Tous les entrepreneurs qui ont rencontré le succès via le financement participatif le reconnaissent, le secret d'une campagne réussie, par-delà la qualité du projet lui-même, c'est la préparation apportée à celle-ci. Tous les porteurs de projet ont consacré une débauche de temps et d'astuces en amont de la campagne et cette phase de préparation est primordiale si on veut décrocher le jackpot.
Le premier choix à réaliser, c'est celui de la plate-forme de crowdfunding sur laquelle figurera la campagne. Pour les porteurs d'un projet high-tech, il en existe de nombreuses, depuis les poids lourds américains comme Indiegogo, Kickstarter à MyMajorCompany en France, en passant par WiSEED, Hoolders, etc.
Certains, comme Ulule ou KissKissBankBank sont plutôt dédiés à des projets culturels, LookAtMyGame s'est spécialisé dans les jeux vidéo, mais en règle générale, les frontières sont floues et c'est au porteur d'idée de choisir le service dont la communauté est le plus en phase avec son projet.
« Quand nous avons eu l'idée de lancer une campagne de crowdfunding, en 2012, très peu de Français savaient alors ce qu'était le financement participatif » rappelle Jean-Luc Vallejo, fondateur d'ISKN, une start-up grenobloise conceptrice d'une ardoise qui numérise en temps réel un croquis ou un texte écrit sur une feuille de papier. « A l'époque, selon nous, Kickstarter et Indiegogo étaient les plates-formes les plus ouvertes à l'international, tout comme l'était notre produit. Nous avons considéré qu'Indiegogo était plus placé sur les projets design et artistiques, et Kickstarter portait plus de projets technologiques. » C'est donc vers Kickstarter que s'est tourné le créateur d'entreprise.
Un constat réalisé au même moment par Séverin Marcombes, le fondateur de Lima : « Kickstarter est la plate-forme qui draine le plus de trafic et c'est elle qui nous a parue la plus pertinente pour notre projet ». Pour les projets amenés à toucher une clientèle internationale, le choix d'une plate-forme américaine permet d'accéder à beaucoup plus d'acheteurs potentiels. Les projets peuvent alors monter beaucoup plus haut en termes de nombre de contributeurs et sommes levées. En contrepartie, la concurrence est féroce et il est difficile de sortir du lot.
« Nous avons fait le calcul. Alors que notre communication était essentiellement française, en ne comptant que nos "backers" français, nous n'aurions levé que 70 000 dollars alors qu'au total nous avons obtenu 1,2 million de dollars ». A l'époque, il n'était théoriquement pas possible pour une start-up française de lever de l'argent sur une plate-forme américaine qui imposait au porteur du projet d'avoir une adresse aux Etats-Unis, ainsi qu'un compte en banque américain. Une contrainte aujourd'hui levée.
Il est possible de mener plusieurs campagnes complémentaires
Si une campagne rencontre le succès, il est possible de la prolonger et ainsi de lever plus d'argent, mais aussi de développer le projet et rehausser le niveau technologique du produit initial. C'est ce qu'a fait Rodolphe Hasselvander pour le robot Buddy : « Nous avons allongé la durée de la campagne et proposé aux internautes de débloquer de nouvelles caractéristiques pour le robot, en fonction des paliers de financement franchis. Nous avons ainsi ajouté une caméra 3D au robot ce qui n'était pas prévu au projet initial, des capteurs additionnels, etc. »D'autres préfèrent cumuler les avantages de plusieurs plates-formes de crowdfunding pour leur projet. C'est le cas de Bruno Lussato, le fondateur de Wistiki qui a lancé une première campagne sur Indiegogo pour financer son projet de porte-clés connecté.
Une stratégie qu'il a dû adapter par la suite : « Au début du projet, nous avions songé à nous lancer uniquement sur Indiegogo. La plate-forme n'était alors qu'en anglais et les paiements, en dollars. Nous avons rapidement compris que lorsque nous avions des articles en France qui menaient vers cette page en anglais, les gens n'achetaient pas. Pourtant, notre produit connaissait un vrai succès commercial en France. Nous avons alors décidé de lancer en parallèle une campagne sur MyMajorCompany, une page en français et en euros ». Wistiki a pu récolter ainsi 470 000 euros sur les deux plates-formes, dont 210 000 euros sur la plate-forme française, ce qui a fait de Wistiki le projet de start-up le plus fructueux sur MyMajorCompany.
A suivre la semaine prochaine, la troisième partie de nos « secrets d'entrepreneurs » : Comment faire décoller son projet ?