3 solutions pour accepter les paiements par carte bancaire sans se ruiner

Eddye Dibar
Publié le 29 octobre 2014 à 11h05
Particuliers, artisans, vendeurs sur les marchés, maisons d'hôtes... Jusqu'ici, il leur était difficile, voire impossible, de recevoir des paiements par carte bancaire. De nouvelles solutions à brancher sur un smartphone concurrencent, à moindre coût, les terminaux de paiements proposés par les banques. Nous les avons passées au crible.

« Désolé, nous n'acceptons pas la carte bancaire ». Cette réponse fait désormais perdre des ventes aux commerçants. Selon un sondage Ifop, 58% des français ont déjà renoncé à un achat quand ils ne pouvaient pas payer en carte bancaire. Ceux qui ne prennent pas la carte sont désormais jugés archaïques et peu soucieux du service client. Pourtant la réticence de certains professionnels se comprend.

Proposer le paiement par carte finit par coûter cher. Il y a tout d'abord la location du terminal de paiement électronique (TPE). Puis l'abonnement à une ligne téléphonique, dédiée ou reliée à une box ADSL, pour la transmission des données à la banque. Sans oublier la commission fixe sur chaque transaction, ainsi qu'une part variable dépendant du montant de l'achat. Au final, plusieurs dizaines d'euros par mois, même sans aucune transaction.

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Depuis plusieurs mois, des solutions de paiement alternatives arrivent en France avec la ferme intention de réduire la facture. Leur principe ? Connecter un lecteur de carte bancaire à un smartphone ou une tablette, pour les transformer en terminal de paiement mobile. Une application permet alors de réaliser des transactions exactement comme dans une boutique traditionnelle : le client insère sa carte et valide avec son code PIN. Seul impératif, avoir une connexion internet wifi ou 3G/4G.

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De nombreuses solutions de paiement mobile existent. Mais la plupart obligent à créer d'abord un compte spécifique : Paypal, Payname en France ; Apple Pay, Google Wallet, aux Etats-Unis. Celles qui fonctionnent avec des cartes bancaires sont souvent des solutions américaines qui ne lisent que la bande magnétique, inacceptable pour beaucoup de consommateurs habitués à la sécurité du code PIN.

Jusqu'à 40% moins cher qu'une offre monétique de banque

Dans ce dossier, les trois premières offres disponibles en France seront détaillées. D'un point de vue financier, elles sont à la fois plus simples et moins chères que les solutions monétiques des banques. Plus simples, tout d'abord, avec une lecture tarifaire claire : achat du terminal à prix fixe et pourcentage unique prélevé sur toutes les transactions. Tout l'inverse des offres bancaires classiques qui se déclinent en multiples options (montant d'encaissement annuel, type de terminal de paiement électronique, niveau des commissions, etc.), chacune étant en général définie au cas par cas, en négociant avec un conseiller bancaire.

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Ces solutions de paiement alternatives reviennent également moins chères pour les petits commerçants. Jusqu'à 40% selon le type d'opération. En l'absence de frais fixes récurrents, le professionnel ne paie qu'un pourcentage de ce qu'il encaisse. Avoir un compte bancaire professionnel n'est pas non plus nécessaire. Cela permet à des chambres d'hôtes ou des artisans (plombier, taxi, électricien, etc.), d'accepter la carte bancaire, même en situation de mobilité.

Banc d'essai des solutions disponibles dans l'Hexagone. Toutes sont certifiées PCI DSS, le standard de sécurité des données pour les industries de carte de paiement.

SumUp, le sosie de Square

D'un point de vue technologique, SumUp est le concurrent le plus direct du précurseur américain Square. Mais alors que ce dernier ne propose, pour l'instant, qu'un lecteur de carte à bande magnétique (l'essentiel des cartes émises aux Etats-Unis), SumUp a lancé le 28 mai 2014 un lecteur de carte à puce. Son fonctionnement est simple : il suffit de brancher le lecteur sur la prise casque de son mobile pour le transformer en terminal de paiement.

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La mise en route est donc rapide. Le marchand n'a pas besoin fouiller dans les paramètres de son mobile pour connecter son nouvel équipement. Un code d'activation du service, à saisir dans l'application, lui est envoyé en même temps que son lecteur de carte. De son côté, le client insére sa carte bancaire et compose son code confidentiel sur le smartphone ou la tablette du vendeur. Dans cette configuration, pas besoin de se soucier du niveau de batterie de son lecteur, à l'inverse des solutions utilisant un terminal de paiement indépendant. Enfin, à 1,75%, la commission sur chaque transaction reste l'une des plus faibles du marché.

Malgré ces avantages, SumUp souffre encore de la jeunesse de sa solution. D'après les derniers avis utilisateurs, les cartes de type MasterCard ne sont toujours pas acceptées. Pourtant le site indique qu'elles sont bien prises en charge. Contacté, SumUp n'a, à ce jour, toujours pas apporté de précisions sur ce point. La jeune entreprise travaille à améliorer sa solution. Elle a ainsi récemment levé une dizaine de millions d'euros, notamment pour continuer le développement de son offre de paiement par carte à puce.

