Devant des membres de la Chambre des représentants, Brendan Carr a ainsi déclaré en début d'année : « TikTok est un outil de surveillance sophistiqué qui recueille de grandes quantités de données sensibles. » Carr n'est pas le seul à le crier dans le désert, mais il reste à estimer la faisabilité d'une telle interdiction. Avec 94 millions d'Américains inscrits sur la plateforme, une telle décision ne pourrait se faire sans susciter de vives protestations de la part des utilisateurs du pays. L'exemple de l'Inde cependant, encore unique au monde pour l'instant, prouve qu'il est possible d'interdire la plateforme chinoise, ce qui pourrait donner des idées à bien des pays.