Le Conseil européen vient d'adopter une nouvelle résolution pouvant mettre à mal le caractère fondamental du chiffrement. L'idée est de permettre aux autorités de pouvoir accéder aux contenus sécurisés dans le cadre d'une enquête.
Nous rapportions en début de mois dernier que, suite à la vague des attentats perpétrés sur le sol français et en Autriche, les pays de l'Union européenne se sont empressés de mettre en place des mesures pour faire voter un nouveau texte de loi. Dans un communiqué officiel, l'Union européenne annonce la nature de ce dernier.
Un texte ambigu
Le chiffrement des données aura-t-il encore un sens au sein de l'Union européenne ? En tout cas, les pays membres semblent vouloir mieux le contrôler. Dans une résolution baptisée La sécurité grâce au chiffrement et malgré le chiffrement, la position est pour le moins ambiguë.
Dans un communiqué, Bruxelles explique que si le chiffrement est jugé essentiel pour « protéger les droits fondamentaux », elle reconnaît qu'à l'heure actuelle les autorités ne disposent pas des moyens nécessaires pour aboutir à leurs enquêtes. Le Conseil européen explique que le chiffrement des données rend extrêmement difficile, voire impossible l'accès à certaines preuves.
« Il faut veiller à ce que les autorités répressives et judiciaires compétentes soient en mesure d'exercer leurs pouvoirs légaux, tant en ligne que hors ligne, pour protéger nos sociétés et nos citoyens ».
L'Union européenne a amorcé des discussions avec toutes les parties prenantes pour trouver un accord sur les dispositifs à mettre en place. Cela inclut bien évidemment les entreprises technologiques, mais également le monde de la recherche, les entreprises et la société civile.
Le texte de la résolution du Conseil sur le chiffrement est disponible dans son intégralité.
Quelles mesures concrètes ?
Selon de précédents rapports émanant du média autrichien ORF, les autorités souhaiteraient voir la mise en place de portes dérobées leur permettant d'accéder au contenu des conversations sécurisées.
Sur une messagerie mobile, l'envoi d'un message chiffré est effectué en récupérant sur le serveur la clé publique du destinataire. La clé privée localisée sur le téléphone de ce dernier lui permettra de déchiffrer le message. Ce fonctionnement de type PGP est le même pour les emails sécurisés.
Dans le cas d'un chiffrement de bout en bout, les messages transitent de manière sécurisée sur les serveurs du fournisseur de service. Ce dernier a donc accès aux messages et peut, sur demande officielle, les donner aux autorités dans le cadre d'une enquête. Toutefois le contenu de ces échanges reste chiffré. Pour cette raison, les autorités demandent à ce que les sociétés de service leur fournissent « un double des clés publiques et privées ».
On imagine que dans les prochaines semaines, les éditeurs proposant des solutions chiffrées réagiront à cette annonce et feront part de leurs stratégies à venir. Bien que basé en Suisse et donc non concerné par le sujet, Protonmail a déjà vivement critiqué ce projet.
Source : Europa