Google semble imposer de nouvelles restrictions auprès de ses chercheurs, et plus particulièrement dans le domaine de l'intelligence artificielle. Selon certains rapports, la société souhaiterait avoir le contrôle sur les sujets sensibles.
La société Google est-elle en train de brider le travail de ses chercheurs ? C'est en tout cas ce que rapporte Reuters. Certains employés estiment ne plus être libres de publier les résultats de leurs travaux si ces derniers vont à l'encontre de la politique de la société.
Des recherches conformistes et positives
Google demande désormais à ses chercheurs de consulter systématiquement des équipes de relations publiques et légales de la société avant de poursuivre leurs travaux portant sur certains sujets sensibles. Parmi ces derniers, Google mentionne notamment les recherches à caractère racial, genré ou politique.
Dans l'une de ses dernières dépêches, Reuters explique avoir récupéré un document interne, lequel explique que « les avancées dans la technologie et l'environnement externe toujours plus complexe conduisent à des situations au sein desquelles les projets en apparence inoffensifs posent des questions d'éthiques, de crédibilité, de réglementation et de légalité ».
Reuters précise que cette nouvelle politique est entrée en vigueur au mois de juin et les équipes chargées de relire les études seraient intervenues de plusieurs manières. Selon certains employés, la société aurait pris soin de véhiculer une image positive sur le contenu.
Des tensions de plus en plus palpables
Tout le monde ne voit pas ce processus d'un très bon œil au sein de la société, à commencer par les chercheurs eux-mêmes. L'une des scientifiques, Margaret Mitchell, rapporte que le comité de relecture commence à interférer avec la nature même des travaux.
Elle explique : « Si nous effectuons des recherches en accord avec notre expertise et que nous ne sommes pas en mesure de publier cela parce que cela n'est pas aligné avec le haut niveau de qualité d'une équipe de relecteurs, alors nous commençons à avoir un sérieux problème de censure. »
Le mois dernier nous rapportions que Google avait licencié Timnit Gebru, une chercheuse spécialisée dans l'intelligence artificielle travaillant précisément avec Margaret Mitchell. Cette dernière avait accusé Google de l'avoir remerciée pour avoir critiqué le modèle de machine learning actuellement mis en place sur les services de la société.
Le domaine de l'intelligence artificielle est particulièrement sensible, notamment en ce qui concerne la reconnaissance faciale. D'ailleurs, les autorités américaines ont commencé à faire passer des lois encadrant son usage.
Dans le cadre de la nouvelle politique interne à Google, parmi les autres sujets considérés comme sensibles, notons l'industrie pétrolière, la Chine, l'Iran, la COVID-19, le domaine de la sécurité domestique, les assurances, la religion, les voitures autonomes, ou encore les télécom et les dispositifs de recommandations personnalisées.
Source : Reuters