Un citoyen américain, interpellé par les autorités saoudiennes en 2021, a été condamné à 16 ans de prison pour ses posts sur Twitter.
L'homme, âgé de 72 ans et qui dispose de la double nationalité, avait pourtant posté les tweets incriminés depuis la Floride. Cette affaire est une nouvelle preuve que malgré l'image de progrès que le dirigeant Mohammed ben Salmane tente de donner à son pays, son pouvoir reste absolu, et la contestation y est intolérable.
Un citoyen américain emprisonné en Arabie saoudite
Saad Ibrahim Almadi était un habitant de Floride disposant des nationalités américaine et saoudienne. Opposant déclaré au régime de Riyad, qu'il critique notamment sur Twitter, il a cependant pris le risque, en novembre 2021, de se rendre dans la monarchie pour une visite de famille. Immédiatement intercepté à son arrivée, il a été enfermé, puis jugé pour ses tweets, qu'il avait pourtant écrits et postés alors qu'il se trouvait sur le territoire américain. Il devrait désormais passer les 16 prochaines années de sa vie en prison.
Cette affaire est une nouvelle démonstration du contrôle très étroit effectué par les services secrets saoudiens des dissidents du pays sur les réseaux sociaux, quand bien même seraient-ils expatriés. Twitter, qui a notamment été très utilisé par des révolutionnaires de pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient, serait déjà largement infiltré par les agents saoudiens. La condamnation aux États-Unis d'un ancien employé du réseau social pour espionnage au profit de l'Arabie saoudite en est une parfaite illustration.
Un cas loin d'être isolé
Les dissidents saoudiens savent désormais qu'ils doivent se méfier avant de rentrer au pays. En effet, en août dernier, Salma Al-Shebab, universitaire installée au Royaume Uni, a de son côté écopé de 34 années de prison pour des tweets critiques. Ces procès, par ailleurs, sont largement injustes. Les prévenus sont accusés de terrorisme et n'ont pas le droit à une représentation. Tenus dans le secret, ces jugements seront presque impossibles à réviser : la justice saoudienne est contrôlée par un très proche du prince héritier, qui est aussi le dirigeant de fait du pays.
Ce contrôle très étroit des dissidents, dont le fait le plus marquant a été l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans une ambassade en Turquie, a largement décrédibilisé l'image de progrès et d'ouverture que Mohammed ben Salmane tente de donner à son pays. Mis largement au ban des nations, il n'est redevenu fréquentable que grâce à la crise énergétique qui se profile.