Le Dark Web fascine. Certains s'y intéressent pour son côté réputé dangereux, d'autres pour l'anonymat qu'il promet ou encore d'autres pour l'attrait de sites qui ne sont pas disponibles sur l'Internet "classique". Comment y accéder facilement ? On vous explique.
Souvent, Tor est synonyme de Dark Web, bien que les deux soient différents. La réputation sulfureuse du Dark Web a donc déteint sur le réseau, accusé par certains de faciliter les activités illégales. Pourtant, en 2017, l'un des fondateurs du Tor Project, Roger Dingledine, affirmait que seuls 3% des utilisateurs utilisait le réseau pour visiter des sites du Dark Web. En vérité, le site web le plus visité par les utilisateurs de Tor était Facebook.
De même, tous les services "cachés", les sites en .onion, ne sont pas des sites dangereux ou illégaux. De nombreux services, comme des messageries emails sécurisées, ont leur propre site en .onion pour permettre aux utilisateurs de Tor d'accéder à leur site en toute discrétion. Si visiter le Dark Web laisse sous-entendre dans l'imaginaire collectif que l'on va y réaliser des actes répréhensibles, celui-ci contient aussi de nombreux outils utiles pour les journalistes ou les activistes politiques touchés par la censure.
Surface Web, Deep Web, Dark Web, quelles différences ?
Surface web, la partie visible de l’iceberg
Commençons déjà par définir ce qu’est le Surface Web. Le Surface Web est la partie de l'iceberg située au dessus de l’eau. Celle que tout le monde peut voir sur le web. Il est constitué de pages et de documents indexés par les moteurs de recherche. On y trouve des sites publics mais aussi des réseaux sociaux, ou de la presse en ligne.
Pour donner une idée de son importance, au début octobre de cette année, le web indexé contenait au moins 4,83 milliards de pages, selon les estimations du site World Wide Web. Plus d’un milliard 900 millions de sites y existent actuellement, selon internetlivestats.com.
Deep Web, la partie immergée de l’iceberg
Le Deep Web représente les autres 90 % du web. C’est la partie immergée de l’iceberg. Il constitue la majorité des contenus disponibles sur le web. Il est formé par l’ensemble du réseau Internet qui n’est pas référencé par les moteurs de recherche.
Il s’agit souvent d’informations et de données qui ne peuvent être accessibles qu’à un groupe de personnes spécifiques. On y trouve par exemple des bases de données d’entreprises, des forums privés, des services de messagerie ou de banque en ligne.
Dark Web, le Web des abysses
Le Dark Web porte bien son nom. C’est une infime partie du Deep Web. Il est situé tout en bas de celui-ci, dans les profondeurs.
Son côté sombre est souvent mis, à raison, en avant. C’est notamment un repaire de cybercriminels. S’il est coutume de dire qu’il faut cacher un corps sur la deuxième page de Google, pour souligner le fait que la plupart des internautes s’arrêtent à la première page des résultats, l’exécution préalable pourrait avoir lieu, de façon non imagée, grâce au Dark Web. On y trouve des meurtres à armes à feu sur commandes, qui se négocient entre 1 500 et 12 000 dollars selon la cible. Chaque pays a ses spécificités, les exécutions pour la Russie ou la drogue pour la France.
Pour son côté plus lumineux, le Dark Web permet aux organisations ou aux dissidents de lutter contre la surveillance de masse ou la censure. Notons que Wikileaks est né sur le Dark Web. L’organisation a ainsi pu publier des dizaines de milliers de documents confidentiels et divulguer des pratiques pas très morales.
Comment accéder au Dark Web ?
Le Dark Web n'est pas indexé par les moteurs de recherche ordinaires et pour pouvoir y accéder, il est nécessaire d'utiliser des logiciels spécifiques. Il n'est pas juste possible de visiter un site en .onion en utilisant son navigateur ordinaire et sa connexion Internet classique, sans modification supplémentaire. Également, vu que les sites ne sont pas forcément répertoriés, il faut soit connaître l'adresse du site .onion, soit visiter l'un des répertoires de liens. Il y a plusieurs manières d'accéder au Dark Web, mais les plus connues restent le navigateur Tor et certains VPN.
1 - Installation d'un VPN
La technique appelée Tor over VPN ou Onion over VPN consiste à se connecter à un VPN avant d'utiliser le réseau Tor. Attention cependant, elle n'est pas conseillée pour tous les utilisateurs. En cas de mauvaise configuration ou d'utilisation d'un VPN peu fiable, l'anonymat de l'utilisateur peut être compromis et l'utilisation du VPN introduit des risques supplémentaires. Mais dans le cas où le réseau du VPN est plus sûr que son propre réseau, se connecter à un réseau privé virtuel avant d'accéder à Tor peut avoir des avantages. Vous pouvez donc télécharger et vous connecter à l'un des meilleurs VPN du marché avant de lancer Tor si vous pensez qu'il est pertinent de le faire dans votre situation.
D'autres VPN, comme Proton VPN ou NordVPN, proposent une fonctionnalité qui permet de se connecter à Tor en un clic. Ils s'occupent ainsi de rediriger automatiquement votre trafic au sein du réseau Tor. Grâce à cette fonctionnalité, il est possible de visiter des sites en .onion en utilisant son navigateur habituel. Cependant, rappelons que le navigateur Tor a mis en place plusieurs options pour garantir au maximum l'anonymat des utilisateurs, lesquelles ne sont pas présentes sur un navigateur classique. La méthode est donc plus simple d'utilisation, mais l'anonymat est fortement réduit.
