Quand Bolloré menace de fermer Canal+

Thomas Pontiroli
Publié le 24 avril 2016 à 17h43

« À Dieu ne plaise, mais notre activité de fabrication de chaînes ne marche pas et cela pourrait s'arrêter. » Vincent Bolloré, actionnaire majoritaire de Canal+, n'a pas mâché ses mots lors de l'assemblée générale de Vivendi, jeudi 21 avril. La chaîne cryptée devrait perdre plus de 400 millions d'euros en résultat opérationnel cette année, une situation que le président du conseil de surveillance veut redresser, ou il fermera la chaîne.

En février, le groupe reconnaissait pour la première fois un recul du nombre de ses abonnés (218 000 en six mois, soit -3,2 %), alors que le taux de désabonnement s'est hissé de 14,5 % en 2014 à près de 15 % en 2015, soit 850 000 résiliations au total - hors recrutements. Des problèmes que Vivendi imputait à l'époque à l'ancienne direction, mais qu'il doit affronter de face aujourd'hui, avec des concurrents féroces dans la fiction et le sport.

Rivalité avec Netflix

Ce sont ces programmes qui justifient que l'on s'abonne à Canal. Or sur la fiction, le marché est partagé entre un nombre grandissant d'acteurs forts, comme Netflix et Amazon. Ces rivaux ont eu pour conséquence de faire « s'envoler les prix des droits ». Sur le sport, le qatari BeIN Sports lui cause du tort depuis sa création en 2012, avec la diffusion du championnat de football français et la Ligue des Champions, en encore le basket américain.



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Le Cube S « 100 % Internet » lancé en juin 2015 - Crédit : Canal+.


Dans le groupe Canal+, Canal Overseas, Studiocanal, CanalSat et D8 et D17 sont dans le vert, mais pas la chaîne gratuite iTélé, dont la perte passera de 20 à 24 millions d'euros cette année, ni les chaînes payantes de Canal+, endettées à 1 milliard d'euros. Vincent Bolloré est formel : Canal+ « n'obtiendra pas de Vivendi, dont 70 % du capital est détenu par des fonds étrangers, de mettre indéfiniment "la main à la poche" ». Mais il dit investir.

Moins de fêtes à Cannes

Pour regagner des abonnés, Vivendi a déboursé 1,5 milliard d'euros pour diffuser son rival BeIN Sports (contre 50 millions par an à Eurosport par exemple), mais il doit renoncer à l'exclusivité pour des raisons d'antitrust. Autrement dit, il ne sera pas obligatoire de s'abonner à Canal pour profiter de BeIN, qui restera indépendant.


« On parle beaucoup de nos programmes en clair mais nos abonnés ont droit, avec ce qu'ils payent mensuellement (40 euros !), d'avoir accès en priorité à des programmes inédits et intéressants », souligne Vincent Bolloré. Les chantiers : le sport avec BeIN, la création de films et séries avec Studio+, des « choix » assumés et des émissions (investissement dans la société de production Banijay créée par Stéphane Courbit).

Voilà pour les investissements. À côté, la nouvelle organisation mise en place par le dirigeant va devoir veiller aux dépenses « exagérées ». Par exemple, pique le milliardaire, il a été décidé « ne pas dépenser les millions d'euros habituels au Festival de Cannes » et couper « les dépenses de fêtes et chambres avec vue sur mer ».


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