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Payleven, à raccorder via Bluetooth

La société allemande Payleven est, avec SumUp et iZettle (non disponible en France), l'un des trois leaders européens du paiement mobile par carte. Elle propose aux marchands français un lecteur de carte bancaire à puce, connecté à leur smartphone ou à leur tablette via Bluetooth. L'appairage du lecteur à un mobile ne prend que quelques minutes, à l'image du couplage d'une oreillette. Dès lors, le marchand saisit le montant de la transaction sur son mobile, le client insère sa carte bancaire dans le lecteur, puis saisit son code PIN pour valider le paiement. Fin 2014, Payleven franchira une nouvelle étape et commercialisera un lecteur de carte NFC. Il sera donc possible d'accepter les paiements sans contact.

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Payleven ne se contente pas du paiement puisque l'entreprise l'accompagne d'une gamme de services. Ainsi, le marchand peut créer, au sein de l'application Payleven, un catalogue référençant tous ses produits. Ce catalogue offre deux intérêts. D'une part, au moment de la vente, le marchand peut cliquer sur le bien ou le service concerné pour renseigner automatiquement le montant dans le lecteur, évitant les éventuelles erreurs de saisie. D'autre part, il suit en temps réel l'état de ses stocks. L'analyse de l'évolution des ventes s'effectuant sur un tableau de bord.

Si le commerçant dispose de sa propre application mobile, Payleven met également à disposition des interfaces de programmation permettant d'intégrer l'outil de paiement directement dans son environnement.

Du point de vue de la sécurité, la communication Bluetooth entre le lecteur et le mobile est chiffrée. De plus, Payleven assure qu'aucune donnée sensible n'est enregistrée sur le lecteur de carte, ni dans l'application. Les informations personnelles et financières sont stockées dans ses data centers basés en Allemagne.

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Cette solution souffre toutefois d'une contrainte majeure : le lecteur de carte bancaire étant indépendant, il fonctionne grâce à sa propre batterie. Le marchand doit donc s'assurer que le lecteur est chargé au moment où il en a besoin. Le temps de charge est d'environ 45 minutes, pour une autonomie approximative de 3 jours (ou 120 transactions).

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Solutions technologique équivalentes disponibles en France :

- Payintouch. Le lecteur de carte coûte 99 euros. Le montant de la commission varie en fonction du type de carte utilisée, ce qui noie le marchand dans une myriade de combinaisons possibles. Toutefois, les frais prélevés par Payintouch sont inférieurs à ceux pratiqués par Payleven. A noter, ce fournisseur accepte aussi les paiements par carte American Express.

- Xengo. Le terminal coûte aussi 99 euros. Mais le marchand doit s'acquitter d'un abonnement mensuel de 5 euros auxquels s'ajoute une commission de 2% par transaction. Xengo n'accepte que les cartes Visa, Maestro, V-Pay et MasterCard.

Dilizi, le service français

Pour faire face à une concurrence étrangère agressive, les banques françaises ont aussi lancé leurs solutions de paiement mobile acceptant la carte bancaire. Ainsi, les Banques Populaires et Caisses d'Epargne (Groupe BPCE) proposent, depuis janvier 2014 Dilizi, un service fonctionnant avec un lecteur de carte connecté en Bluetooth au smartphone ou à la tablette.

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Comme leur concurrent allemand Payleven, les deux banques françaises ont également associé plusieurs services à Dilizi : catalogue de produits personnalisable, gestion des encaissements (historique, tri par vendeur), tableau de bord graphique et module de gestion de la relation client. Selon la BPCE, d'autres services seraient en préparation tels qu'un programme de fidélisation ou encore l'acceptation d'autres moyens de paiement numériques comme les porte-monnaie électroniques.

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Adossé au second groupe bancaire français, Dilizi peut rassurer les petits commerçants qui hésitent à utiliser une solution étrangère. D'une part, les données sensibles sont conservées en France. De l'autre, le support technique se fait en langue française. Un atout majeur.

Lancé au début de l'année 2014 sous forme de pilote, Dilizi devait se généraliser à l'ensemble du réseau des deux banques au printemps. Il n'en est toujours rien puisque le service n'est disponible que pour les clients de la Caisse d'Épargne Nord France, Languedoc-Roussillon, Lorraine Champagne-Ardenne, Picardie et Rhône Alpes ; et de la Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté, Lorraine Champagne, Rives de Paris, Ouest, Loire et Lyonnais ainsi que de la Bred. Ceux qui résident dans d'autres régions devront se tourner vers une autre solution.

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Solution équivalente :

- Monem Mobile de la banque LCL : c'est l'autre service proposé par une banque française. Toujours en phase pilote, LCL indiquait en octobre 2014 que le terminal coûterait une centaine d'euros et que le marchand devrait débourser une dizaine d'euros par mois pour pouvoir utiliser l'application. En revanche, la banque ne sait pas encore si elle ponctionnera des frais à chaque paiement, ou si ces derniers seront inclus dans le forfait mensuel. Le lancement du service est prévu début 2015.

Paypal et Square, les deux grands absents

Paypal Here, l'offre de paiement mobile par carte à puce de la filiale d'eBay, n'est à ce jour pas disponible en France, alors qu'elle est commercialisée ailleurs en Europe. Du reste, aucune date d'arrivée dans l'hexagone n'est annoncée pour le petit lecteur Bluetooth.
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Square, quant à lui, fourbit ses armes. L'américain a en effet annoncé qu'il lancera en 2015 un lecteur de carte à puce. Il s'agira dans un premier temps de répondre à la demande de son marché domestique. Rappelons que les Etats-Unis s'apprêtent à migrer vers les cartes bancaires répondant au standard EMV (cartes à puce et validation par code PIN). Square pourra donc, par la même occasion diffuser son lecteur sur le marché européen et plus précisément français.

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Par Eddye Dibar

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