2 - Installation du navigateur Tor
Le navigateur Tor peut être téléchargé sur l'appareil de votre choix à partir de Clubic. Il est disponible en 36 langues, afin de le rendre plus accessible. Lorsque le navigateur est lancé, il suffit de cliquer sur le bouton "connect" pour pouvoir naviguer sur le réseau Tor. En cas de problème, le navigateur propose des options et des solutions, comme l'usage de bridges.
S'il est possible d'accéder au réseau Tor sans passer par le navigateur éponyme, celui-ci vient avec plusieurs améliorations pour garantir un peu plus l'anonymat des utilisateurs. Le navigateur étant configuré de la même façon pour tous les utilisateurs, il protège entre autres contre le fingerprinting, en empêchant les sites d'identifier les utilisateurs par rapport aux particularités de leur navigateur (version, plugins installés, etc). Les cookies sont par ailleurs automatiquement effacés à la fin de la session, lorsque le navigateur est fermé.
3 - Découvrez les sites du Dark Web
Il est possible de visiter des sites "ordinaires" en utilisant le navigateur Tor. Mais l'un des avantages de se connecter au réseau Tor est de pouvoir accéder aux sites .onion. Ils ne fonctionnent pas de la même façon que les sites classiques, lesquels ont un nom de domaine facile à entrer et à identifier. Ici, les URL sont des suites de chiffres et de lettres, générées à partir d'une clé publique. Dur alors de retenir de tête les adresses de tous les sites .onion. C'est là où les moteurs de recherche et les annuaires peuvent aider.
Les moteurs de recherche du Dark Web
Par défaut, le moteur de recherche du navigateur Tor est DuckDuckGo, choisi pour son respect de la vie privée des utilisateurs. D'autres moteurs de recherche existent, comme SearX ou Ahmia. Ce dernier permettant de rechercher des sites en .onion. Ce moteur de recherche met sur liste noire les sites hébergeant du contenu inacceptable. Il existe de nombreux moteurs de recherche, certains spécialisés dans les sites en .onion quand d'autres sont plus généralistes. La seule chose à retenir lorsqu'on les utilise est qu'il est important de toujours faire preuve de prudence avant de cliquer sur des liens.
Les annuaires du Dark Web
Comme pour les moteurs de recherche, les annuaires qui répertorient des liens en .onion sont nombreux. Parmi les plus connus, nous pouvons citer Dark.fail (actuellement controversé), Tor.taxi ou encore The Hidden Wiki, bien que ce dernier ne soit généralement plus recommandé dans la communauté à cause du risque de tomber sur des versions et liens frauduleux. Là aussi, il est nécessaire de faire preuve de prudence et de ne pas cliquer sur n'importe quel lien, sous peine de tomber sur des contenus choquants, illégaux ou tout simplement des sites infectés. Il est conseillé de s'en tenir aux sites déjà connus qui possèdent une adresse .onion lorsque l'on explore le Dark Web, ou encore de trouver des listes de liens agrégés par des personnes sûres.
Est-il interdit d'aller sur le Dark Web ?
Il n'est pas interdit d'utiliser un logiciel comme Tor pour aller sur le Dark Web dans la majorité des pays. Cependant, de nombreuses activités illégales ont lieu dans cette partie d'Internet. S'il y a donc plus de risques de tomber sur des activités répréhensibles sur le Dark Web que sur le Surface Web, le fait d'utiliser Tor pour accéder aux versions en .onion de sites de confiance n'est pas interdit.
Que trouve-t-on sur le Dark Web ?
On trouve de tout sur le Dark Web. Si dans l'imaginaire collectif, le terme est synonyme avec des activités illégales comme ce qu'a pu réaliser le site Silk Road, c'est également un endroit qui permet à des activistes et journalistes de s'exprimer en contournant la censure. Même un site comme Facebook possède son adresse en .onion, pour permettre à ses utilisateurs d'y accéder dans les pays où le site a été bloqué.
Qui est le créateur du Dark Web ?
Il n'est pas possible de déterminer qui a créé le Dark Web et quand il l'aurait fait. L'origine de Tor, l'un des logiciels les plus connus pour accéder au Dark Web, est déjà plus claire. Le principe du routage en oignon, sur lequel repose la technologie, a été créé au milieu des années 1990 par des employés de l'United States Naval Research Laboratory, afin de protéger les communications des services de renseignements américains en ligne. Mais pour que l'anonymisation fonctionne, il était nécessaire que le réseau soit ouvert à plus de personnes, sinon il était facile de deviner que chacune des communications provenait de la Navy. La version alpha de ce qui s'appelait encore The Onion Routing project est donc sortie en 2002.
Quelle est la différence entre le Dark Web et le Darknet ?
Le terme "Darknet" désigne des réseaux superposés à Internet, qui utilisent des protocoles particuliers et nécessitent l'utilisation de logiciels précis pour pouvoir y accéder. Les darknets hébergent le Dark Web, qui est l'ensemble des contenus que l'on trouve sur ces réseaux superposés. C'est donc à travers des darknets qu'on accède au Dark Web.
Qui va sur le Darknet ?
Tout comme le Dark Web, les Darknets ont plusieurs utilisations. Le plus connu d'entre eux est Tor, qui permet d'accéder aux sites cachés en .onion. De base, dans les années 70, les Darknets étaient des réseaux isolés d'ARPANET, qui pouvaient recevoir des informations d'ARPANET, mais qui ne répondaient ni aux pings, ni aux autres requêtes. Depuis, le terme a évolué pour désigner aussi bien des réseaux hébergeant des sites du dark web, comme Tor, que des réseaux de pair-à-pair privés et anonymes. Il n'y a donc pas de profil "type" de personne utilisant les Darknets.
