Alors que le programme secret de collecte des données américain Prism a été mis au jour début juin, on apprend que le Canada donne aussi dans ce registre. À l'automne 2011, le ministre de la Défense Peter MacKay a signé un décret ministériel dont l'objet était de réactiver un programme de surveillance des télécommunications lancé en 2005 et stoppé en 2008.
Selon le journal canadien Globe and Mail, ce programme avait été lancé dans un contexte de craintes liées aux réseaux terroristes couplées à une explosion des communications téléphoniques. Le système de surveillance canadien, censé traquer les activités suspectes, est directement opéré par le Centre de sécurité des télécommunications du Canada, une antenne du ministère de la Défense.
Une enquête devrait ouvrir
Pourtant en 2008, un juge de la Cour suprême avait manifesté son inquiétude devant la possibilité que ce système ne nuise à la vie privée des citoyens, et avait réussi à obtenir sa suspension pendant plus d'un an. Pour relancer ce programme en 2011, ses responsables ont argué qu'il ne s'agissait aucunement d'écouter les conversations, mais de collecter les informations liées aux télécommunications.
Ces métadonnées « sont utilisées pour isoler et identifier des communications de l'étranger, puisque la loi interdit au CSTC de mener ses activités auprès des citoyens », a expliqué Ryan Foreman, porte-parole du Centre, auprès du quotidien. S'il concède que parfois des données privées sont recueillies contre le gré de l'organisation, il assure que celles-ci sont systématiquement supprimées ou rendues anonymes.
Dans le document obtenu par le journal, le ministre MacKay aurait autorisé d'autres programmes d'espionnage. Ces révélations ont alerté le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, une agence qui dépend du parlement fédéral. Une enquête devrait être ouverte prochainement.